Le dernier cri
Quartett
À Espace Go, du 19 mars au 6 avril
Quartett, du dramaturge allemand Heiner Müller, ressuscite les deux protagonistes du roman de Laclos Les liaisons dangereuses (1782) : le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil. Avec pour seule indication de temps et de lieu : « Un salon d’avant la Révolution française – Un bunker d’après la Troisième Guerre mondiale ». Ève Pressault interprète Merteuil, qui retrouve Valmont (Adrien Bletton) dans ce huis clos où les deux libertins rejouent la chute de leurs victimes. Elle incarne Valmont, tandis que lui interprète Tourvel. Puis, Valmont joue son propre rôle, tandis que Merteuil prend les traits de Cécile de Volanges. « C’est un peu leur dernier cri avant de disparaître, les derniers soubresauts d’une passion amoureuse », nous dit la comédienne qui a déjà joué dans la pièce en 2015 sous la direction de Solène Paré. Pourquoi incarner leurs victimes ? « Il y a quelque chose de très bestial dans cet exercice. Ils sont devenus tellement insensibles à leur propre cruauté qu’il y a chez eux un plaisir à aller très loin dans ces jeux pour voir s’ils sont encore capables de ressentir quelque chose, explique Ève Pressault. Comme ceux qui consomment de la pornographie et qui vont toujours plus loin pour s’exciter… »