Mort de la petite Mariia

Un an de prison à domicile pour le conducteur

L’automobiliste qui a fauché la petite Mariia en décembre 2022 avant de poursuivre son chemin a été condamné mercredi à 12 mois de prison à domicile. Une « courte » période de détention appropriée, selon le juge, pour cet « homme sans histoire », rempli de remords et sans risque de récidive.

L’affaire avait ému le Québec. Une petite fille de 7 ans, réfugiée de la guerre en Ukraine, tuée aussi bêtement en traversant la rue pour se rendre à l’école. La mort de Mariia Legenkovska avait alors provoqué une remise en question de la place faite à l’automobile près des écoles.

La petite Mariia marchait à l’intersection des rues de Rouen et Parthenais dans l’arrondissement de Ville-Marie (près du pont Jacques-Cartier) ce matin fatidique du 13 décembre 2022. Mais au volant de son imposant VUS Jeep Cherokee 2018, Juan Manuel Becerra Garcia n’a jamais vu la fillette traverser l’intersection.

Le conducteur était alors aveuglé par le soleil. Il a regardé à gauche à l’intersection, mais n’a jamais regardé à sa droite, où se trouvait un autobus de la Société de transport de Montréal. C’est en passant devant l’autobus que la fillette s’est fait faucher par l’accusé. En repartant, il a ressenti un choc sur le capot et a eu l’impression d’avoir senti une bosse sous le pneu arrière. C’est quelques heures plus tard qu’il s’est rendu aux autorités.

Délit de fuite

Il est important de préciser que Juan Manuel Becerra Garcia n’était pas accusé d’avoir tué la petite Mariia. Selon la preuve, il a respecté le Code de la sécurité routière, il n’était pas sous l’effet de l’alcool et ne roulait pas trop vite. En fait, il n’aurait jamais été accusé s’il n’était pas parti sans vérifier ce qui s’était passé à l’intersection.

Juan Manuel Becerra Garcia a plaidé coupable le mois dernier à un chef d’accusation de délit de fuite causant la mort, un crime passible de la prison à vie. La procureure de la Couronne MSylvie Dulude et l’avocat de la défense Me Éric Coulombe ont présenté au juge une suggestion commune de 12 mois de prison à domicile (avec sursis).

Le juge Pierre E. Labelle a entériné cette peine mercredi matin au palais de justice de Montréal. Le magistrat n’a relevé aucun facteur aggravant. Comme facteurs atténuants, il a souligné la reconnaissance de culpabilité de l’accusé, ses remords sincères, le fait qu’il se soit rendu aux autorités et son absence d’antécédents judiciaires. De plus, son risque de récidive est faible, voire non existant.

Le juge a tenu à s’adresser à la mère de la petite Mariia, qui n’était pas dans la salle d’audience. « Rien dans cette décision ne pourra changer quoi que ce soit à cette tragédie. Je vous souhaite que le temps puisse atténuer vos souffrances », a-t-il affirmé.

En mêlée de presse, Juan Manuel Becerra Garcia a présenté ses excuses à la famille dans une brève déclaration en espagnol. « Tout d’abord, je voudrais présenter mes plus sincères excuses à la famille et aussi à tous ceux qui ont été touchés par cet accident », a-t-il déclaré.

Il lui sera interdit de conduire pendant deux ans.

Redevances touristiques

Après les Îles, Percé fait volte-face

Québec — Après les Îles-de-la-Madeleine, une autre municipalité fait volte-face dans l’épineux dossier des redevances touristiques.

La Ville de Percé a choisi de laisser tomber dans sa forme actuelle la redevance qu’elle voulait imposer aux touristes qui dépensent dans ses commerces. Ce revirement met un terme – pour l’instant – à des années de « conflits » qui minaient la municipalité au célèbre rocher.

Percé avait été l’une des premières municipalités au Québec à utiliser de nouveaux pouvoirs accordés en 2017 par le gouvernement afin de permettre aux villes de récolter des redevances. Ces nouveaux pouvoirs devaient en théorie permettre aux villes de renflouer leurs coffres dégarnis.

