Ressources humaines, un secteur d’avenir ?

Lorsque tout le monde a quitté le bureau pour aller bosser à la maison, plusieurs spécialistes des ressources humaines se sont demandé si leur expertise serait encore pertinente. Et si oui, comment ils devraient l’adapter à cette crise qui a redéfini la façon dont bien des gens travaillent. C’est aussi une question qu’on se pose dans les départements de gestion des ressources humaines, afin que le contenu des cours demeure pertinent. Survol.

Lorsque la pandémie a frappé, Vincent Rousseau, professeur à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, avait peur de voir le nombre de stages offerts aux étudiants au baccalauréat en relations industrielles baisser de façon draconienne alors que les organisations étaient complètement bouleversées.

« Finalement, il y a eu une recrudescence importante du nombre de stages offerts qui a fini par dépasser largement le nombre d’étudiants, affirme-t-il. Et je parle de stages de qualité ! »

« C’est comme si les transformations, comme la généralisation du télétravail et l’amplification de la pénurie de main-d’œuvre, ont rendu encore plus pertinent le rôle des gestionnaires de ressources humaines dans les organisations. »

— Vincent Rousseau, professeur à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal

Comme chercheuse en santé psychologique au travail et enseignante à des cadres en exercice à l’Université de Sherbrooke, France St-Hilaire s’est pour sa part littéralement sentie « happée » par la pandémie.

« Les professionnels des ressources humaines, les gestionnaires et les employés étaient démunis, ils vivaient de la détresse parce que nous étions dans une situation inédite, alors ils se sont mis en mode écoute envers les professeurs et chercheurs en gestion des ressources humaines pour tenter de trouver des outils pour les aider à sortir de la crise », raconte-t-elle.

Des changements concrets dans les cours

Si les questions comme la justice organisationnelle et l’épuisement professionnel étaient importantes avant la pandémie, France St-Hilaire remarque qu’elles touchent maintenant plus directement les gens.

« Eux ou leurs proches ont des enjeux liés à ces questions, alors cela change complètement la dynamique de classe et les dirigeants parlent même de leur vécu en matière de santé mentale, alors qu’avant, c’était tabou, explique-t-elle. Tout d’un coup, ces questions sont devenues des priorités. »

Adaptation

France St-Hilaire souligne aussi que le contenu du microprogramme de deuxième cycle en santé organisationnelle, dont elle est responsable, a dû être complètement revu pendant la pandémie. « Il fallait tenir compte de l’explosion des connaissances dans le domaine et de la réalité qui n’avait plus rien à voir avec celle de 2019 », précise-t-elle.

Vincent Rousseau ajoute que même au baccalauréat, la nature des études de cas et de toutes les discussions en classe a aussi changé.

« Tout est maintenant teinté de la nouvelle réalité, précise-t-il. On s’en va de plus en plus vers une obligation de résultat plutôt que de présence. Il est encore plus important qu’avant d’avoir des formations fréquentes avec les gens qui sont en télétravail. Les entrevues de sélection se font aussi maintenant pratiquement toujours par vidéoconférence. Ce sont de grands changements, et il faut en tenir compte dans notre enseignement. »

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