Transition vers une économie de l’innovation

Misons sur l’accompagnement des PME

Si nos travailleuses et travailleurs de la santé continuent de lutter vaillamment contre la pandémie sur les lignes de front face à une quatrième vague, le secteur des affaires se doit lui aussi de jouer son rôle et d’insuffler un vent d’énergie dans les voiles de l’économie québécoise.

Confinements, fermetures, licenciements, crises d’approvisionnement, déconfinements, épuisement du personnel et plus encore. Malgré leur courage et leur grande ténacité, les PME du Québec en ont vu de toutes les couleurs au cours des 18 derniers mois.

Bien que la campagne de vaccination ait permis un certain retour à la normalité, des points d’interrogation demeurent dans le secteur entrepreneurial au Québec, en dépit d’avoir un des plus hauts taux de vaccination au monde.

Et si on souhaite que l’économie québécoise rebondisse, la réalité est que ce rebond passera inévitablement par les PME d’ici, un groupe qui représente la quasi-totalité des entreprises de la province (99,8 % selon l’Institut de la statistique du Québec). Une source d’influence majeure souvent négligée dans les récents grands débats.

Cependant, nos entrepreneurs sont à bout de souffle. Et bien que les mots clés tels que « relance », « réinvention » et « transformation » continuent de circuler avec enthousiasme dans les milieux politiques et médiatiques, on ne peut s’attendre à ce que les entrepreneurs du Québec aient à eux seuls les solutions en main pour affronter le déluge de défis qui les attendent aujourd’hui dans l’après-pandémie.

L’un des freins au succès soutenu et à la productivité des PME d’ici (c’est d’ailleurs un paradoxe qui pèse lourdement sur le secteur des affaires québécois depuis des années) est l’absence marquée d’investissements en recherche et développement (R-D), en innovation et en commercialisation des connaissances tirées de nos établissements postsecondaires. D’autant plus que le Québec est à la traîne en ce qui concerne les investissements d’affaires en R-D par rapport aux autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon des chiffres de 2018.

Or, le Québec est fort réputé à l’international pour sa culture entrepreneuriale avant-gardiste ainsi que pour sa valorisation inégalée de l’importance des investissements dans ses établissements postsecondaires et ses chercheurs qui alimentent leurs avancées.

Donc, où le bât blesse-t-il exactement ? L’accès aux talents et aux connaissances est à portée de main. Le paysage des PME québécoises demeure dynamique, expérimenté et créatif ; mais malgré leur polyvalence, on ne peut attendre d’elles qu’elles fassent tout, tout le temps.

Ce que la pandémie est venue mettre en lumière, c’est l’urgence d’investir dans la R-D, l’innovation et la technologie directement auprès des PME afin de les accompagner avec confiance dans leurs virages technologiques et sectoriels nécessaires, pour leur permettre d’évoluer, d’innover et, ultimement, de rayonner.

Ces virages vers l’innovation ne peuvent être facilités que par du personnel hautement qualifié, des gens avec des formations précises, généralement issus du milieu postsecondaire, souvent universitaire. Toutefois, pour des PME n’ayant jamais travaillé avec des diplômés universitaires, il ne coule pas de source d’y percevoir une valeur ajoutée, et non seulement une dépense additionnelle. D’où l’importance de commencer par des collaborations, ponctuelles peut-être, avec ces établissements postsecondaires pour des projets spécifiques qui répondront à un besoin tangible de la PME. C’est de cette façon que l’on change la culture des PME, une à la fois.

Le virage numérique, l’intelligence artificielle et la 5G ne seront que quelques aspects de la transition à venir.

Pensons à Tastet, une jeune pousse québécoise de l’industrie alimentaire, qui souhaite améliorer sa plateforme numérique à l’aide de l’intelligence artificielle. Tastet a eu recours à un programme Mitacs1 visant à aider les PME touchées par le ralentissement économique pour trouver un stagiaire et travailler sur une stratégie en lien avec cette initiative. Les entreprises UEat et Few Cycles inc., qui évoluent respectivement dans les domaines de la restauration en ligne et du matériel scientifique, ont aussi eu recours à l’expertise de Mitacs afin de mettre fin à des problématiques liées à la COVID-19.

Plus que jamais, les PME du Québec ont besoin de notre soutien. Financier, certes. Mais surtout, un soutien d’innovation et de recherche pour les accompagner dans leurs transitions entrepreneuriales.

La construction d’un Québec plus productif, compétitif et prospère se fera par l’entremise du déploiement de projets d’innovation collaboratifs afin de solutionner des défis d’affaires et ainsi non seulement augmenter la capacité d’innovation dans la province, mais également propulser la recherche et soutenir la prochaine génération de chercheuses et chercheurs qui constitueront la prochaine main-d’œuvre hautement qualifiée et qui feront progresser l’économie québécoise de demain.

C’est pourquoi nous demandons aux gouvernements de renouveler leur appui envers l’établissement de liens privilégiés entre les PME et le secteur postsecondaire, afin d’aider les entreprises à faire face à la myriade de problèmes auxquels elles sont confrontées.

Octobre est le mois des PME. Les politiciens de partout au pays ne manqueront pas dans les prochaines semaines de louer cette importante composante de notre économie, mais il ne faut pas oublier que pour assurer la réussite de nos entreprises, nous devons compter sur des investissements pérennes afin de les soutenir dans le développement de la R-D et la stimulation de l’innovation.

* Mitacs est un organisme national de recherche sans but lucratif qui, en partenariat avec les universités, le secteur privé et le gouvernement canadien, offre des programmes de recherche et de formation dans des domaines liés à l’innovation industrielle et sociale.

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