La municipalité gaspésienne a donc décidé, en septembre 2021, de mettre en place une redevance touristique. La première mouture du règlement invitait les commerçants à percevoir 1 $ chaque fois qu’un visiteur achetait pour plus de 20 $ dans leur commerce.

Mais plusieurs d’entre eux ont refusé de collaborer. Des commerçants ont porté l’affaire devant le tribunal. La Cour supérieure leur a donné raison en juin 2023, déclarant que la redevance mise en place par Percé n’était pas légale.

La mairesse Cathy Poirier avait alors décidé, soutenue par une partie des conseillers, de porter l’affaire en appel.

La mairesse absente

Mais mardi soir à Percé, les conseillers ont voté à la majorité (cinq contre un) pour abandonner l’appel. Fait inusité : la mairesse Poirier, qui était en conflit ouvert avec plusieurs commerçants et souhaitait aller jusqu’au bout avec la redevance, était absente du conseil.

Elle était aussi absente lors de la séance d’avril, lorsque les conseillers ont renversé une autre de ses décisions, soit la fermeture du bureau d’information touristique cet été. La Presse a tenté mercredi de joindre Mme Poirier sur son cellulaire, sans succès.

La décision du conseil d’abandonner le processus d’appel signe ni plus ni moins l’arrêt de mort de la redevance dans sa forme actuelle. Des conseillers ont toutefois noté que la redevance était toujours nécessaire, mais devrait prendre une nouvelle forme.

« Je sais qu’on a besoin d’une redevance. Mais de la façon qu’elle a été créée, sans aucune négociation avec les commerçants… Je veux mettre fin à ça, négocier avec les commerçants qui sont de bonne foi et en venir à une entente », a déclaré le conseiller municipal Michel Rail, au moment de passer au vote mardi soir.

« Je trouve ça vraiment triste comme situation, des mois plus tard, les conflits que ça a créés, les dépenses pour la Ville et les commerçants… indirectement, ce sont tous les citoyens de Percé qui ont payé pour ça », a quant à elle déclaré la conseillère municipale Shanna Roussy, avant de voter en faveur de la résolution pour mettre fin au processus judiciaire.

Volte-face aux Îles

La décision de Percé survient quelques semaines après la volte-face des Îles-de-la-Madeleine. La municipalité a annoncé à la mi-mai que sa nouvelle Passe Archipel, une redevance touristique de 30 $, serait finalement optionnelle.

Les volte-face de Percé et des Îles vont certainement refroidir les municipalités qui désiraient mettre en place une redevance.

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) rappelle que ses membres cherchent à « diversifier les sources de revenus » et à entretenir leurs infrastructures « dans un contexte où les coûts augmentent ».

« La redevance réglementaire, un pouvoir fiscal des municipalités, permet d’atteindre cet objectif. L’Union soutient pleinement les municipalités qui souhaitent utiliser ce pouvoir », ajoute l’UMQ dans un courriel transmis à La Presse.

Un fonctionnaire se défend d’avoir effacé des courriels liés à ArriveCAN

Ottawa — Le fonctionnaire responsable de la technologie au Canada, Minh Doan, s’est défendu mercredi d’avoir effacé des milliers de courriels dans la foulée du fiasco financier entourant ArriveCAN. Il a également soutenu qu’il n’avait pas pris la décision de retenir les services de GC Strategies, la firme de deux associés, qui allait obtenir la part du lion des contrats pour le développement de l’application.

« Je n’ai jamais discuté au téléphone avec GC Strategies », a-t-il affirmé en prenant soin de préciser que d’autres fonctionnaires avaient eu des centaines d’appels avec la firme. « Je n’ai pas participé à des évènements avec GC Strategies et je n’ai pas été invité à ce genre d’évènements », a-t-il ajouté.

Il a ensuite indiqué que c’était Antonio Utano, l’un de ses anciens employés alors qu’il travaillait pour l’Agence des services frontaliers (ASFC), qui avait sélectionné la firme. M. Utano est l’un des deux fonctionnaires suspendus, avec Cameron MacDonald, dans la foulée de ce scandale. Ils ont été impliqués dans les contrats alloués à GC Strategies pour le développement d’ArriveCAN et avaient participé à une soirée de dégustation de whisky organisée par la firme, selon un autre témoin.

