Le Portefeuille fictif 2021 de La Presse

Une sortie de crise payante en Bourse

Après un début d’année prospère en Bourse, au Canada en particulier, que réserve la suite des anticipations de reprise pour les investisseurs ? Tour d’horizon avec les experts du Portefeuille fictif de La Presse et analyse de leur performance au premier trimestre. Un dossier préparé par Martin Vallières

Le Portefeuille fictif 2021 de La Presse

Le rattrapage du Canada

Chaque trimestre, La Presse demande à quatre experts d’analyser la conjoncture pour faire fructifier un portefeuille fictif d’un capital initial de 100 000 $. Dans ce deuxième rendez-vous de 2021, ces experts reviennent brièvement sur le premier trimestre en ce qui concerne les marchés d’investissement. Ils décrivent leurs perspectives pour la suite et révisent leur répartition d’actifs. Ils doivent le faire dans la logique d’un portefeuille équilibré de référence, c’est-à-dire établi à 60 % en actions et à 40 % en obligations et encaisse, avec des écarts de répartition limités à 10 % en plus ou en moins.

Quel constat faites-vous du premier trimestre 2021 ?

Candice Bangsund, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« Les marchés boursiers mondiaux ont continué de prospérer, alors que les signaux persistants d’une forte reprise économique d’après-pandémie ont incité les investisseurs à rehausser leurs attentes de croissance des bénéfices des entreprises. Aussi, la bonification des mesures de relance monétaires et budgétaires de la part des gouvernements a ajouté à l’appétit des investisseurs pour les actifs plus risqués. Le marché boursier canadien a bénéficié de cette conjoncture de solides perspectives de croissance économique mondiale, de remontée des prix des matières premières, ainsi que d’un retour des anticipations d’inflation et de hausses de taux d’intérêt. En fait, la surperformance des secteurs influents en Bourse canadienne comme l’énergie et les services financiers a propulsé l’indice S&P/TSX vers de nouveaux sommets, assurant ainsi sa position de marché boursier le plus performant jusqu’à maintenant en 2021. En contrepartie, les marchés des titres obligataires ont connu leur pire déclin de valeur trimestriel depuis cinq ans, alors que le regain d’optimisme économique a fait sursauter les rendements obligataires à leurs sommets d’avant la pandémie. »

Michel Doucet, vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Les principaux marchés boursiers du monde ont continué de bien faire durant le premier trimestre, comme on pouvait s’y attendre, avec l’accélération de la reprise économique en conséquence des progrès de la vaccination contre la COVID-19. La Bourse canadienne a été particulièrement forte, propulsée notamment par le regain d’intérêt des investisseurs envers les secteurs considérés comme de “valeur” en Bourse, comme les services financiers, l’énergie et les matières premières, qui sont très présents dans l’indice S&P/TSX. Toutefois, pour les investisseurs canadiens, une bonne partie de cette surperformance de la Bourse canadienne au premier trimestre par rapport aux autres marchés découle de l’appréciation du dollar canadien aux environs des 80 cents US. En fait, cette appréciation du huard est survenue plus rapidement que d’habitude en début de cycle de croissance économique. De même, le marché obligataire a été bousculé par un pressentiment – prématuré à mon avis – d’une remontée des taux d’intérêt en conséquence de pressions inflationnistes signalées dans certains secteurs de l’économie nord-américaine. »

Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

« La bonne performance des marchés boursiers s’est poursuivie au premier trimestre, les investisseurs étant encouragés par les perspectives d’une reprise forte et durable avec l’accélération de la vaccination dans les principales économies du monde, ainsi que la mise en place aux États-Unis du plan de relance économique de l’administration Biden. Aussi, avec une surperformance de 8 % au premier trimestre, la Bourse canadienne a profité du regain d’intérêt envers ses principaux secteurs cycliques – services financiers et bancaires, matières premières, énergie – pour rattraper son “écart de performance” à l’égard de la Bourse américaine. Cela dit, avec ma portion du portefeuille fictif, le trimestre s’est déroulé en dents de scie. En première moitié de trimestre, mon scénario relativement optimiste pour la reprise économique et les marchés boursiers s’est avéré avantageux. Mais je me suis fait jouer un tour en seconde moitié de trimestre avec ma surpondération en actions des marchés émergents [à 12 %, sept points de plus que dans le portefeuille équilibré de référence]. En fait, ces marchés émergents dont les coûts financiers et les revenus d’affaires à l’étranger sont très influencés par leur taux de change avec le dollar américain ont subi les contrecoups du sursaut des taux obligataires aux États-Unis, qui a suscité un soudain regain de valeur du dollar américain sur les marchés monétaires. »

