Les « super-infirmières » veulent pouvoir évaluer les troubles mentaux

Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), qui pourront sous peu poser des diagnostics au Québec, ne veulent pas être inutilement limitées dans l’exercice de leur profession. Dans un mémoire obtenu par La Presse, elles demandent notamment que le droit d’évaluer les troubles mentaux soit permis pour toutes les IPS, et non pas seulement pour celles qui sont spécialisées dans ce domaine.

« C’est une question d’utiliser nos compétences de façon optimale », plaide la présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), Christine Laliberté. Le projet de loi 43 visant à élargir les activités des 700 IPS québécoises et leur permettant notamment de poser des diagnostics a été adopté en mars dernier. La loi ne peut toutefois entrer en vigueur tant que le règlement encadrant la pratique n’est pas adopté.

Ce règlement est à l’étude et pourrait être adopté dès cet automne. Mais pour l’AIPSQ, certains aspects doivent absolument être revus afin d’assurer « une utilisation optimale des compétences des IPS ». Mme Laliberté croit notamment que toutes les « super-infirmières », comme on les appelle familièrement, et non pas seulement celles qui sont spécialisées en troubles mentaux, devraient pouvoir évaluer les troubles mentaux chez les patients.

« En première ligne, environ 35 % de notre clientèle a des troubles mentaux. Il faut pouvoir les évaluer. »

— Christine Laliberté, présidente de l'AIPSQ

Mme Laliberté souligne que durant leur formation, les IPS, peu importe leur spécialité, reçoivent toute une formation en santé mentale et qu’elles sont donc amplement compétentes pour le faire.

L’AIPSQ souhaite en fait que, peu importe leur domaine de spécialité, les IPS puissent « évaluer les maladies en fonction de leurs compétences ». « Il faut aussi par exemple que les infirmières spécialisées en troubles mentaux puissent évaluer des problèmes de santé physique », résume Mme Laliberté. Sans cette permission, Mme Laliberté craint un usage non optimal des IPS.

« L’IPS a la formation, les compétences, les habiletés et le jugement clinique essentiels pour poser un diagnostic et référer au moment opportun, et ce, sans restriction sur les champs dans lesquels elle peut pratiquer. Rappelons que depuis, 15 ans, les IPS du Québec réfèrent et consultent au moment opportun », écrit l’AIPSQ dans son mémoire.

« Si ça devient trop compliqué, l’IPS peut référer un patient à un médecin. Mais les gens qui viennent nous voir sont des humains avec des problématiques complexes et multiples. Il faut qu’on soit là pour répondre à tout ça, dit Mme Laliberté. C’est une question de faire bon usage des ressources. »

Pour Mme Laliberté, le règlement devrait indiquer de façon explicite « que l’évaluation et le diagnostic des maladies incluent les maladies physiques et les troubles mentaux pour toutes les IPS, sans restriction ». Une rencontre avec le ministre Dubé a eu lieu lundi à ce sujet et Mme Laliberté dit avoir été satisfaite de son écoute.

Les IPS en bref

Une infirmière doit avoir pratiqué deux ans dans son champ de spécialité avant de pouvoir aller suivre une formation de deuxième cycle pour devenir IPS. Cette formation est constituée de deux ans de maîtrise et d’une année d’un diplôme d’études supérieures spécialisées d’un an.

Spécialités des IPS : première ligne, néonatalogie, santé mentale, soins aux adultes, soins pédiatriques.

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