Données de Google sur la mobilité

Les déplacements ont chuté bien avant les consignes

Les Québécois n’ont pas attendu de passer en zone rouge pour reprendre la distanciation physique. Dès les premiers signes d’une deuxième vague à la fin d’août, les déplacements ont tranquillement chuté partout en province, révèlent des données sur la mobilité rendues publiques par Google et colligées par La Presse.

Depuis le tout début de la pandémie, Google publie sur une base régulière des données anonymisées de déplacements, tirées des millions de téléphones de partout dans le monde sur lesquels le partage d’historique des positions est activé. La variation de déplacements est comparée à un seuil de normalité (baseline) établi au mois de février, avant la pandémie.

Les données pour le Québec montrent que dès que le niveau de « préalerte jaune » a été décrété par le gouvernement, les déplacements dans les commerces de détail et de divertissement ont commencé à fléchir. Même chose pour l’utilisation des transports en commun qui, après avoir atteint un plateau au cours de l’été, a commencé à reculer.

Alors que l’achalandage des milieux de travail semble avoir atteint un certain plateau, le temps passé à la maison, lui, a augmenté de façon significative.

« On voit que lorsque le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dit qu’on allait droit dans le mur, son message a bien passé. On voit une décroissance des contacts », constate le professeur de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Benoît Mâsse.

« C’est vraiment encourageant de voir qu’on avait déjà commencé à réduire les contacts dès septembre. Ce n’est pas tout le monde qui l’a fait, mais le message a passé. Ça a probablement contribué à faire en sorte qu’on aura une vague beaucoup plus courte. »

— Benoît Mâsse

Ces données de Google, dont s’est servi au début du confinement l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans ses calculs de projections, ne sont plus officiellement utilisées par le gouvernement, mais elles correspondent à ce que montrent les sondages sur lesquels l’organisme se base, note M. Mâsse.

Variations entre Montréal, Québec et le Saguenay

Nos tableaux suggèrent que les habitants de certaines régions durement frappées par la deuxième vague, comme le Saguenay et la ville de Québec, restreignent moins leurs déplacements que ceux de Montréal. La méthodologie employée par Google pour calculer les variations de déplacements rend cependant difficile l’analyse de l’ampleur du phénomène.

« On peut faire l’hypothèse que les endroits qui ont été relativement épargnés par la première vague ont perçu la menace comme étant une chose plus théorique », suggère la démographe Simona Bignami, professeure agrégée au département de démographie de l’Université de Montréal.

« Les villes comme Montréal ont acquis une expérience plus directe et leurs habitants sont davantage enclins à respecter la distanciation sociale et le port du masque. »

— Simona Bignami

Mme Bignami souhaiterait que Google fournisse des données sur l’achalandage des écoles depuis la rentrée. « C’est l’éléphant dans la pièce, estime-t-elle. Le gouvernement donne souvent peu d’information sur les données les plus importantes, comme celles liées aux éclosions en milieu scolaire. On ne sait pas si elles se produisent dans les écoles en tant que telles, dans les transports scolaires ou à la maison. Ça pourrait être utile d’avoir un meilleur portrait des déplacements. »

Google ne publie que les données regroupées dans six catégories : les commerces de détail et de divertissement ; les épiceries et les pharmacies ; les transports en commun et les lieux de transit public ; les parcs ; les milieux de travail ; et les domiciles.

montréal

Rassemblement illégal dans le studio d’un DJ

Un rassemblement illégal au studio du DJ et producteur montréalais Frédérik Durand, alias Snails, a été stoppé tôt samedi matin par les policiers, qui n’ont cependant remis aucun constat d’infraction.

Selon nos informations, une vingtaine de personnes faisaient la fête dans le studio, alors que les rassemblements sont interdits à Montréal, qui est en zone rouge et qui vit un pic de transmission du nouveau coronavirus.

Alertés par le bruit, des voisins ont tenté en vain d’intervenir.

« J’ai mis mon masque et je suis allé les voir, mais ils continuaient de faire la fête. Ils ne me regardaient même pas, c’est comme si j’étais invisible. »

— Témoin vivant dans le voisinage, qui a demandé à garder l’anonymat

Ce sont finalement les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui, appelés sur les lieux vers 2 h, samedi matin, ont fait cesser le rassemblement, selon les relations médias du SPVM.

