Santé publique

« Ils veulent protéger leur réputation »

La mère de Loïc déplore la réaction de la commission scolaire des Grandes-Seigneuries

D’après la mère du jeune Loïc, qui a frôlé la mort après avoir inhalé du dépoussiéreur pour ordinateur, la commission scolaire des Grandes-Seigneuries gère très mal les suites de cet incident.

Depuis octobre, la consultante de Saint-Constant (qui nous a demandé de changer les prénoms des membres de sa famille pour protéger son fils mineur) a déposé plusieurs plaintes auprès du Protecteur de l’élève, en plus de contacter les commissaires scolaires, les maires de sa région et son député provincial.

Dans ses missives, elle reproche à la commission scolaire d’avoir induit les parents en erreur quant à l’ampleur du trafic de drogue dans ses écoles, dont La Magdeleine, que fréquente son fils de 16 ans.

Deux jours après le drame, la directrice de l’école a envoyé aux parents une lettre disant : « C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris qu’un élève de l’école est hospitalisé après avoir consommé une substance toxique en fin de semaine. » La direction y annonçait avoir mis sur pied une équipe d’intervention pour aider les personnes bouleversées par les événements.

Demande refusée

Selon la mère de Loïc, des élèves et des enseignants se sont alors mis à déclarer que l’adolescent était un grand drogué, accro aux substances volatiles, alors qu’il venait à peine de les découvrir, initié par un groupe d’amis bien plus expérimentés que lui.

Une fois son fils hors de danger, Valérie a donc demandé l’envoi d’une nouvelle lettre, qui aurait précisé – sans les nommer – que plusieurs élèves s’étaient intoxiqués ensemble avant le drame.

Le 27 octobre, la directrice de la commission scolaire a opposé son refus dans une lettre recommandée, lui demandant de « cesser d’intervenir sur la place publique et les réseaux sociaux ». L’organisme est « sensible à la problématique » de la consommation de substances toxiques par les élèves, dit la lettre, mais doit « assurer le respect de la réputation de la vie privée, tant des élèves, du personnel que des écoles ».

« Ils veulent protéger leur réputation sans se soucier de celle de mon fils. Et sans se soucier des autres parents, qui pourraient avoir une conversation franche avec leurs propres enfants. »

— Valérie, mère de Loïc

Les revendeurs sont des as manipulateurs, qui montrent aux jeunes à ne pas se faire prendre et ciblent les plus vulnérables.

Interrogée par La Presse, la porte-parole Mylène Godin a répondu par courriel que sa commission scolaire doit respecter la procédure officielle dès qu’une école apprend qu’un élève ou un employé est mort ou dans un état critique. « Une lettre est [alors] automatiquement envoyée aux parents de l’école pour les informer de la situation, leur dire ce que fait la CSDGS et l’école pour soutenir les personnes affectées et les rassurer. Il est possible que certains élèves réagissent mal ou aient des comportements différents rendus à la maison. »

Non scolarisé

Pour Valérie, on a pourtant mal protégé Loïc, et mal protégé son petit frère à plusieurs reprises. Elle affirme avoir dû le garder à la maison pendant deux mois l’an dernier, tellement il se faisait harceler par les revendeurs.

La mère de famille ne comprend pas pourquoi l’école a mis un mois à trouver une enseignante de mathématiques pour aider Loïc à la maison, ce dernier étant, selon les médecins, encore trop fragile pour retourner en classe. Elle ne comprend pas non plus comment on peut lui offrir des cours en ligne qui débutent seulement à la fin du mois de janvier dans les autres matières de base, alors que ses difficultés d’apprentissage sont connues et documentées depuis 10 ans.

« On le met en situation d’échec », dénonce-t-elle.

La commission scolaire croit que l’enseignante de mathématiques pourra l’aider dans ses autres matières.

Quant à la vente de drogue en général, « les directions concernées prennent les situations au sérieux et prennent les mesures nécessaires pour que la situation cesse », assure Mme Godin, puisqu’elles ont déjà suspendu des élèves, fait des enquêtes internes et communiqué avec la police. Et un policier est par ailleurs présent à temps plein à La Magdeleine pour faire de la prévention avec les intervenants scolaires.

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