Hugo Ste-Marie, directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« Les principaux marchés d’actions ont bien fait durant le premier trimestre 2021 alors que l’appétit de risque des investisseurs a été soutenu par deux facteurs principaux. D’une part, même encore très variable entre les pays, l’accélération de la vaccination contre la COVID-19 durant le premier trimestre est considérée comme de bon augure pour le redressement de l’économie mondiale après la crise de la pandémie. D’autre part, aux États-Unis, l’adoption du plan de relance de 2000 milliards US mis de l’avant par l’administration Biden, soit l’équivalent de 10 % du PIB de l’économie américaine, a rehaussé les perspectives d’une reprise économique forte et d’un redressement rapide des résultats d’entreprises. En contrepartie, les valeurs sur les marchés obligataires ont souffert d’un sursaut de méfiance des investisseurs envers les signes d’inflation dans certains secteurs de l’économie les plus perturbés par des pénuries d’approvisionnement durant la pandémie. Cette méfiance a engendré un sursaut des taux d’intérêt obligataires aux États-Unis qui, même un peu hâtif, pourrait se confirmer aux environs de 50 points de base (+ 0,5 %) d’ici la fin de l’année, avec la force de la reprise de l’économie. »

Quelles perspectives pour la suite ?

Candice Bangsund, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« Les perspectives économiques se sont considérablement améliorées au début de 2021, ce qui a créé une toile de fond lucrative pour les investisseurs en Bourse. La montée en puissance des campagnes de vaccination a rapproché le moment d’un retour à une certaine “normalité” et d’une forte revitalisation des activités économiques. Les plans de dépenses gouvernementales massives, aux États-Unis surtout, ont ajouté au discours constructif vers une reprise forte en 2021. À l’échelle mondiale, les trajectoires de la reprise ont quelque peu divergé parmi les principales économies selon le progrès de leur vaccination : les fortes avancées aux États-Unis et au Royaume-Uni étant en contradiction avec la vaccination plus lente au Canada et dans l’Union européenne. Néanmoins, alors que ces pays accélèrent leurs vaccinations, l’inégalité de la reprise économique commencera à diminuer à l’été, laissant la place à une expansion mondiale plus forte et plus synchronisée dans la deuxième moitié de 2021. »

Michel Doucet, vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Les perspectives de croissance économique continuent de se renforcer en Amérique du Nord, au fil des progrès de la vaccination et de l’atténuation des restrictions sanitaires. À preuve, la récente apparition de pressions inflationnistes dans les indicateurs économiques suggère que l’offre de biens et services dans certains secteurs-clés peine à répondre à la croissance de la demande. Dans ce contexte, je maintiens mon scénario de croissance économique en Amérique du Nord, de l’ordre de 5 ou 6 % en taux annualisé, et qui pourrait s’avérer d’une ampleur inégalée depuis les “folles années 1920”. D’un point de vue d’investisseur, un tel contexte devrait continuer de favoriser la valorisation des secteurs importants de la Bourse canadienne qui sont plus sensibles aux cycles économiques, comme les matières premières, l’énergie et les services financiers. Aussi, le déploiement du programme de l’administration Biden pour des investissements massifs dans les infrastructures de services publics aux États-Unis laisse présager un impact significatif sur la croissance de l’économie nord-américaine. »

Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

« Avec la force de la reprise économique, je m’attends à un peu plus d’inflation au cours des prochains mois dans l’économie nord-américaine. Et donc à des taux d’intérêt en hausse par rapport à la moyenne des 12 derniers mois aux États-Unis. Cela dit, la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine [Fed] demeurera très accommodante pour un certain temps [bas taux d’intérêt]. Aussi, on a vu dans le passé que les premières remontées de taux en début de cycle économique ne sont habituellement pas une barrière à la continuité des gains de valeur en Bourse. Dans ce contexte, je demeure convaincu que les marchés boursiers recèlent beaucoup plus de potentiel de rendement que les marchés obligataires au cours des prochains mois. Néanmoins, des prochains chiffres de l’inflation aux États-Unis qui seraient nettement supérieurs aux attentes pourraient certainement créer de la turbulence sur les marchés d’investissement. »

Hugo Ste-Marie, directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« En comparaison d’il y a un an, alors que l’économie mondiale était pratiquement fermée face à la pandémie, les prochains chiffres de croissance du PIB des principales économies du monde s’annoncent en très forte accélération, sinon carrément spectaculaires. En conséquence, le redressement des profits des entreprises – de l’ordre de 35 % à 40 % en Amérique du Nord – devrait répondre aux attentes des investisseurs, ce qui laisse présager une continuité du marché haussier en Bourse au cours des prochains mois. En contrepartie, le marché des titres obligataires devrait continuer de subir des pressions baissières [sur les prix des transactions] au fur et à mesure que se redresseront les taux d’intérêt. »

Où en est votre répartition d’actifs ?

Candice Bangsund, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« La perspective d’une période prolongée de forte croissance économique, combinée à l’abondance des mesures gouvernementales pour la relance, ouvre la voie à de nouveaux gains sur les marchés boursiers. Je continue de préconiser une forte surpondération en actions canadiennes dans un contexte de croissance économique plus forte, de hausse des prix des matières premières, de relance des attentes d’inflation et de remontée des taux d’intérêt. Ce contexte est particulièrement favorable aux secteurs plus cycliques comme les services financiers, les matières premières et les entreprises industrielles. Ces secteurs étant largement représentés dans l’indice S&P/TSX, je m’attends à une surperformance haussière du marché boursier canadien durant toute l’année 2021. Aussi, du point de vue des multiples d’évaluation boursière, l’indice S&P/TSX a rarement été aussi meilleur marché que l’indice S&P 500 de la Bourse américaine. Ça représente une occasion intéressante pour les actions canadiennes de surclasser leurs homologues américaines au fur et à mesure que cet écart de valorisation se réduira au fil des mois. »

Michel Doucet, vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Je maintiens mon scénario de croissance économique forte en Amérique du Nord au cours des prochains trimestres, qui pourrait approcher les 5 % ou 6 % en taux annualisé. Par conséquent, je m’attends à un contexte encore favorable à l’appréciation des actions en Bourse, mais défavorable aux marchés obligataires en raison de la possibilité accrue d’une remontée des taux d’intérêt. Au deuxième trimestre, je réduis ma répartition d’actifs en obligations de 10 points de pourcentage (de 30 % à 20 %) pour l’augmenter d’autant en encaisse [de 0 % à 10 %]. Ma répartition en actions demeure inchangée à 70 %, mais j’ajuste toutes les répartitions entre les principaux marchés boursiers. Je retranche 10 points de pourcentage à ma répartition en actions américaines [de 35 % à 25 %] pour les ajouter à la répartition en actions canadiennes [de 14 % à 25 %]. Je m’attends encore à une bonne performance de la Bourse américaine. Mais dans un portefeuille en dollars canadiens, cette performance pourrait être atténuée si le huard devait se renforcer au-dessus des 80 cents US. Quant aux marchés boursiers d’outre-mer, je retranche deux points de pourcentage à la répartition dans les marchés émergents, qui demeurent surpondérés à 10 % par rapport au portefeuille équilibré de référence, pour les redistribuer vers la Bourse canadienne et les marchés EAEO [Europe, Asie-Extrême-Orient, de 9 % à 10 %]. »

Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

« Je considère que les perspectives économiques, monétaires et fiscales demeurent favorables aux actifs risqués sur les marchés d’investissement. Par conséquent, pour le deuxième trimestre, je rehausse légèrement ma surpondération en actions [de 67 % à 69 %] par rapport au portefeuille équilibré de référence [à 60 %]. Et j’accentue d’autant ma sous-pondération en obligations [de 30 % à 28 %] par rapport au portefeuille de référence [à 35 %]. Parmi les catégories d’actions, j’apporte un seul ajustement mineur en rehaussant de deux points ma répartition en actions canadiennes [de 19 % à 21 %], qui passe donc en légère surpondération par rapport au portefeuille de référence [à 20 %]. Je fais ce changement afin d’optimiser mon allocation d’actifs dans les secteurs cycliques qui sont très présents en Bourse canadienne. Ce positionnement vise à profiter du fort rebond de croissance qui s’amorce en Amérique du Nord et dans l’économie mondiale. »

Hugo Ste-Marie, directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« Les perspectives économiques s’annoncent très favorables au soutien et à la progression des valeurs en Bourse, mais de plus en plus défavorables au rendement dans les marchés obligataires. Par conséquent, je laisse inchangée ma répartition entre les trois principales catégories d’actifs : les actions à 70 %, les obligations à 30 %, et l’encaisse à 0 % parce que les liquidités sont devenues inutilement coûteuses en perte de pouvoir d’achat dans une économie en redressement accéléré. C’est dans la catégorie des actifs en actions que je fais deux ajustements. Je retranche deux points à la répartition en actions internationales outre-mer [EAEO, de 18 % à 16 %] pour les ajouter à la répartition en actions canadiennes [de 24 % à 26 %]. Après un premier trimestre fort, je considère que la Bourse canadienne maintient un avantage de rendement à moyen terme en raison des résultats haussiers qui s’annoncent dans les entreprises de ses trois secteurs les plus influents : les services financiers, les matières premières et l’énergie. Aussi, la Bourse canadienne affiche un multiple de valeur – aux environs de 16 fois le bénéfice par action – qui demeure inférieur à celui de la Bourse américaine [environ 22 fois le BPA], et donc à meilleur potentiel de rattrapage haussier. »

Le Portefeuille fictif 2021 de La Presse

Le rattrapage du Canada

Chaque trimestre, La Presse demande à quatre experts d’analyser la conjoncture pour faire fructifier un portefeuille fictif d’un capital initial de 100 000 $. Dans ce deuxième rendez-vous de 2021, ces experts reviennent brièvement sur le premier trimestre en ce qui concerne les marchés d’investissement. Ils décrivent leurs perspectives pour la suite et révisent leur répartition d’actifs. Ils doivent le faire dans la logique d’un portefeuille équilibré de référence, c’est-à-dire établi à 60 % en actions et à 40 % en obligations et encaisse, avec des écarts de répartition limités à 10 % en plus ou en moins.

Quel constat faites-vous du premier trimestre 2021 ?

Candice Bangsund vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« Les marchés boursiers mondiaux ont continué de prospérer, alors que les signaux persistants d’une forte reprise économique d’après-pandémie ont incité les investisseurs à rehausser leurs attentes de croissance des bénéfices des entreprises. Aussi, la bonification des mesures de relance monétaires et budgétaires de la part des gouvernements a ajouté à l’appétit des investisseurs pour les actifs plus risqués. Le marché boursier canadien a bénéficié de cette conjoncture de solides perspectives de croissance économique mondiale, de remontée des prix des matières premières, ainsi que d’un retour des anticipations d’inflation et de hausses de taux d’intérêt. En fait, la surperformance des secteurs influents en Bourse canadienne comme l’énergie et les services financiers a propulsé l’indice S&P/TSX vers de nouveaux sommets, assurant ainsi sa position de marché boursier le plus performant jusqu’à maintenant en 2021. En contrepartie, les marchés des titres obligataires ont connu leur pire déclin de valeur trimestriel depuis cinq ans, alors que le regain d’optimisme économique a fait sursauter les rendements obligataires à leurs sommets d’avant la pandémie. »

