Le hockey a besoin d’autres Jeremy Roenick

Québec — Le discours de Jeremy Roenick est tellement rafraîchissant et se situe à des années-lumière de celui du hockeyeur moderne. L’ancienne vedette de la LNH n’a jamais eu la langue dans sa poche pendant qu’il jouait, et ce n’est certainement pas à 54 ans qu’il va changer.

Il en a dit plus en cinq minutes à l’auteur de ces lignes que n’importe quel joueur de la LNH peut en dire aux médias en une année complète. Roenick ne comprend pas que les joueurs du circuit Bettman soient toujours limités aux clichés habituels dans leurs déclarations.

« La LNH n’est pas juste beige, elle l’est tellement que c’est une tragédie. C’est une chose de vouloir garder une image propre du circuit, mais elle pourrait le faire en laissant les joueurs parler et exprimer ce qu’ils pensent vraiment tout en démontrant leur personnalité. »

– Jeremy Roenick

Selon celui qui a marqué 513 buts dans la grosse ligue, les amateurs paient le gros prix pour venir voir des parties, et ils veulent avoir un spectacle.

« Ils veulent apprécier le jeu sur la glace et ils veulent se sentir proches des joueurs. Tu ne peux pas faire ça en ne les laissant pas s’exprimer. Les partisans ne veulent rien savoir des clichés, ils veulent savoir ce que tu penses vraiment. »

L’Américain avoue cependant que sa façon de faire l’a quelques fois placé dans le pétrin.

« C’est arrivé quelques fois dans ma carrière que j’aie froissé des gens et que je sois possiblement allé trop loin, mais je pense qu’il y a plus de gens qui apprécient cette façon de faire que le contraire », explique celui qui a connu ses meilleures saisons dans l’uniforme des Blackhawks de Chicago.

Le natif de Boston aimerait d’ailleurs voir les joueurs se rapprocher des amateurs.

« J’ai tout donné pour les amateurs et ils me l’ont toujours rendu. Avec les salaires qui augmentent, l’utilisation des réseaux sociaux, les amateurs ont perdu une certaine proximité avec les joueurs, et c’est dommage. Je crois qu’il faudrait encourager à nouveau les moments où les joueurs peuvent discuter directement avec les partisans. Pour moi, ce n’est vraiment pas une corvée d’aller faire une séance photo avec eux. »

Que du respect pour Roy

Évidemment, il n’était pas question de ne pas parler avec Roenick des célèbres conversations épicées (thrash talk) qu’il a eues pendant qu’il jouait avec Patrick Roy. Celui qui est parfois surnommé JR a immédiatement souri à l’évocation de ce souvenir.

« C’est le meilleur retour de part et d’autre que j’ai eu avec quelqu’un. Ce qu’il m’a répondu à la fin démontre pourquoi c’est un gagnant et un champion. Il veut toujours avoir le dernier mot et il refuse de se faire battre par quiconque. C’est probablement le meilleur gardien de l’histoire avec Brodeur. »

Roenick assure qu’il est très heureux de voir Roy de retour dans la LNH.

« J’ai adoré jouer contre Patrick Roy. Il sortait le meilleur de ma personne et je le respecte tellement comme compétiteur. Je vais avoir du plaisir à regarder Patrick avec les Islanders, il est un peu de la vieille école et j’ai hâte de voir ce que ça va donner. C’est un gagnant, et les joueurs vont avoir des comptes à rendre avec lui. J’ai mentionné que ce serait le club qui sera dangereux d’ici la fin du calendrier. » Il a toutefois précisé qu’il n’avait jamais eu la patience nécessaire pour devenir entraîneur.

Des souvenirs québécois

Ce retour de Roenick à Québec a immédiatement rappelé d’excellents souvenirs à l’ancien joueur de centre. Il assure que son expérience au tournoi international pee-wee est l’une des meilleures de sa carrière de hockey.

« J’ai représenté les petits Whalers en 1982 et les petits Capitals en 1983. J’avais marqué sept buts dans la partie au Colisée. C’était incroyable ! J’adorais aussi venir jouer contre les Nordiques et j’ai toujours aimé la ferveur des partisans. Il y avait toujours une belle ambiance ici et je me souviens d’avoir eu un match de quatre buts également. »

Son père faisait souvent des voyages au Québec pour venir regarder le hockey junior.

« Mon père venait souvent ici pour du hockey [Verdun, Trois-Rivières, Laval, Chicoutimi] et je venais parfois avec lui. Je garde vraiment d’excellents souvenirs en rapport avec le Québec. J’ai également eu beaucoup de plaisir le peu de temps que j’ai joué avec les Olympiques de Hull. »

Ayant passé huit saisons à Chicago, dont certaines au vieux Chicago Stadium où les Hawks partageaient l’amphithéâtre avec les Bulls de Chicago, Jeremy Roenick a bien connu l’immense vedette du basketball Michael Jordan. Les deux athlètes partagent également une passion pour le golf.

Le hockeyeur assure qu’il est meilleur que le basketteur quand vient le temps de performer sur le terrain gazonné.

« Ça fait un petit bout de temps que j’ai joué avec lui. On a joué cinq à six fois ensemble. C’est le plus grand compétiteur que j’ai connu comme athlète, tous sports confondus. On va cependant se voir la semaine prochaine pour le retrait du chandail de Chris Chelios, et il y a de bonnes chances qu’on joue au golf. De toute façon, je suis un meilleur golfeur et je vais jouer contre lui, peu importe la quantité d’argent qu’il veut mettre sur la partie », conclut en riant celui qui a joué pour cinq organisations de la LNH.

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