Les marchés à privilégier
Londres — Si les États-Unis sont devenus depuis longtemps le déversoir naturel de nos entreprises exportatrices et accaparent aujourd’hui plus de 70 % du total de nos exportations, il est grandement temps de chercher à tirer profit des ententes commerciales qui nous ont ouvert des portes à d’autres marchés, mais que l’on ne franchit encore que de façon très timide.
Il y a deux semaines, dans le cadre du Salon international de l’aéronautique de Farnborough, j’ai rencontré les dirigeants de deux PME du secteur de l’aviation qui ont résolument entrepris de poursuivre leur progression à l’extérieur du seul marché nord-américain.
L’entreprise Shockform, de Boisbriand, fondée en 2006, a développé des outils de réparation dans le secteur du traitement de surface mécanique pour réparer des pièces d’avions. Chaque année, l’entreprise bonifie son carnet de commandes en diversifiant sa clientèle.
« On s’est développés en faisant affaire avec des distributeurs, principalement aux États-Unis, mais on a décidé d’avoir nos propres bureaux à l’étranger, un aux États-Unis et un autre en France, pour couvrir le marché européen », m’explique Brigitte Labelle, PDG et cofondatrice de Shockform.
Il y a quatre ans, Mme Labelle a embauché Charlie Clouet comme responsable du développement international, dans le cadre du programme d’attraction de talents parrainé par Investissement Québec.
« Depuis quatre ans, on enregistre une croissance annuelle de 30 % de nos ventes à l’international qui ont triplé en France pour représenter aujourd’hui 35 % de nos revenus. On est maintenant prêts à y ouvrir un bureau pour être bien présents sur place », m’explique Charlie Clouet.
« Ça fait 16 ans que je suis dans le domaine, et le soutien d’Investissement Québec dans l’accompagnement international est unique. Durant la pandémie, alors que les grands salons étaient fermés, on nous a aidés à reconfigurer notre site web. »
— Charlie Clouet, responsable du développement international chez Shockform
L’entreprise Delastek, de Shawinigan, qui conçoit et fabrique les cabines de pilotage pour les appareils A220 d’Airbus et pour les jets d’affaires Global 7000 et 8000 de Bombardier, a ouvert une usine à Querétaro, au Mexique, en 2017 pour mieux répondre à la demande en croissance.
« On travaille avec Investissement Québec pour percer de nouveaux marchés du côté du Mexique, mais aussi de l’Europe. On pourrait poser un premier pied là-bas », m’explique Andy Lessard, responsable du développement des affaires de l’entreprise de la Mauricie.
Delastek a obtenu le soutien d’Investissement Québec pour s’implanter au Mexique et profite aujourd’hui du réseau de contacts des spécialistes de la société d’État pour pousser plus loin la percée qu’elle souhaite réaliser en Europe.
Marie-Ève Jean, vice-présidente, exportations, chez Investissement Québec International, confirme que les entreprises exportatrices du Québec ont tout intérêt à diversifier leurs marchés et à ne pas se limiter aux seuls États-Unis.
« Il y a le marché canadien que l’on néglige trop. C’est quand même un marché de 80 milliards d’exportations que l’on n’exploite pas assez et l’on a tout intérêt à le faire.
« On a aussi un accord de libre-échange avec le Mexique dont on ne tire pas assez profit et on a aussi l’accord de libre-échange avec l’Europe, où la France et l’Allemagne sont des marchés qui ont un fort potentiel », expose Marie-Ève Jean.