Michel Doucet vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Les principaux marchés boursiers du monde ont continué de bien faire durant le premier trimestre, comme on pouvait s’y attendre, avec l’accélération de la reprise économique en conséquence des progrès de la vaccination contre la COVID-19. La Bourse canadienne a été particulièrement forte, propulsée notamment par le regain d’intérêt des investisseurs envers les secteurs considérés comme de “valeur” en Bourse, comme les services financiers, l’énergie et les matières premières, qui sont très présents dans l’indice S&P/TSX. Toutefois, pour les investisseurs canadiens, une bonne partie de cette surperformance de la Bourse canadienne au premier trimestre par rapport aux autres marchés découle de l’appréciation du dollar canadien aux environs des 80 cents US. En fait, cette appréciation du huard est survenue plus rapidement que d’habitude en début de cycle de croissance économique. De même, le marché obligataire a été bousculé par un pressentiment – prématuré à mon avis – d’une remontée des taux d’intérêt en conséquence de pressions inflationnistes signalées dans certains secteurs de l’économie nord-américaine. »

Martin Lefebvre chef des placements et stratège, Banque Nationale

« La bonne performance des marchés boursiers s’est poursuivie au premier trimestre, les investisseurs étant encouragés par les perspectives d’une reprise forte et durable avec l’accélération de la vaccination dans les principales économies du monde, ainsi que la mise en place aux États-Unis du plan de relance économique de l’administration Biden. Aussi, avec une surperformance de 8 % au premier trimestre, la Bourse canadienne a profité du regain d’intérêt envers ses principaux secteurs cycliques – services financiers et bancaires, matières premières, énergie – pour rattraper son “écart de performance” à l’égard de la Bourse américaine. Cela dit, avec ma portion du portefeuille fictif, le trimestre s’est déroulé en dents de scie. En première moitié de trimestre, mon scénario relativement optimiste pour la reprise économique et les marchés boursiers s’est avéré avantageux. Mais je me suis fait jouer un tour en seconde moitié de trimestre avec ma surpondération en actions des marchés émergents [à 12 %, sept points de plus que dans le portefeuille équilibré de référence]. En fait, ces marchés émergents dont les coûts financiers et les revenus d’affaires à l’étranger sont très influencés par leur taux de change avec le dollar américain ont subi les contrecoups du sursaut des taux obligataires aux États-Unis, qui a suscité un soudain regain de valeur du dollar américain sur les marchés monétaires. »

Hugo Ste-Marie directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« Les principaux marchés d’actions ont bien fait durant le premier trimestre 2021 alors que l’appétit de risque des investisseurs a été soutenu par deux facteurs principaux. D’une part, même encore très variable entre les pays, l’accélération de la vaccination contre la COVID-19 durant le premier trimestre est considérée comme de bon augure pour le redressement de l’économie mondiale après la crise de la pandémie. D’autre part, aux États-Unis, l’adoption du plan de relance de 2000 milliards US mis de l’avant par l’administration Biden, soit l’équivalent de 10 % du PIB de l’économie américaine, a rehaussé les perspectives d’une reprise économique forte et d’un redressement rapide des résultats d’entreprises. En contrepartie, les valeurs sur les marchés obligataires ont souffert d’un sursaut de méfiance des investisseurs envers les signes d’inflation dans certains des secteurs de l’économie les plus perturbés par des pénuries d’approvisionnement durant la pandémie. Cette méfiance a engendré un sursaut des taux d’intérêt obligataires aux États-Unis qui, même un peu hâtif, pourrait se confirmer aux environs de 50 points de base (+ 0,5 %) d’ici la fin de l’année, avec la force de la reprise de l’économie. »

Quelles perspectives pour la suite ?

