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Opinion

Il faut sauver nos centres-villes !

Les centres-villes du Québec seront à nouveau désertés au cours des prochaines semaines. Depuis le début de la crise sanitaire, restaurants, lieux culturels, commerces de proximité sont parmi les entreprises qui subissent le plus les conséquences des – nécessaires – mesures de distanciation. À l’automne dernier, 56 % des restaurateurs du Québec prévoyaient devoir cesser leurs activités d’ici six mois, malgré les programmes d’aide offerts par les gouvernements.

Cette pandémie n’est ni la première ni la seule plaie à s’abattre sur les cœurs de collectivités. Les centres-villes et les noyaux villageois subissent une concurrence croissante de la part des centres commerciaux. Le développement du commerce en ligne a mondialisé la compétition pour la clientèle. Dans certains quartiers centraux, les locaux sont dégradés, dans d’autres, inabordables. Avant même les effets désastreux de la pandémie, la dévitalisation menaçait plusieurs de nos rues principales, si bien que des municipalités de partout au Québec ont adopté des plans afin de les revitaliser.

En imposant le télétravail, ainsi qu’une distanciation physique à laquelle les secteurs des services, de la restauration, de l’hébergement, des spectacles et des arts sont peu propices, la pandémie a porté un dur coup à des milieux déjà fragilisés. Au-delà des mesures à court terme qui doivent leur permettre de subsister en attendant le vaccin, il faut prévoir une stratégie plus complète pour sauver nos centres-villes.

Laisser péricliter les centres-villes aurait de graves conséquences. La dévitalisation vient aussi avec des enjeux sociaux. Les services de proximité sont souvent les seuls accessibles quand on vit sans voiture, que ce soit par choix ou par contrainte physique ou financière. Une hausse soudaine de locaux vacants dans les cœurs de collectivités se traduirait par une perte de revenus draconienne. Les taxes liées aux commerces et aux bureaux couvrent une part importante du budget des municipalités.

Il y a péril en la demeure

Nous avons d’autres bonnes raisons de travailler à sauver nos centres-villes. Nous avons besoin de cœurs de villes et de villages vibrants et dynamiques. Ils sont notre carte de visite collective, nos lieux de rencontre, d’accueil et de partage par excellence. On y trouve de nombreux bâtiments patrimoniaux, de l’histoire unique de chaque communauté. C’est souvent dans les cœurs de collectivités qu’on retrouve une offre culturelle vivante, et accessible pour tous.

C’est dans nos rues principales que nous nous sentons faire partie d’une communauté. Et après un long confinement, il faudra se réunir ! Une nette majorité de Québécois accorde d’ailleurs de l’importance à leurs centres-villes et espère un soutien spécifique de l’État pour assurer leur relance. C’est en parfaite cohérence avec notre désir plus fort que jamais d’acheter local.

Mais encore faut-il que nos rues principales ne soient pas durablement amochées par leur mise en pause forcée. En ce sens, les aides publiques sont absolument nécessaires. Cependant, elles ne peuvent se limiter à un soutien au virage vers le commerce électronique, alors que près de la moitié des PME estiment que leur modèle ne se prête pas à la vente en ligne. Et le commerce numérique, ce n’est pas ça qui tisse nos communautés.

La fin de la COVID-19 ne résoudra pas tous les problèmes auxquels font face les centres-villes. Au mois de février 2020, quelques semaines avant le premier confinement, nous lancions la coalition Cœurs de villes et villages afin de demander un plan d’action pour les redynamiser. Des solutions existent. Nous en avons déjà proposé plusieurs, d’autres doivent être réfléchies. Mais entendons-nous dès maintenant : pour sauver nos centres-villes, le gouvernement doit adopter une stratégie qui dépasse le court terme.

*Cosignataires : Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale ; Billy Walsh, président exécutif par intérim de l’Association des Sociétés de développement commercial de Montréal ; Christian Savard, président exécutif de Rues principales ; et Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine

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