« Des policiers se sont rendus dans un bâtiment de la rue Saint-Jacques, dans le quartier Saint-Henri, après avoir reçu des signalements concernant la tenue d’un rassemblement où les mesures sanitaires n’étaient pas respectées. Les personnes présentes se sont montrées coopératives après avoir reçu un avertissement. Aucun constat d’infraction n’a donc été donné », note le SPVM.

Les représentants de Frédérik Durand n’ont pas répondu à la demande d’entrevue de La Presse.

Frédérik Durand a donné plus de 450 spectacles dans le monde et enregistré plus de 128 millions d’écoutes en ligne pour ses albums.

Samedi, en Outaouais, une centaine d’étudiants étrangers qui festoyaient dans une maison louée, en zone rouge, ont reçu la visite de la police, et 83 d’entre eux ont reçu une amende de 1000 $ pour non-respect des mesures sanitaires.

Mesures dans les écoles

Des parents satisfaits… mais inquiets

Québec — Les trois quarts des parents québécois sont satisfaits des mesures mises en place à l’école pour contrer la COVID-19, mais certains s’inquiètent de l’impact d’une éventuelle fermeture de la classe ou de l’école de leur enfant.

C’est ce que révèle un sondage de la firme Synopsis réalisé pour le compte du ministère de l’Éducation auprès de 600 parents d’enfants du préscolaire, du primaire et du secondaire. Les répondants ont été recrutés par des panels en ligne. Le sondage a été réalisé entre le 29 septembre et le 3 octobre.

Notons que c’était avant l’obligation de porter le masque partout à l’école y compris en classe, l’instauration de la présence à l’école une journée sur deux pour les élèves de la fin du secondaire et l’interdiction des activités parascolaires dans les zones rouges.

Québec a voulu prendre le pouls des parents à la suite de la rentrée scolaire. Une rentrée pas comme les autres, évidemment, en raison de la pandémie de COVID-19.

Selon le sondage, 75 % des parents sont satisfaits des « mesures mises en place pour permettre le retour à l’école » des enfants – 20 % sont « très » satisfaits et 55 %, « assez ».

lls saluent en particulier les « mesures pour favoriser les apprentissages malgré le contexte pandémique » et « la communication des directives par l’école » – le taux de satisfaction dépasse les 80 % dans chaque cas. « Les mesures du ministère pour prévenir la propagation de la COVID-19 » ont toutefois une cote plus faible – 65 % des parents s’en disent satisfaits.

Les parents insatisfaits des mesures mises en place pour permettre le retour à l’école (25 %) ont différentes récriminations. Au premier chef, ils déplorent qu’il n’y ait « aucun respect des règles à l’extérieur des classes » ; c’est le cas en particulier chez ceux qui ont des enfants au secondaire.

Deuxième raison d’insatisfaction : il n’y a « pas assez de mesures sanitaires ». La troisième raison, c’est exactement le contraire : des parents considèrent qu’il y a « trop de mesures » ou que celles-ci sont « trop contraignantes ».

D’autres répondent qu’il n’y a « aucune cohérence dans les mesures ». Une autre source significative d’insatisfaction, c’est que le gouvernement n’offre « pas d’options pour faire l’école à distance ».

Les impacts de la fermeture

La fermeture des écoles le printemps dernier a eu un impact variable sur les enfants, aux yeux des parents. Globalement, 70 % des répondants ont indiqué que leur enfant a pris du « retard académique » : beaucoup (9 %), assez (22 %) ou peu (39 %). Et 28 % considèrent que leur enfant n’a connu « pas du tout » de retard ; 2 % ne savent pas.

Si 42 % des parents répondent que leur enfant n’a « pas du tout » perdu de « motivation à école » en raison des écoles fermées au printemps, 9 % disent beaucoup, 17 %, assez et 31 %, peu.

Les parents redoutent l’éventualité de la fermeture d’une classe – pour un isolement préventif – ou des écoles cet automne. Près d’un parent sur deux (45 %) affirme que son enfant prendrait alors « beaucoup » (19 %) ou « assez » (27 %) de retard scolaire. Les autres pensent qu’il y aurait peu (36 %) ou pas du tout de retard (15 %).

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