Ç’aurait pu (et dû) être pire
Il y a les défaites injustes. Par exemple, celle subie en tirs de barrage, il y a deux semaines, aux mains des Golden Knights de Vegas. Puis il y a celles qui sont pleinement méritées. Comme celle de jeudi soir, contre la même équipe.
Et encore, le pointage de 6-5 est très loin de refléter l’allure de la rencontre. Car le Tricolore a offert l’un de ses pires efforts défensifs de la saison. Peut-être son pire.
Dès le début du match, au terme d’une émouvante cérémonie soulignant le décès du chanteur Karl Tremblay, les Knights ont envahi le territoire montréalais avec une aisance déconcertante et amorcé le pilonnage du filet des locaux.
Au total, les Chevaliers ont effectué 93 tentatives de tir, signant ainsi l’une des salves les plus nourries de toute la ligue cette saison.
À cinq contre cinq comme en avantage numérique, on a vu à l’œuvre une machine parfaitement huilée. Celle, en somme, d’une équipe championne en titre de la Coupe Stanley.
Chez le Tricolore, on a surtout tenté de survivre… et ça n’a pas marché. Comme le club vulnérable qu’il est, finalement.
Le pire, c’est que, pour une rare fois depuis longtemps, la rondelle roulait finalement pour le CH en début de rencontre. À un certain point, en première période, Vegas avait l’avantage 13-4 au chapitre des tirs au but, mais tirait néanmoins de l’arrière 2-0.
« On était probablement chanceux, parce que ce n’est pas comme si on avait joué pour mener 2-0, a noté Nick Suzuki en fin de soirée. Ç’aurait pu être 4-0 pour eux. »
« On a même été chanceux que ce soit 4-4 après deux périodes », a renchéri Johnathan Kovacevic.
À en croire le défenseur, on était perplexe, dans le vestiaire, au deuxième entracte. À la même heure, contre les Flames, l’avant-veille, tout le monde gardait le couteau entre les dents, malgré un déficit d’un but. « On savait qu’on jouait mieux qu’eux. »
Or, contre les Knights, avec une marque égale, on tentait « de prendre le positif et de changer la tendance ». « Malheureusement, on en a été incapables », a constaté Kovacevic.
« Ils nous volaient de l’espace partout, en échec avant et en zone neutre, a-t-il poursuivi. C’était dur de progresser avec la rondelle. C’était un match difficile. »
En effet.
Honnêteté
Martin St-Louis, comme à son habitude, n’a pas distribué les blâmes après la rencontre. Mais il se devait d’être « honnête », comme il l’a lui-même souligné.
« On a joué avec le feu et on s’est brûlés. On les a aidés à créer de l’attaque. On a fait de belles choses, mais trop de mauvaises. »
— Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien
Dans ces circonstances, « contre une bonne équipe de même […], c’est dur de gagner ».
Parmi les « belles choses », il y a, il faut bien le reconnaître, cette touche offensive affichée à la sortie des blocs. Alex Newhook a mis fin à une disette de 13 matchs. Johnathan Kovacevic a obtenu son premier point de la saison. Jesse Ylönen a connu un fort match sur le plan offensif malgré un temps de glace limité. Son trio, toutefois, a autant peiné que les autres sur le plan défensif.
St-Louis a certainement formulé sa critique la plus claire à l’endroit de Brendan Gallagher, qui a écopé, pour la deuxième fois en deux matchs, d’une pénalité en toute fin de troisième période. Mine de rien, 14 de ses 18 minutes passées au cachot cette saison lui ont été imposées au dernier engagement. Trois fois, il a été pris en défaut au cours des quatre dernières minutes de jeu.
« Ça ne peut pas arriver », a succinctement dit son entraîneur. Surtout quand l’adversaire est l’un des meilleurs clubs de la ligue et qu’il en profite pour marquer deux buts.
Finalement, beaucoup de choses qui ne peuvent arriver sont arrivées, jeudi soir. Rater son départ, offrir l’enclave en cadeau, abandonner son gardien…
« Il y a beaucoup à apprendre de ce match », a estimé Johnathan Kovacevic, qui s’attendait à une séance vidéo corsée ce vendredi.
Les joueurs feraient mieux de s’apporter quelques grignotines. Car il y aura un long film à regarder.