Lactantia réplique aux fausses informations
Même si le lait Lactantia est 100 % canadien, des doutes subsistent dans l’esprit de nombreux consommateurs parce que ses contenants n’arborent pas la fameuse petite vache bleue, logo des Producteurs laitiers du Canada. Tandis que le sujet suscite de nombreux débats sur les réseaux sociaux, Lactantia prépare une campagne publicitaire pour rectifier les faits, a-t-on appris.
Les publicités qui visent à « rassurer notre clientèle que notre lait Lactantia est 100 % canadien » pourront être vues sur les réseaux sociaux et dans les journaux « dès qu’on sera prêts », précise Anita Jarjour, porte-parole du géant laitier Parmalat, qui possède les marques Lactantia et Béatrice.
Ces derniers jours, on a vu apparaître sur Facebook des messages tels que : « Pas de logo, donc pas 100 % canadien à mon avis. Sinon, qu’ils mettent le logo pour le prouver » ; « Parmalat, pas de logo ? Pas d’achat ! » ; « S’il n’y a pas le logo 100 % canadien, c’est parce qu’il y a quelque chose à cacher ». Il y a aussi eu un appel au boycottage de la multinationale.
Le débat sur la provenance du lait a surgi dans l’actualité en raison du nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis qui ouvre la porte à l’importation de lait et de l’arrivée en magasins du lait américain Fairlife, de Coca-Cola, qui est importé en vertu d’une dérogation spéciale.
Parmalat affirme ne pas utiliser le logo de certification des Producteurs laitiers du Canada (PLC) avec la vache parce qu’il « faut respecter certains critères, notamment visuels ». « Alors nous avons préféré utiliser notre propre visuel. »
Parmalat prend contact avec les détaillants
Le transformateur sent-il le besoin d’investir dans une campagne de publicité parce que les appels au boycottage de ses produits ont porté leurs fruits ? L’entreprise n’a pas répondu à notre question. Et elle n’a pas été en mesure de nous fournir de données sur ses ventes récentes, puisqu’il faut « une à deux semaines » pour produire les rapports, selon Mme Jarjour.
Mais dans un supermarché Metro situé dans une région agricole, un directeur adjoint qui n’est pas autorisé à parler aux médias nous a dit que le lait Natrel – avec le logo – se vendait davantage depuis le début d’octobre.
« D’ailleurs, avec ça, j’ai manqué de Natrel, car je me fie à mes ventes de la semaine précédente pour faire mes commandes. »
— Un directeur adjoint d’un supermarché Metro
Des photos prises il y a quelques jours dans cette épicerie et transmises à La Presse par un internaute montrent la pénurie, tandis que le frigo de Lactantia est plein.
D’autres supermarchés sont moins catégoriques. Le gérant d’un IGA en région dit qu’il vend « toujours plus de Québon ». Dans le IGA d’une ville de moyenne taille, le responsable des produits laitiers dit qu’« au prix régulier, du Lactantia, on n’en vend pratiquement pas de toute façon ». Au siège social de Loblaw (Provigo et Maxi), on soutient n’avoir « observé aucun changement dans les habitudes d’achat des consommateurs ».
Quoi qu’il en soit, Parmalat a fait parvenir au début d’octobre une lettre à tous ses clients – épiceries et dépanneurs – leur mentionnant que « la campagne de publicité négative amorcée sur les médias sociaux à l’encontre de [ses] produits arborant les marques Lactantia et Béatrice est erronée et totalement infondée ». Certains détaillants l’ont affichée sur leurs frigos.
Pas de logo chez Saputo
Du côté de Saputo, qui commercialise la marque Nutrilait, on n’utilise pas davantage la petite vache bleue. La Presse a tenté de savoir pourquoi, mais l’entreprise a refusé de répondre à nos questions.
Sur sa page Facebook, l’entreprise de Montréal s’est fait demander plusieurs fois si son lait était canadien. Elle devra « analyser les changements proposés [à l’accord de libre-échange] qui affectent le secteur laitier afin de comprendre toutes leurs implications pour l’industrie laitière canadienne. Sachez que, entre-temps, nous conservons à 100 % notre production de lait Nutrilait au Québec », a-t-elle systématiquement répondu.
Selon le professeur Sylvain Charlebois, spécialiste des questions alimentaires à l’Université Dalhousie, le refus d’utiliser la vache bleue s’explique peut-être par le fait que ce logo « est associé à un mouvement sociopolitique » et qu’il est vu comme « une arme pour protéger notre souveraineté alimentaire » dans le contexte de la gestion de l’offre.
« La dernière chose que les multinationales veulent, c’est de s’associer à un message qui divise. On voit qu’il y a une gêne. »
— Sylvain Charlebois
Mais Jacques Lefebvre, chef de la direction des Producteurs laitiers du Canada (PLC), dit que cet argument le laisse « tout à fait coi », puisqu’il n’a « jamais entendu ça ». Le logo n’est pas, selon lui, associé à la gestion de l’offre. Il n’a pas voulu nous dire quels arguments les transformateurs lui donnent pour tourner le dos au logo.