Lors de leur témoignage en comité parlementaire en février, ils avaient plutôt rejeté la faute sur M. Doan, qui occupait à l’époque le rôle de vice-président et dirigeant principal de l’information à l’ASFC. Celui-ci a plutôt accusé des membres de son ancienne équipe de travail de lui avoir caché de l’information.

M. Doan témoignait pour la troisième fois depuis l’an dernier au comité des opérations gouvernementales de la Chambre des communes. Après avoir prêté serment, il a répondu aux questions des parlementaires durant environ trois heures, entrecoupées de pauses en raison de ses problèmes cardiaques.

Il a nié avoir effacé intentionnellement des courriels dans le but de cacher des preuves. « C’est faux », a-t-il dit avant de se lancer dans une longue explication sur le fait que des fichiers ont été corrompus lorsqu’il a tenté de les transférer de son vieil ordinateur de travail à un nouvel appareil. Des copies des courriels existeraient toujours sur des serveurs du gouvernement.

Ses explications sur la disparition de ces milliers de courriels n’ont pas convaincu les conservateurs. Pas plus que celles sur des messages textes où il a écrit ne pas pouvoir donner toute l’information en comité pour ne pas nuire à certains ministres.

« C’est d’exprimer mon niveau de frustration après avoir travaillé si fort pendant deux ans et venir ici et d’être questionné […] et [se faire] dire que c’est une application inutile », a-t-il répondu sans donner de noms.

Insatisfait après avoir tenté de le talonner, le député conservateur Garnett Genuis s’est impatienté et a déposé une motion qui aurait pu contraindre le témoin à s’expliquer lui aussi à la barre de la Chambre des communes. Cette rare procédure a été utilisée en avril pour la première fois depuis 1913 afin de forcer Kristian Firth, l’un des associés de GC Strategies, à donner des informations qu’il avait jusque-là cachées aux élus. La motion a été défaite par les élus libéraux, bloquiste et néo-démocrate au comité.

Le développement de l’application ArriveCAN durant la pandémie a donné lieu à de nombreux dépassements de coût. La facture a fini par atteindre près de 60 millions, selon la vérificatrice générale. Sa version initiale avait un budget total de 80 000 $.

Immigration temporaire

Une rencontre Legault-Trudeau lundi à Québec

Les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau se rencontreront lundi à Québec sur le dossier de l’immigration. M. Legault s’est montré insatisfait jusqu’ici de l’état des discussions avec Ottawa, alors qu’il réclame une baisse « significative » du nombre d’immigrants temporaires. Il déplorait récemment qu’il y ait peu d’avancées au sujet d’une meilleure répartition des demandeurs d’asile à travers le pays. Le Québec compte 560 000 immigrants temporaires et cela crée une forte pression sur les services publics, selon François Legault. « J’ai besoin de l’appui des Québécois pour convaincre le gouvernement fédéral d’agir rapidement. […] Cet enjeu doit devenir une urgence pour les Québécois », car « l’heure est grave pour notre nation », disait-il lors du conseil général de la Coalition avenir Québec le 25 mai.

— Tommy Chouinard, La Presse

Polynésie française

Guy Laliberté mis à l’amende pour détention de cannabis

Le richissime fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a été condamné mardi à Papeete à une amende de près de 25 000 $ pour détention et usage de cannabis sur son atoll privé des Tuamotu en Polynésie française. Interrogé mardi par les magistrats à l’audience, Guy Laliberté a expliqué qu’il souffrait de douleurs chroniques, qu’il soulageait grâce au THC, principe actif du cannabis. En 2019, l’un des employés de Nukutepipi, où Guy Laliberté a fait bâtir des bungalows de luxe, avait été interpellé à Tahiti en possession de cannabis, destiné à d’autres employés de cet atoll isolé. Sur le téléphone de cet employé, les gendarmes avaient découvert les photos d’un conteneur abritant 48 plants de cannabis. Ce conteneur permettait des cultures de tous types et avait pour vocation, selon l’un des employés, d’assurer « l’autonomie alimentaire » de l’atoll.

