Nouvelle campagne de vaccination

« Il ne faut pas attendre d'être dans une vague pour aller se faire vacciner »

La nouvelle campagne de vaccination entamée lundi dans les CHSLD et les RPA annonce une étape « cruciale » de la pandémie de COVID-19, avant que ne déferle une potentielle huitième vague. Au moment où un nouveau vaccin adapté à Omicron pourrait bientôt arriver au Canada, des experts appellent Québec à « clarifier ses messages » au maximum.

« Ça va prendre une coordination très agile des messages de la Santé publique, ce qu’on n’a pas toujours vu malheureusement par le passé. Les gens devraient quand même aller se faire vacciner avec le vaccin actuel, qui est encore très bon », lance le DAndré Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).

Début août, en recevant sa quatrième dose, le premier ministre François Legault avait indiqué que son gouvernement donnerait bientôt plus de détails sur la suite de la campagne de vaccination. Un point de presse sur le sujet est prévu ce mardi à Québec, en compagnie de François Legault et du ministre de la Santé, Christian Dubé.

Plusieurs facteurs demeurent pour l’instant inconnus : à quoi ressemblera exactement la huitième vague ? Combien de personnes voudront se faire vacciner avant l’automne ? Et surtout, quand arrivera le nouveau « vaccin Omicron » ? Lundi, le Royaume-Uni a annoncé avoir approuvé la nouvelle génération du vaccin contre la COVID-19 de Moderna, ciblant le variant Omicron, une première dans le monde.

« On verra quand on aura ce nouveau vaccin, mais d’ici là, il faut vraiment que le gouvernement insiste sur les vertus et l’efficacité du vaccin actuel. Il demeure efficace », soutient Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM).

« Il y a un travail d’information et de sensibilisation à faire. Et j’espère qu’ils le feront sérieusement, parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend. »

— Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Mme Borgès Da Silva affirme qu’attendre l’arrivée du « vaccin Omicron » représente « un risque » de propager la maladie davantage, dans le contexte. « Il vaut toujours mieux appliquer le principe de précaution en santé publique, donc se préparer au pire, en espérant toujours le meilleur », estime la professeure.

L’enseignante rappelle qu’un nouveau variant, distinct de la famille Omicron, pourrait encore émerger.

La rentrée : un accélérateur ?

Alain Lamarre, professeur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), abonde en ce sens. Il prévoit toutefois que la rentrée scolaire pourrait convaincre de nombreux Québécois de relever leur manche de nouveau.

C’est sûr que ça ne sera pas simple, mais le fait que la rentrée s’en vienne, ça pourrait jouer », explique le spécialiste.

« On sait qu’il faut s’y prendre d’avance pour atteindre la protection maximale, donc prévoir à l’avance. Et globalement, si ça fait cinq mois que vous n’avez pas été vaccinés, il est temps. »

— Alain Lamarre, professeur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique

Il rappelle que ni Ottawa ni Québec n’ont laissé d’indications que l’approbation d’un nouveau vaccin adapté au variant Omicron se ferait cet automne. « Dans ces conditions-là, on doit se dire : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Autrement dit, il ne faut pas attendre d’être dans une vague pour aller se faire vacciner. Une fois rendu là, il est déjà trop tard », ajoute M. Lamarre.

Cela dit, « on peut penser que Santé Canada approuvera bientôt ce nouveau vaccin », croit André Veillette, même s’il appelle lui aussi les Québécois à « ne pas l’attendre nécessairement ». « La question majeure, ça va être de savoir comment il sera disponible, et surtout en combien de doses il arrivera. Il en faudra suffisamment, et il faudra que ça arrive au bon moment », explique-t-il.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on assure être prêts. « Le vaccin bivalent pourrait être rendu disponible pendant la campagne en cours. Ce dernier pourra être distribué rapidement, le cas échéant, explique son porte-parole Robert Maranda. Le Québec suit de près l’évolution de la situation et communique fréquemment avec le gouvernement fédéral à cet effet. Pour le moment, aucune information n’est disponible quant au processus d’approbation. »

Une rencontre du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) est toutefois prévue le 25 août, ajoute-t-il. « Le Québec s’assurera de commander sa part de vaccin bivalent dès que celui-ci sera rendu disponible », conclut M. Maranda.

état des lieux

Les 713 nouveaux cas signalés lundi portent à 1014 la moyenne mobile sur sept jours, un chiffre qui suit une tendance à la baisse depuis quelques semaines. Québec a aussi rapporté une baisse de sept hospitalisations. En ce moment, 1993 patients sont hospitalisés, dont 57 se trouvent aux soins intensifs. La proportion des tests de dépistage par PCR se révélant positifs au coronavirus est actuellement de 8,7 %. Enfin, on a recensé trois décès additionnels associés au virus, pour un total de 16 129. Au chapitre de la vaccination, 3119 doses supplémentaires ont été administrées, dont une majorité sont des quatrièmes doses. Le nombre de travailleurs absents en raison de la COVID-19 est aussi en forte baisse. Lundi, ils n’étaient plus que 3457 à devoir s’isoler.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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