Candice Bangsund vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« Les perspectives économiques se sont considérablement améliorées au début de 2021, ce qui a créé une toile de fond lucrative pour les investisseurs en Bourse. La montée en puissance des campagnes de vaccination a rapproché le moment d’un retour à une certaine “normalité” et d’une forte revitalisation des activités économiques. Les plans de dépenses gouvernementales massives, aux États-Unis surtout, ont ajouté au discours constructif vers une reprise forte en 2021. À l’échelle mondiale, les trajectoires de la reprise ont quelque peu divergé parmi les principales économies selon les progrès de leur vaccination : les fortes avancées aux États-Unis et au Royaume-Uni étant en contradiction avec la vaccination plus lente au Canada et dans l’Union européenne. Néanmoins, alors que ces pays accélèrent leurs vaccinations, l’inégalité de la reprise économique commencera à diminuer à l’été, laissant la place à une expansion mondiale plus forte et plus synchronisée dans la deuxième moitié de 2021. »

Michel Doucet vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Les perspectives de croissance économique continuent de se renforcer en Amérique du Nord, au fil des progrès de la vaccination et de l’atténuation des restrictions sanitaires. À preuve, la récente apparition de pressions inflationnistes dans les indicateurs économiques suggère que l’offre de biens et services dans certains secteurs clés peine à répondre à la croissance de la demande. Dans ce contexte, je maintiens mon scénario de croissance économique en Amérique du Nord, de l’ordre de 5 ou 6 % en taux annualisé, et qui pourrait s’avérer d’une ampleur inégalée depuis les “folles années 1920”. D’un point de vue d’investisseur, un tel contexte devrait continuer de favoriser la valorisation des secteurs importants de la Bourse canadienne qui sont plus sensibles aux cycles économiques, comme les matières premières, l’énergie et les services financiers. Aussi, le déploiement du programme de l’administration Biden pour des investissements massifs dans les infrastructures de services publics aux États-Unis laisse présager un impact significatif sur la croissance de l’économie nord-américaine. »

Martin Lefebvre chef des placements et stratège, Banque Nationale

« Avec la force de la reprise économique, je m’attends à un peu plus d’inflation au cours des prochains mois dans l’économie nord-américaine. Et donc à des taux d’intérêt en hausse par rapport à la moyenne des 12 derniers mois aux États-Unis. Cela dit, la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine [Fed] demeurera très accommodante pour un certain temps [bas taux d’intérêt]. Aussi, on a vu dans le passé que les premières remontées de taux en début de cycle économique ne sont habituellement pas une barrière à la continuité des gains de valeur en Bourse. Dans ce contexte, je demeure convaincu que les marchés boursiers recèlent beaucoup plus de potentiel de rendement que les marchés obligataires au cours des prochains mois. Néanmoins, des prochains chiffres de l’inflation aux États-Unis qui seraient nettement supérieurs aux attentes pourraient certainement créer de la turbulence sur les marchés d’investissement. »

Hugo Ste-Marie directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« En comparaison d’il y a un an, alors que l’économie mondiale était pratiquement fermée face à la pandémie, les prochains chiffres de croissance du PIB des principales économies du monde s’annoncent en très forte accélération, sinon carrément spectaculaires. En conséquence, le redressement des profits des entreprises – de l’ordre de 35 % à 40 % en Amérique du Nord – devrait répondre aux attentes des investisseurs, ce qui laisse présager une continuité du marché haussier en Bourse au cours des prochains mois. En contrepartie, le marché des titres obligataires devrait continuer de subir des pressions baissières [sur les prix des transactions] au fur et à mesure que se redresseront les taux d’intérêt. »

Où en est votre répartition d’actifs ?

Candice Bangsund vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Répartition d’actifs globale, Fiera Capital

« La perspective d’une période prolongée de forte croissance économique, combinée à l’abondance des mesures gouvernementales pour la relance, ouvre la voie à de nouveaux gains sur les marchés boursiers. Je continue de préconiser une forte surpondération en actions canadiennes dans un contexte de croissance économique plus forte, de hausse des prix des matières premières, de relance des attentes d’inflation et de remontée des taux d’intérêt. Ce contexte est particulièrement favorable aux secteurs plus cycliques comme les services financiers, les matières premières et les entreprises industrielles. Ces secteurs étant largement représentés dans l’indice S&P/TSX, je m’attends à une surperformance haussière du marché boursier canadien durant toute l’année 2021. Aussi, du point de vue des multiples d’évaluation boursière, l’indice S&P/TSX a rarement été aussi meilleur marché que l’indice S&P 500 de la Bourse américaine. Ça représente une occasion intéressante pour les actions canadiennes de surclasser leurs homologues américaines au fur et à mesure que cet écart de valorisation se réduira au fil des mois. »