— Agence France-Presse

Montréal

Après cinq incendies, un immeuble municipal sera démoli

Un ensemble immobilier en ruine appartenant à la Ville de Montréal devrait bientôt être démoli et remplacé par du logement social, au centre-ville, après cinq incendies importants en cinq ans. Les embrasements à répétition du 1300-1330, rue Saint-Antoine Ouest inquiétaient les voisins, qui appelaient l’hôtel de ville à prendre ses responsabilités. Mercredi, le comité exécutif de la Ville de Montréal a approuvé l’octroi d’un contrat de démolition à une entreprise spécialisée. Facture prévue : un peu plus de 800 000 $. « L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) a été retenu […] pour le financement d’un projet de logements sociaux sur le site à court terme », précisent les documents d’information de la Ville de Montréal. « Un retard dans l’octroi du contrat » pourrait compromettre ce projet, ont averti les fonctionnaires. Environ 150 logements familiaux seraient construits sur place, selon un communiqué du gouvernement du Québec datant d’avril dernier.

— Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Examen pour le titre d’infirmière praticienne spécialisée

Taux de réussite historique de 100 %

Toutes les candidates au titre d’infirmière praticienne spécialisée (IPS) ont réussi l’examen de spécialité de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) tenu en mai. Il s’agit d’un taux de réussite inégalé. L’ensemble des 161 candidats ont réussi l’examen et ont obtenu leur certificat de spécialiste dans l’une des cinq classes de spécialité. Il y a désormais 1685 IPS en droit d’exercer au Québec. Les IPS peuvent exercer auprès de différentes clientèles, diagnostiquer des maladies, déterminer des traitements médicaux ou encore effectuer le suivi de grossesses. Ce taux de réussite contraste avec la controverse du taux de réussite anormalement faible à l’examen d’admission à la profession d’infirmière à l’automne 2022, où seulement 51 % des candidates avaient obtenu la note de passage à l’examen de l’ordre. En mars 2023, le taux de réussite s’était établi à 53 %. Convenant que certains éléments de l’examen devaient être améliorés, l’OIIQ avait annoncé qu’il le remplacerait dès 2024 par l’examen NCLEX-RN, déjà utilisé dans les autres provinces canadiennes et aux États-Unis.

— Alice Girard-Bossé, La Presse

Drainville accusé de faire des « petites attaques personnelles »

Bernard Drainville est accusé de lancer des « petites attaques personnelles » pour faire « diversion » en attaquant Gabriel Nadeau-Dubois sur le fait qu’il a fréquenté une école secondaire privée, lorsqu’il était enfant, dans le contexte où Québec solidaire (QS) prône de retirer les subventions au réseau privé au profit des établissements scolaires publics. À la période des questions, mercredi, le chef parlementaire de QS a demandé au premier ministre Legault si le gouvernement était prêt à mettre fin à la sélection des élèves dans les programmes pédagogiques particuliers offerts dans les écoles publiques. « Petit commentaire sur les écoles privées. Le chef de QS qui est allé à l’école privée, a-t-il un commentaire à faire là-dessus ? », a dit un peu plus tard en chambre M. Drainville, revenant sur un échange précédent. Gabriel Nadeau-Dubois a qualifié les propos du ministre de « petits », lui qui était rouge de colère quelques minutes plus tôt au Salon bleu.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Étudiants autochtones et français

Québec ne prévoit pas de nouveaux allègements

Le gouvernement Legault appelle les cégeps anglophones à « se réconcilier avec le réel » lorsqu’ils affirment que la loi sur la protection du français nuit à la réussite des étudiants autochtones. Québec n’accordera pas de nouveaux allègements aux Premières Nations. Le plaidoyer des collèges anglophones – qui se sont portés à la défense des étudiants autochtones – n’a pas convaincu le gouvernement Legault d’offrir d’autres allègements réglementaires à la loi sur le français (loi 96). « Les directions générales des cégeps anglophones qui prétendent qu’on place les Premières Nations et Inuit en situation d’échec ne comprennent pas la situation ou font semblant de ne pas comprendre la situation », a déclaré le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge. Pour sa part, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, s’est dite prête à « accompagner davantage » les étudiants autochtones qui étudient en anglais, mais estime que les exceptions en place sont suffisantes.

— Fanny Lévesque, La Presse

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