Santé

Le Bureau du coroner sonne l’alarme

L’an dernier, l’Institut national de santé publique a alerté les travailleurs de la santé au sujet du « potentiel létal »  du gaz dépoussiérant utilisé comme drogue, en soulignant « le manque de documentation sur l'étendue réelle de cette pratique au Québec ». Le Bureau du coroner interpelle maintenant le Ministère lui-même, après avoir enquêté sur trois morts, dont l'une causée par un usage purement domestique de cette substance.

Mort dans son lit

Cédrick Barbeau, 15 ans, a été trouvé mort à Saint-Marc-des-Carrières, près de Québec, en avril 2015. « Il y avait près de son lit une bouteille de Dust Blaster », précise le rapport du coroner daté du 26 novembre. Aucune marque de violence, aucune trace d’alcool dans le sang de l’adolescent, mais plutôt des dérivés de cannabis et du difluoroéthane. « Tout indique qu'il aurait inhalé ce produit afin d’obtenir un effet euphorisant et que c’est ce qui aurait provoqué son décès », conclut le coroner. Ce produit étant « en vente libre dans les magasins à rabais à faible coût », il recommande au ministère de la Santé de « prendre les mesures appropriées pour contrer cette problématique ».

Usage domestique fatal

En août 2015, Julie Duquette, de Saint-Eustache, a été retrouvée inanimée devant sa sécheuse, un chiffon en main. Elle venait d’asperger la cuve de fixatif pour faire disparaître des taches d'encre laissées par un stylo. Comme les dépoussiéreurs, son fixatif contenait du difluoroéthane, qui s’est retrouvé dans son sang. Le décès a dû survenir parce que « la sécheuse est un endroit fermé et peu ventilé », a écrit le coroner. Les étiquettes de fixatif mentionnent seulement qu’une inhalation délibérée peut être dangereuse, déplore-t-il. « Certains fabricants indiquent d’utiliser le produit dans un endroit aéré, mais plusieurs sont muets. » « Une meilleure diffusion de cette information serait souhaitable afin de mettre en garde les utilisateurs. Qui aurait pu croire qu’un tel accident puisse survenir ? »

Un trentenaire accro

En 2012, la famille d’Alexandre Genest l’a trouvé mort. Son appartement contenait plusieurs contenants d’aérosol de marque Dust-Off. L’homme de 34 ans avait dans le sang « un niveau létal des produits contenus dans ces contenants pressurisés », précise le rapport du coroner. D’après ce dernier, cela a déréglé les battements cardiaques du résidant de Québec, qui est donc mort d’une intoxication chimique mixte aiguë.

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