Universités

(Re)partir voir le monde

Après un arrêt forcé durant la pandémie, les programmes offrant un volet international reprennent leur envol. La pause aura néanmoins permis aux universités de s’adapter et de réfléchir à leur offre. Tour de la question avec Valérie Amiraux, vice-rectrice aux partenariats communautaires et internationaux de l’Université de Montréal.

Comme c’est le cas pour les autres universités, la COVID-19 a durement touché les échanges internationaux de l’Université de Montréal. « On a dû interrompre les sorties de nos étudiants et cesser d’accueillir des étudiants étrangers pendant pratiquement un an et demi », précise Valérie Amiraux.

Malgré tout, le contact avec l’étranger a été maintenu grâce aux expériences virtuelles. « On a rapidement mis en place des cours, des écoles d’été et des formats d’enseignement intensif en virtuel dans les formations qui étaient concernées », explique la vice-rectrice. Les expériences en laboratoire de recherche, les stages et les périodes d’enquête sur le terrain ont par contre été mis en pause.

Si les chiffres de l’Université n’ont pas encore atteint les niveaux prépandémie, cette session marque un certain retour à la normale.

« Ça remonte. Il y a une reprise des activités internationales sous toutes les formes. Les échanges d’une ou deux sessions, les écoles d’été, les formations hors les murs reprennent. »

– Valérie Amiraux, vice-rectrice aux partenariats communautaires et internationaux de l’Université de Montréal

Même chose pour les maîtrises et les doctorats qui requièrent des séjours sur le terrain à l’étranger.

Valérie Amiraux remarque toutefois que la mobilité étudiante a repris de façon beaucoup plus intensive et rapide en Europe qu’ici. « Il est probable qu’on atteindra le rythme de 2019 seulement dans quelques mois », estime-t-elle. À cette époque, l’Université de Montréal recevait environ 1000 étudiants étrangers alors qu’entre 1100 et 1200 des siens partaient voir du pays.

Faire face aux tensions internationales

Guerre en Ukraine, violences en Iran, incertitude en Chine… Les échanges étudiants reprennent sous fond de tensions internationales, un contexte qui n’inquiète pas Valérie Amiraux outre mesure.

« Les tensions existaient avant la pandémie. Elles font partie de la réflexion universitaire sur les mobilités. Ce n’est pas nouveau ; il y a seulement une attention particulière sur d’autres zones du monde. » Celle-ci ajoute cependant que pour certains pays, l’Université de Montréal accompagne individuellement les étudiants plus étroitement dans le choix de leur destination.

« On a une réflexion centrée sur le projet de l’étudiant. C’est un travail d’analyse fait conjointement avec les professeurs et les étudiants. On n’a pas de zone interdite, même si on est évidemment extrêmement attentifs à ce que dit Affaires mondiales Canada et aux conditions d’accueil dans les universités où on envoie nos étudiants », souligne-t-elle.

Une offre qui « ne peut que se bonifier »

Valérie Amiraux entrevoit les prochaines années avec un verre à moitié plein. « Je suis assez optimiste. La mobilité étudiante est encore peu développée ici, on est en retard par rapport à l’Europe. »

C’est ce qui fait croire à la vice-rectrice qu’on ne peut que bonifier les expériences internationales. « Il faut le faire en tenant compte de l’impact sur l’environnement, tient-elle à préciser. Il ne s’agit pas de se déplacer pour trois semaines chaque année. »

Pour Valérie Amiraux, les séjours de longue durée seront à préconiser dans l’avenir. Ça permet de « diversifier ses expériences, améliorer sa formation et entrer en contact avec des manières de faire qui ne sont pas enseignées de la même façon ici ».

Le financement, qui est l’un des principaux freins aux voyages étudiants, devra également être revu, selon elle. « On doit faire un effort pour mieux accompagner les étudiants dès le premier cycle à penser à l’international comme une possibilité et éveiller leur intérêt. On doit rendre l’international accessible à tous nos étudiants. »

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