SPORT ÉTUDIANT SOCCER UNIVERSITAIRE
Armel Dagrou, entre l’UQAM et le Burundi
La Presse
Le niveau du soccer pratiqué au Québec est en constante progression et c’est remarquable au niveau universitaire. Tant chez les femmes que chez les hommes, les formations québécoises sont très compétitives et les rivalités sont vives entre les meilleures d’entre elles.
Cela attire évidemment d’excellents joueurs désireux d’acquérir une éducation sérieuse tout en pratiquant le sport qu’ils adorent. Et cela n’empêche pas de rêver à une carrière professionnelle, voire de jouer en équipe nationale.
C’est ce qui est arrivé au Montréalais Armel Dagrou, des Citadins de l’UQAM, le meilleur marqueur du RSEQ depuis le début de la saison. Né dans la métropole d’une mère burundaise et d’un père ivoirien, Armel a vécu en France, en Belgique et en Côte d’Ivoire avant de s’établir à Gatineau quand il avait 16 ans.
C’est à cette époque qu’il est surnommé la « Machine à marquer de l’Outaouais » et il mène d’ailleurs l’équipe du Québec à la médaille d’or aux Jeux du Canada de 2009. Recruté par l’Académie de l’Impact, il débarque à Montréal en 2010. Après un passage à l’Université de Montréal, il a rejoint les Citadins à l’automne 2013.
Et la « machine » est repartie ! Avec déjà sept buts en cinq matchs, Dagrou permet aux Citadins de chauffer le Rouge et Or et les Carabins cette saison et de rêver à une participation aux championnats canadiens.
« Je suis un émotif et le contact n’a pas fonctionné avec les Carabins, explique Armel. Quand j’ai eu la possibilité de venir ici, j’ai tout de suite accepté. J’ai pu me faire créditer plusieurs cours et je pourrai compléter mon bac en sociologie avec une autre année d’études. C’est très important pour moi. »
« C’est certain que j’aimerais tenter l’aventure du soccer professionnel – j’ai eu des propositions en Europe et en Afrique –, mais je veux avoir quelque chose de solide derrière moi si ça ne fonctionne pas. »
— Armel Dagrou
Citoyen du monde, Armel n’en est pas moins fier de ses origines africaines et il a eu la chance de retourner au Burundi en 2012. Le petit pays d’Afrique centrale, voisin du Rwanda, est l’un des plus pauvres du monde et l’étudiant de 23 ans a pu mesurer bien des choses.
« J’y ai encore de la famille et, malgré la pauvreté, ces gens sont prêts à tout partager, insiste-t-il. Ici, on se plaint de tout et de rien, alors qu’eux, qui auraient toutes les raisons de le faire, restent fiers et orgueilleux. Et ils oublient tous leurs problèmes, toutes leurs divisions quand leur équipe de soccer est en action ! »
Armel n’aurait jamais cru pouvoir le vérifier d’aussi près… « Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à croire que c’est vraiment arrivé, raconte-t-il. J’étais allé porter des vidéos au sélectionneur de l’équipe nationale et il m’a invité à rejoindre l’équipe, cet été, pour des matchs de qualifications de la Coupe d’Afrique des nations contre le Botswana.
« Malgré la langue, j’ai pu m’intégrer à l’équipe. Plusieurs joueurs évoluent en Europe et ils m’ont beaucoup aidé. Les membres de la formation nationale sont des dieux là-bas et c’était vraiment impressionnant d’être là. »
Le Burundi a arraché un match nul chez lui avant de s’incliner 0-1 au Botswana. Armel a pris part au deuxième match. « La plus belle expérience ma vie, assure-t-il. J’aimerais pouvoir revivre quelque chose de semblable un jour, mais si ça n’arrive pas, je pourrai toujours dire que j’ai accompli quelque chose d’important dans ma carrière. »