Camelot métro Mont-Royal et Jean Coutu Mont-Royal/Berri

Zoom sur Jean-Jeanette Devost

L’enfance de Jean-Jeannette a été traumatisante, habitée par la violence. Iel est le quatrième de sept enfants et, à l’époque, le seul garçon. « J’étais tout le temps avec le père, qui était cultivateur de pommes de terre. » Quand il travaillait avec lui et faisait une erreur, il était réprimandé par des coups, comme ses sœurs.

Une maladie rénale chronique a aussi marqué son enfance, puis sa vie au complet. Elle lui a occasionné des retards. « À l’école¸ j’étais toujours plus âgé que les autres. J’avais de la difficulté à apprendre, j’étais gêné. J’ai jamais eu confiance, c’était bloqué en dedans. »

Au début de sa vie d’adulte, iel se met beaucoup à voyager. « J’ai été partout au Canada. C’était comme une drogue, une façon de fuir la réalité. Toute ma vingtaine, j’étais dans le doute sur moi-même et sur les autres. Je suis tombé dans le sexe, j’ai attrapé le VIH. Je suis parti, mais pas complètement. C’est comme si je m’entêtais à ne pas leur dire [à sa famille] une vérité. Quelle vérité ? J’sais pas ! Cet été, j’ai été voir ma mère. Elle me disait quoi faire. Ils sont fâchés parce que je n’ai pas pris la relève de mon père. »

Il y a 30 ans, Jean-Jeannette s’est établi à Montréal. « Pour me faire soigner, il fallait que je trouve une grande ville. » Jean-Jeanette travaillait un peu dans des organismes communautaires, avant d’arriver à L’Itinéraire.

Puis iel a commencé à vendre le magazine. Ça marchait bien, et iel s’étonnait de la bienveillance de certains de ses clients.

« Je me sentais considéré comme je suis. J’ai de la misère à comprendre l’amour inconditionnel. Les reproches, c’est facile, je comprends pourquoi. L’amour inconditionnel, ça m’aide, je l’ai pas appris de mon père. »

— Jean-Jeanette Devost

Actuellement, Jean-Jeannette travaille sur sa confiance. « Ça s’améliore un peu. Ç’a pris 50 ans, avec de petits exercices comme tourner la roue de la gentillesse. Je suis capable d’être gentil, en commençant par moi-même, puis avec les autres. J’attends juste ça des autres, la gentillesse. »

Iel apprend à contrer les idées préconçues. « C’est comme un automatisme, mon ego négatif me nuit énormément. Là, je sais ce que je veux, je veux apprendre à dire non. »

Malgré certains regards, Jean-Jeannette continue courageusement à affirmer ses différences. Iel trouve qu’avec le temps, la société évolue. « Il y a des changements positifs, plus pour ceux qui sont homosexuels, mais pour les transgenres, ça n’a pas changé beaucoup. »

Son espoir est de rencontrer la gentillesse : « Je voudrais trouver quelqu’un qui me ressemble un peu, un semblant d’amour, gentil. » C’est important pour Jean-Jeannette d’exprimer ici sa gratitude : « Merci du fond du cœur à tous mes clients, qui m’ont aidé et qui continuent à m’aider. »

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