Les enfants du confinement

U n e «  c a t a s t r o p h e g é n é r a t i o n n e l l e  » à  l’ h o r i z o n  ?

Baisse des capacités intellectuelles, perte d’intérêt pour l’école, hausse de l’embonpoint… Le confinement a affecté les élèves au Canada et ailleurs dans le monde.

90 %

C’est la proportion des 1,6 milliard d’élèves dans le monde (ainsi que les personnes qui en prennent soin et leurs enseignants) qui ont été touchés par la fermeture des écoles en raison de la COVID-19.

Au Canada, la plus longue période de fermeture a eu lieu en Ontario, où les enfants et les adolescents ne se sont pas rendus à l’école pendant plus de la moitié de l’année scolaire 2020-2021.

— Source : la Société royale du Canada

« Premiers lieux à ouvrir, derniers à fermer »

Sans critiquer le travail des autorités aux prises avec l’urgence sanitaire, un récent rapport de la Société royale du Canada note que les impacts sur les enfants sont tels que les écoles devraient être les « premiers lieux à ouvrir, [les] derniers à fermer » à l’avenir.

Problèmes observés chez les jeunes

Perte d’intérêt pour l’apprentissage

Problèmes chroniques d’assiduité

Baisse des résultats scolaires

Baisse des crédits

 Source : la Société royale du Canada

« On pense que ces effets-là vont être beaucoup plus marqués chez des élèves qui étaient déjà vulnérables avant la pandémie. C’est très inégal d’une famille à l’autre. Les enfants des familles qui ont vécu du stress financier ou du stress de conciliation travail-famille et qui n’avaient pas accès à l’internet pourraient être beaucoup plus touchés. »

— Miriam Beauchamp, chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal et membre du groupe de travail de la Société royale du Canada sur la COVID-19

« Nous n’avons jamais vu ça »

Selon les résultats préliminaires d’une étude menée en France, l’indice de masse corporelle (IMC) a augmenté de 2 à 3 points en moyenne chez les enfants observés, âgés de 7 et 8 ans. « Nous n’avons jamais vu ça, a dit au journal Le Monde la Dre Martine Duclos. Des enfants sportifs, sans aucun problème de santé, aucun problème de poids, ont grossi de 5 à 10 kg, du fait de l’arrêt de la pratique sportive. Et tous n’ont pas repris l’activité physique. »

« On va créer des fous »

Au début de la pandémie, le DJean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine, s’était insurgé contre l’interdiction de faire jouer les enfants ensemble. « J’avais dit : “On va créer des fous, on va avoir des enfants moins intelligents”, et ça avait beaucoup choqué les gens. Pourtant, dans la petite enfance, un enfant doit jouer librement avec les autres au moins trois heures par jour… Aujourd’hui, on commence à voir les effets. » Une étude menée auprès de 600 enfants dans le Rhode Island, aux États-Unis, montre des troubles de développement moteur et cognitif plus soulignés en 2020-2021 par rapport aux années précédentes. Chez les adolescents, l’effet est « majeur », a pu constater dans sa pratique le DChicoine. « Problèmes d’anxiété, lassitude, mal de vivre, troubles alimentaires… Les hospitalisations sont en hausse. Personnellement, je n’ai jamais prescrit autant d’antidépresseurs de ma vie. »

40 %

C’est la baisse des capacités cognitives chez les enfants observée par l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand, en France, dans une récente étude. Selon Le Monde, les enfants devaient passer un test « consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps limité. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé ».

62 %

C’est la proportion d’enfants ayant besoin d’une thérapie du langage et de l’élocution au Royaume-Uni qui n’y ont pas eu accès lors du confinement, selon un rapport du Royal College of Speech and Language Therapists.

11 400 

C’est le nombre d’enfants en attente de consulter un orthophoniste dans les établissements de santé du Québec, un nombre en forte hausse ces dernières années.

 Source : Le Soleil

« Nous avons un problème »

« Au début du confinement, je me disais que les enfants allaient s’adapter, que tout irait bien. Mais quand j’ai commencé à voir les données, j’ai réalisé que non, ça n’irait pas. Maintenant, c’est à nous, les adultes, de régler le problème par des programmes d’aide, par du financement. Pour ce faire, il faut d’abord commencer par réaliser que nous avons un problème sur les bras. […] Cette catastrophe générationnelle exige une intervention rapide pour atténuer les dommages potentiels. »

— La Dre Tracy Vaillancourt, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la santé mentale des enfants et la prévention de la violence à l’Université d’Ottawa et présidente du groupe de travail de la Société royale du Canada sur la COVID-19

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.