Mieux compris,

mieux accepté

Partout dans le monde occidental, le nombre de diagnostics d’autisme explose chez les adultes. L’autisme est mieux compris du monde médical, mieux accepté de la société. C’est un profond soulagement pour ceux qui, sans comprendre pourquoi, ont toute leur vie connu l’isolement.

QU’EST-CE QUE L’AUTISME ?

L’autisme, le syndrome d’Asperger et les troubles envahissants du développement (TDA) sont réunis depuis 2013 sous l’appellation de « troubles du spectre de l’autisme ». Les traits liés à ces « troubles » neurodéveloppementaux apparaissent généralement dans la petite enfance. Ils toucheraient environ 1 % de la population, selon les experts.

TRAITS FRÉQUENTS 

Difficultés marquées au chapitre des interactions sociales

Les autistes interprètent souvent mal le langage non verbal et les sous-entendus.

Hypersensibilité au bruit et à la lumière

Besoin important de stabilité

Forte maîtrise d’habiletés techniques

Beaucoup d’autistes sont musiciens, peintres ou écrivains. On en trouve un grand nombre chez les informaticiens, les traducteurs, les correcteurs et beaucoup d’autres métiers qui nécessitent un respect strict des règles.

Très grande honnêteté

Beaucoup d’autistes ne décèlent pas le mensonge.

L’ERREUR RAIN MAN

Sorti en 1988, le film Rain Man, avec Tom Cruise et Dustin Hoffman, est l’une des références les plus citées pour parler de l’autisme. À tort. Hoffman y incarne Raymond Babbitt, un autiste doué pour le calcul mental, qui est utilisé par son frère (Cruise) pour tricher aux cartes. Or, l’homme qui a inspiré le film, Kim Peek, n’était pas autiste. Sa mémoire infaillible était attribuable à une séparation physique des deux hémisphères de son cerveau.

1 % DES EMPLOYÉS

En janvier 2014, la multinationale SAP a annoncé l’embauche d’une quarantaine d’autistes à l’échelle internationale, dont trois à Montréal. Le but avoué était de mettre à profit leurs « avantages comparatifs » dans la création de logiciels. « Notre but, à terme, c’est d’avoir 1 % de nos employés qui sont autistes, à l’image de la société en général », précise Stephen MacKay, directeur des ressources humaines de l’entreprise. Leur intégration s’est faite par étapes, avec l’aide de la société danoise Specialisterne, experte dans l’adaptation des autistes en milieu de travail. « Les autres employés ont aussi eu de la formation. On leur a expliqué ce qu’est l’autisme et quels en sont les traits principaux », ajoute-t-il.

POUR AUTISTES SEULEMENT

À force de travailler avec les autistes, Bruno Wicker, professeur de neurobiologie invité à l’Université de Montréal, a eu l’idée de lancer Aspertise, boîte de programmation dont la main-d’œuvre sera presque exclusivement composée d’autistes. « On travaille avec des ergonomes cliniciens pour créer des bureaux insonorisés, avec des lumières tamisées et des salles de repos adaptées pour que les travailleurs puissent s’isoler. Nous voulons aussi créer un service de navette, parce que les autistes sont souvent très désorientés dans les transports en commun », explique l’entrepreneur.

PARFOIS EXPLOITÉS

« Ce sont des gens qui travaillent au niveau logique et qui mettent entièrement de côté leurs émotions. Cette aptitude fait souvent d’eux de meilleurs employés », croit Nicole Dumais, intervenante au Projet intégration Autismopolis, qui a formé et préparé des dizaines d’autistes au marché du travail. « Certains connaissent énormément de succès. Mais on en trouve aussi qui se font carrément exploiter. On en a un qui a classé des dossiers pendant deux ans dans une clinique sans jamais être rémunéré. Un autre, ça fait six emplois qu’il occupe en restauration, où il accepte de travailler une journée entière simplement contre un repas », raconte-t-elle. « Ils sont fiers. Pour une fois dans leur vie, ils ont fait leur place dans la société. Malheureusement, ils ont tellement été blessés ou intimidés que ce n’est pas dans leur nature de demander quelque chose », constate l’intervenante.

TERMES RECOMMANDÉS

La traductrice professionnelle Marie Lauzon, elle-même autiste, a coécrit un petit lexique des termes recommandés pour parler d’autisme.

En voici un résumé.

Recommandé : condition

À éviter : maladie, trouble, affection

Recommandé : autiste ou personne autiste

À éviter : personne atteinte ou souffrant d’autisme

Recommandé : traits, particularités

À éviter : déficience, incapacité, déficit

Recommandé : rituels, gestes

À éviter : tics, manies

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