Match amical Canada–France

Les questions brûlantes

La Presse répond aux questions que l’on suppose au bout de vos lèvres, à l’avant-veille de ce duel très intéressant.

Kylian Mbappé jouera-t-il ?

On ne vous mentira pas, chers lecteurs : la présence de Kylian Mbappé sur le même terrain que Samuel Piette ou Mathieu Choinière a été l’un des principaux éléments de notre argumentaire de vente auprès de notre employeur lorsqu’on vantait les mérites de ce voyage à Bordeaux. Alors, le nouveau joueur du Real Madrid, champion du monde en 2018 et finaliste en 2022, l’une des plus grandes étoiles du monde sportif, jouera-t-il à Bordeaux dimanche ?

Fions-nous au journal Sud-Ouest, quotidien de cette région de la France, à ce sujet : après avoir joué tout le match contre le Luxembourg, mercredi, Mbappé « devrait à nouveau disputer 90 minutes pour continuer à se remplir et retrouver ses sensations positives ». C’est ce qu’écrit le journaliste Nicolas Le Gardien, qui cite ce besoin de régularité avant l’Euro et après une saison compliquée avec le PSG. C’est qu’en raison des tractations ayant mené à son transfert vers Madrid, Mbappé a dû se satisfaire d’un temps de jeu plus limité qu’à l’habitude à Paris.

C’est une bonne nouvelle pour le spectacle au stade Matmut Atlantique. Peut-être un peu moins pour les remparts canadiens qui devront trouver le moyen de défendre devant le talisman français… sans oublier les Antoine Griezmann, Olivier Giroud, Marcus Thuram et autres grandes vedettes des Bleus.

Le Canada a-t-il ses chances ?

Quel est le degré de confiance du Canada face à cette deuxième puissance mondiale ? L’unifolié (49e au classement de la FIFA) ressort d’une défaite de 4-0 face aux Pays-Bas, jeudi dernier. Le moral pourrait, on en convient, être à plat. Mais au contraire, les Canadiens ont disputé une première mi-temps de 0-0 très encourageante… avant de voir les Néerlandais sortir des puits avec autant de vélocité que leur compatriote Max Verstappen, en deuxième période.

Rappelons aussi qu’il s’agissait du tout premier match du nouveau sélectionneur Jesse Marsch à la barre. Les joueurs canadiens n’ont eu que quatre jours de préparation en équipe nationale avant de se frotter à leurs homologues des Pays-Bas, reconnus pour leur organisation et leur style de jeu bien défini.

Inutile de dire qu’il faut modérer les attentes face à une France prête à confirmer son statut de favorite pour un Euro qu’elle souhaite gagner. Oui, ici dans l’Hexagone, on voit le Canada comme un adversaire « un peu » plus coriace que le Luxembourg, vaincu 3-0 par les Bleus mercredi.

Les Rouges doivent éviter l’humiliation. Une dure défaite plomberait nettement sa confiance avant la Copa.

« Il faut les respecter, mais ne pas se laisser faire », a résumé le Québécois Moïse Bombito en parlant des Français, après le match de jeudi.

Quels Québécois en jeu ?

Jesse Marsch a confirmé qu’il y aurait des changements dans son onze après l’affrontement contre les Pays-Bas. Si on lit entre les lignes, on peut supposer que Maxime Crépeau pourrait retrouver le filet après l’avoir cédé à un Dayne St. Clair imparfait, jeudi. Une bataille importante se dessine là.

Bombito a obtenu le départ en défense il y a deux jours, et n’a pas mal paru, du moins avant l’avalanche néerlandaise de la deuxième période. Ismaël Koné a aussi bien tenu son bout du bâton au milieu de terrain, en tant que numéro 8. Samuel Piette et Mathieu Choinière sont entrés en deuxième mi-temps alors que le match était déjà plié. Verra-t-on les deux représentants du CF Montréal sur le onze de Marsch dimanche ? Il serait risqué de modifier trop de repères en même temps, surtout devant un adversaire aussi dangereux, chez lui. Cela dit, l’heure est encore aux expérimentations pour l’entraîneur.

Alphonso Davies, capitaine et à gauche ?

« On va faire une rotation du capitaine », a confirmé Jesse Marsch, jeudi soir, à Rotterdam. Ainsi, après avoir porté le brassard, Alphonso Davies pourrait devoir le redonner, du moins temporairement. À ce chapitre, Mauro Biello, lorsqu’il était sélectionneur par intérim, avait préféré Stephen Eustáquio au meilleur joueur de l’histoire du Canada pour le match de barrage contre Trinité-et-Tobago, en mars dernier.

Eustáquio a été l’un des meilleurs joueurs canadiens face aux Pays-Bas, malgré les circonstances. Il serait le premier candidat, après Davies, pour le capitanat.

L’autre question touchant Phonzie concerne sa position sur le terrain. Le joyau canadien est reconnu comme l’un des meilleurs latéraux gauches au monde, poste qu’il occupe avec le Bayern Munich depuis son transfert des Whitecaps de Vancouver, en 2019. Sous John Herdman en rouge, Davies avait le luxe de jouer un peu partout à l’avant, délaissant sa vigie habituelle de club.

