Étude internationale sur l'espérance de vie

Un recul inédit depuis la Seconde Guerre mondiale

L’espérance de vie a reculé de plus d’un an dans 11 pays industrialisés chez les hommes et 8 chez les femmes, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale dans un grand nombre d’États, selon une étude publiée lundi dans l’International Journal of Epidemiology.

L’étude porte sur presque tous les pays européens, de même que sur le Chili et sur les États-Unis. « Le manque de données limite les comparaisons avec un plus grand nombre de pays, ce qui est un manque criant pour bien comprendre le nombre réel de victimes de cette pandémie », peut-on lire dans l’étude.

Les hommes touchés davantage

Parmi les pays industrialisés recensés, c’est l’espérance de vie des hommes américains et lituaniens qui a le plus reculé (2,2 ans et 1,7 an respectivement). Les hommes bulgares et polonais ont aussi perdu plus d’un an et demi au chapitre de l’espérance de vie, tout comme les Américaines et les Espagnoles.

De façon générale, les hommes ont été plus touchés, leur espérance de vie ayant diminué de plus d’un an dans 15 pays, comparativement à 11 chez les femmes.

En ce qui concerne les Américains, les auteurs notent une particularité qui peut expliquer qu’ils aient été si lourdement frappés. Bien qu’ayant une population plus jeune que les pays européens étudiés, est-il écrit, leurs habitants sont aux prises avec davantage de comorbidités (les personnes diabétiques, notamment, sont plus exposées à des formes graves de la COVID-19.).

Les rares épargnés

Seuls les Danois et les Norvégiens (des deux sexes) ainsi que les Finlandaises n’ont pas vu de recul de leur espérance de vie.

« Des interventions non pharmaceutiques rapides combinées à un système de santé performant peuvent aider à expliquer en partie cette réussite », écrivent les auteurs de l’étude

Les groupes d’âge ayant fait reculer l’espérance de vie

Le recul de l’espérance de vie se décline de différentes façons. Chez les femmes, ce sont les pertes de vie dans le groupe des 80 ans et plus qui sont davantage en cause. Chez les hommes, les taux de mortalité élevés chez les 60 à 79 ans ont davantage contribué à réduire l’espérance de vie dans plusieurs pays.

L’impact de la mortalité chez les moins de 60 ans s’est fait par ailleurs sentir tout particulièrement aux États-Unis, en Lituanie et en Bulgarie.

Et le Canada ?

Le Canada n’a pas été inclus dans l’étude. Vérification faite auprès de José Manuel Aburto, coauteur de l’enquête, cela est attribuable au fait que les données précises de mortalité (par tranches d’âge, notamment) dont ils avaient besoin n’étaient pas disponibles au moment où ils ont dû produire leur étude.

Cet été, Statistique Canada a néanmoins annoncé que l’espérance avait diminué en moyenne de 0,41 an en 2020. Seuls le Québec et le Manitoba ont subi l’an dernier des reculs plus importants que la moyenne canadienne (de 0,84 et 0,6 an respectivement).

Statistique Canada précise que 2020 est la deuxième année au cours des 20 dernières au cours de laquelle un recul de l’espérance de vie a été enregistré (la dernière fois étant 2017, aux pires heures de la crise des opioïdes).

Selon Statistique Canada, l’âge moyen des personnes mortes de la COVID-19 en 2020 était de 83,8 ans au pays.

Un recul mis en perspective

Pour mettre cette pandémie en perspective, les auteurs évoquent – outre la Seconde Guerre mondiale – la saison de la grippe 2014-2015, qui avait déjà frappé fort dans les pays industrialisés. À ce moment-là, l’Italie avait enregistré le plus gros recul de son espérance de vie, soit six mois. Or, l’étude publiée lundi révèle qu’en 2020, avec la COVID-19, ce sont pas moins de 22 des 29 pays étudiés qui ont enregistré une diminution de plus de six mois de leur espérance de vie.

Les auteurs font aussi remarquer que dans les pays de l’Est, le choc de la COVID-19 a été plus grand que lors de l’implosion de l’ancienne Union soviétique.

Ils soulignent enfin que la pandémie laissera beaucoup de « cicatrices », d’inégalités grandissantes et de victimes collatérales liées aux perturbations sociales et économiques qui perdureront.

L’Agence France-Presse estime, à partir de sources officielles nécessairement approximatives, que la pandémie a fait au moins 4,7 millions de victimes dans le monde jusqu’ici. Avec 594 443 morts, les États-Unis seraient les plus touchés, suivis du Mexique (275 450 morts) et de la Russie (204 679).

2,2 ans

L’espérance de vie des hommes américains a reculé de 2,2 ans à cause de la pandémie de COVID-19.

83,8 ans

Âge moyen des personnes mortes de la COVID-19 en 2020,selon Statistique Canada

22

Pas moins de 22 pays sur les 29 étudiés ont enregistré une diminution de plus 6 mois de l’espérance de vie à cause de la pandémie de COVID-19.

4,7 millions

La pandémie de COVID-19 a fait, à ce jour, environ 4,7 millions de morts dans le monde.

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