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Le ministre Barrette organise un dîner de CHSLD

Afin de prouver à la population qu’il est possible de bien manger en Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, organise ce midi une dégustation à Québec à laquelle sont notamment conviés les députés de tous les horizons et les journalistes. Un exercice que certains qualifient de « mise en scène ».

« Je veux combattre la perception que les gens ont de notre réseau », a déclaré Gaétan Barrette, hier.

Depuis un an, les employés des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches ont travaillé d’arrache-pied afin de concocter des menus nutritifs et appétissants, affirme le ministre.

M. Barrette assure que la situation des repas servis en CHSLD n’est « pas catastrophique » actuellement, mais que des améliorations peuvent être apportées. « Sommes-nous capables de présenter une offre alimentaire agréable et nutritive ? Oui », a-t-il assuré, tout en expliquant vouloir voir ces « bonnes pratiques » s’étendre au réseau.

Initiative critiquée

Hier, certaines critiques sur l’initiative du ministre ont fusé. Très actif sur les réseaux sociaux, l’ex-préposé aux bénéficiaires Jean Bottari qualifie l’exercice de « mise en scène ». Durant la journée, M. Bottari a publié une série d’exemples de repas servis dans les CHSLD du Québec, dont un plateau présentant un pogo et ce qui ressemble à des navets bouillis, ainsi qu’une assiette avec trois purées brunes.

Le coût moyen d’un repas en CHSLD oscille autour de 6,50 $ au Québec. Mais une fois les coûts du personnel et de la fourniture retranchés, c’est en moyenne 2,17 $ qui sont réellement consacrés à la nourriture pour chaque repas, soutient M. Bottari. « La réalité dans les CHSLD, c’est que la nourriture est présentée de façon peu appétissante », dit-il.

M. Bottari ajoute que le menu qui sera dégusté aujourd’hui a été pensé pendant un an. « Dans la majorité des CHSLD, on est loin de ça. Et même si on y arrivait, plusieurs aînés n’ont pas suffisamment de temps pour manger. Il manque de personnel. À certains endroits, les gens ont six ou sept minutes pour manger. Même si la bouffe était meilleure, il y a aussi d’autres choses à améliorer », affirme-t-il.

Un avis partagé par la conseillère politique de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Josée Asselin, qui critique également les coupes dans les services de nutrition faites par le gouvernement dans les CHSLD. 

« Dans certains centres, la nutritionniste n’est présente qu’une journée par semaine. Comment peut-on s’assurer que l’état de tous les résidants est à son meilleur ? » 

— Josée Asselin, conseillère politique de l’APTS

Mme Asselin ajoute que les techniciennes ne sont également pas en nombre suffisant pour pouvoir être présentes de façon quotidienne avec les résidants afin de les accompagner lors des repas. « Au-delà de l’assiette, il y a beaucoup d’éléments à regarder quand on parle de la nutrition des aînés », dit-elle.

Le ministre n’a pas voulu commenter hier le coût moyen des repas ni dire s’il imitera l’Ontario en fixant un coût moyen obligatoire de 10 $ par repas par résidant en CHSLD. Ces questions seront abordées ce midi.

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