Marsch a – enfin – pris la décision de le repositionner en tant que piston gauche. Sa vitesse dans le couloir peut servir autant pour les percées offensives que pour les replis défensifs. Le style de jeu du coach américain, axé sur la pression haute sur le terrain et sur la rapidité d’exécution en transition, pourrait ainsi bénéficier à un Davies toujours prêt à faire la course sur son côté.

Un Davies qui, en plus, est au cœur de rumeurs l’envoyant lui aussi au Real Madrid cet été. Quelle meilleure vitrine que de tenter de briller devant un potentiel futur coéquipier ?

Carte postale

Résister au farniente à Bordeaux

Du coup, on se met en terrasse ?

Excusez-nous ce cliché, on n’avait presque pas le choix. C’est qu’avec l’été bien arrivé et le soleil qui peine à se coucher même passé 22 h, ici à Bordeaux, l’appel d’une boisson désaltérante sur les pavés bondés de chaises et tables occupées à tous les coins de rue est irrésistible.

Tout comme ce besoin qu’ont les Français de trop souvent noter notre accent, soit gentiment, soit en nous répondant en anglais. « You’re welcome ! », a-t-on entendu après un « merci » pourtant dénué de toute tonalité.

Ce qui n’a absolument rien enlevé aux nombreux charmes de la neuvième ville de France. Son architecture, ses basiliques, ses restaurants, ses bars, sa situation au bord de la Garonne, sa proximité avec l’océan Atlantique, ses produits du terroir, tout y est.

Mais pourquoi sommes-nous dans le sud-ouest de la France en ce début juin ? Il se trouve que le Canada de Samuel Piette et d’Ismaël Koné se mesurera aux Bleus de Kylian Mbappé au stade Matmut Atlantique des Girondins de Bordeaux, dimanche. Un tout premier affrontement France-Canada depuis la Coupe du monde de 1986. Et un tout dernier match de préparation respectif avant l’Euro et la Copa América.

Et puisqu’on tient à ce que La Presse continue de nous envoyer outre-mer pour voir les meilleurs artistes du ballon rond, on se lève de notre sympathique café, place Fernand-Lafargue, et on part à l’aventure.

Direction stade Matmut Atlantique, dans le nord de la ville. Quarante minutes de tramway du centre-ville, nous dit Google Maps. Intervalle parfait pour se rattraper sur l’émission balado foot L’After-RMC, au cinquième rang pour la popularité en France sur Apple Podcasts, toutes catégories confondues.

La veille, les Bleus avaient dominé le Luxembourg 3-0 dans un autre match amical, à Metz. Les coanimateurs Gilbert Brisbois et Daniel Riolo soulignent notamment le retour en forme de Mbappé, au sortir d’une dernière saison compliquée – pour des raisons pas toujours sportives – avec le PSG. La nouvelle recrue du Real Madrid – ceci explique cela – a été de tous les efforts offensifs contre les Luxembourgeois, terminant la rencontre avec un but et deux passes décisives. Rien pour donner un espoir de résultat aux Rouges de Jesse Marsch, ce dimanche.

Le calme avant la tempête

Évidemment, le premier constat de notre virée au stade, à trois jours du match, c’est la tranquillité des lieux. Calme qui sera, selon toute vraisemblance, en contraste direct avec l’ambiance partisane qui régnera ici lorsque les 42 115 détenteurs de billets afflueront vers l’enceinte. Les billets se vendaient 29 euros au grand public, et ils ont tous été vendus. On nous dit que de 50 à 60 membres des Voyageurs, groupe de supporters du Canada, seront du nombre.

Ce n’est que la septième fois de son histoire que la France disputera un match à Bordeaux. La dernière date de près de 10 ans : c’était en septembre 2015, une victoire de 2-1 contre la Serbie.

Le Matmut Atlantique venait d’être inauguré, quelques mois plus tôt. Mais il n’y avait pas, alors, le paysage que l’on retrouve en cette chaude journée de juin 2024.

Autour de l’imposant stade multifonctions – dont l’architecture aux mille poteaux blancs veut rappeler les temples grecs et les forêts de pins des Landes, propres à la région – se trouve une centrale géante de panneaux solaires. On les aperçoit à notre sortie du tramway, et on se rend compte rapidement qu’ils entourent l’enceinte, côtés est et ouest.

On apprendra plus tard qu’il s’agit de la plus grande centrale solaire en milieu urbain d’Europe, et qu’elle a été installée en 2021. On découvrira aussi que le Vélodrome voisin, construit en 1987 et aujourd’hui aux allures quelque peu décrépites, a été conçu… par l’architecte Roger Taillibert. Ça vous dit quelque chose ?

On monte à nouveau dans le tramway pour le chemin du retour. On feuillette le journal L’Équipe, qui analyse le match de la veille sur plus de quatre pages. « Tout est une question d’envie », écrit-on en une. Les performances de Mbappé, de N’golo Kanté et les décisions du sélectionneur Didier Deschamps sont passées au peigne fin.

On voit déjà le gros titre après la classe de maître que pourraient infliger les Bleus aux Rouges, dimanche : « You’re welcome. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.