Michel Doucet vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuilles, Desjardins Gestion de patrimoine

« Je maintiens mon scénario de croissance économique forte en Amérique du Nord au cours des prochains trimestres, qui pourrait approcher les 5 % ou 6 % en taux annualisé. Par conséquent, je m’attends à un contexte encore favorable à l’appréciation des actions en Bourse, mais défavorable aux marchés obligataires en raison de la possibilité accrue d’une remontée des taux d’intérêt. Au deuxième trimestre, je réduis ma répartition d’actifs en obligations de 10 points de pourcentage (de 30 % à 20 %) pour l’augmenter d’autant en encaisse [de 0 % à 10 %]. Ma répartition en actions demeure inchangée à 70 %, mais j’ajuste toutes les répartitions entre les principaux marchés boursiers. Je retranche 10 points de pourcentage à ma répartition en actions américaines [de 35 % à 25 %] pour les ajouter à la répartition en actions canadiennes [de 14 % à 25 %]. Je m’attends encore à une bonne performance de la Bourse américaine. Mais dans un portefeuille en dollars canadiens, cette performance pourrait être atténuée si le huard devait se renforcer au-dessus des 80 cents US. Quant aux marchés boursiers d’outre-mer, je retranche deux points de pourcentage à la répartition dans les marchés émergents, qui demeurent surpondérés à 10 % par rapport au portefeuille équilibré de référence, pour les redistribuer vers la Bourse canadienne et les marchés EAEO [Europe, Asie-Extrême-Orient, de 9 % à 10 %]. »

Martin Lefebvre chef des placements et stratège, Banque Nationale

« Je considère que les perspectives économiques, monétaires et fiscales demeurent favorables aux actifs risqués sur les marchés d’investissement. Par conséquent, pour le deuxième trimestre, je rehausse légèrement ma surpondération en actions [de 67 % à 69 %] par rapport au portefeuille équilibré de référence [à 60 %]. Et j’accentue d’autant ma sous-pondération en obligations [de 30 % à 28 %] par rapport au portefeuille de référence [à 35 %]. Parmi les catégories d’actions, j’apporte un seul ajustement mineur en rehaussant de deux points ma répartition en actions canadiennes [de 19 % à 21 %], qui passe donc en légère surpondération par rapport au portefeuille de référence [à 20 %]. Je fais ce changement afin d’optimiser mon allocation d’actifs dans les secteurs cycliques qui sont très présents en Bourse canadienne. Ce positionnement vise à profiter du fort rebond de croissance qui s’amorce en Amérique du Nord et dans l’économie mondiale. »

Hugo Ste-Marie directeur en stratégie de portefeuille et analyse quantitative, Banque Scotia Marchés mondiaux

« Les perspectives économiques s’annoncent très favorables au soutien et à la progression des valeurs en Bourse, mais de plus en plus défavorables au rendement dans les marchés obligataires. Par conséquent, je laisse inchangée ma répartition entre les trois principales catégories d’actifs : les actions à 70 %, les obligations à 30 %, et l’encaisse à 0 % parce que les liquidités sont devenues inutilement coûteuses en perte de pouvoir d’achat dans une économie en redressement accéléré. C’est dans la catégorie des actifs en actions que je fais deux ajustements. Je retranche deux points à la répartition en actions internationales outre-mer [EAEO, de 18 % à 16 %] pour les ajouter à la répartition en actions canadiennes [de 24 % à 26 %]. Après un premier trimestre fort, je considère que la Bourse canadienne maintient un avantage de rendement à moyen terme en raison des résultats haussiers qui s’annoncent dans les entreprises de ses trois secteurs les plus influents : les services financiers, les matières premières et l’énergie. Aussi, la Bourse canadienne affiche un multiple de valeur – aux environs de 16 fois le bénéfice par action – qui demeure inférieur à celui de la Bourse américaine [environ 22 fois le BPA], et donc à meilleur potentiel de rattrapage haussier. »

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