La docteure répond

Survivre au mal de dos

Vous déménagez et vous tentez de soulever la boîte contenant vos déclarations d’impôt depuis 1986. En vous relevant, vous êtes coincé. En moins d’une seconde, vous comprenez que vous avez affaire à un mal de dos qui ne vous quittera pas de sitôt.

Par où commencer pour soulager cette douleur ? La grande majorité des patients souffrant de lombalgie (le p’tit nom du mal de dos) n’auront pas besoin d’une visite à l’urgence. Vous pouvez débuter avec des analgésiques en vente libre comme l’acétaminophène et les anti-inflammatoires (ibuprofène, naproxène, etc.). Vérifiez auprès de votre pharmacien si vous avez une contre-indication à leur utilisation, mais la plupart des patients les tolèrent très bien à court terme. En plus des traitements pharmacologiques, il est bénéfique de demeurer actif dans la mesure du possible (rester au lit n’est pas une bonne idée !). Cela ne suffit pas ? Vous aurez peut-être besoin d’antidouleurs plus puissants, mais qui ont plus d’effets secondaires. Dans ce cas, il serait judicieux d’avoir une évaluation auprès de votre médecin de famille ou dans une clinique sans rendez-vous.

Il n’est pas rare que les patients sortent déçus de ce rendez-vous médical. Vous entrez avec un mal de dos, et vous ressortez avec un diagnostic de mal de dos… Il devrait au moins y avoir un nom compliqué pour quelque chose d’aussi douloureux ! Si cela vous fait plaisir, on peut bien donner différents noms à votre malheur : « entorse lombaire », « lombosciatalgie » ou « équivalent lombaire de la peste bubonique ». 

À vrai dire, cela ne changera rien. Pour la plupart des maux de dos communs, l’objectif du traitement est le même : le soulagement de votre douleur et le retour à vos activités normales. En plus des granules, votre médecin pourra vous adresser à d’autres professionnels (par exemple, un physiothérapeute).

Est-ce que tout le monde a besoin d’une radiographie ? La réponse est non. Une photographie de vos os est peu susceptible de changer le traitement d’un mal de dos simple. Ce sont les tissus mous autour de votre colonne (ligaments, muscles, disques, etc.) qui crient à l’aide, mais ceux-ci ne sont que très peu apparents sur un cliché radiographique.

Dans toute cette histoire, il y a une bonne nouvelle : la grande majorité des maux de dos simples finissent par passer. La mauvaise, c’est que ça peut prendre quelque temps. Les lombalgies plus complexes, notamment celles avec des symptômes neurologiques, peuvent s’attarder encore davantage avant de vous laisser tranquille. Il s’agit des maux de dos qui touchent les nerfs de vos jambes, entraînant des « chocs électriques » jusqu’à vos pieds, des engourdissements ou des faiblesses. Si vous présentez ces symptômes, vous pourriez avoir une « hernie discale ». Cependant, même si l’appellation est plus impressionnante, la très grande majorité des hernies discales finissent aussi par passer sans intervention plus invasive (pas besoin d’appeler le chirurgien !).

DES MAUX DANGEREUX

Existe-t-il des maux de dos dangereux ? Oui. Une très faible proportion des maux de dos représente en fait une maladie grave de la colonne. Vous devriez probablement consulter plus rapidement si vous avez un mal de dos et d’autres symptômes, comme de la fièvre, une perte de poids inexpliquée, ou encore si vous présentez certains facteurs de risque (par exemple, si vous avez des antécédents personnels de cancer, de VIH ou une autre pathologie qui altère fortement votre système immunitaire).

Vous devriez venir nous dire bonjour à la salle des urgences dans certaines situations. Certains signes peuvent laisser suspecter une compression plus grave de vos nerfs. Cela paraît étrange, mais si vous présentez un mal de dos et une incontinence urinaire ou fécale nouvelle, si vous avez un engourdissement de vos organes génitaux ou de la région périanale (oui, le médecin que vous consultez pour votre dos pourrait s’intéresser à d’autres parties de votre corps) ou si vos jambes semblent paralysées, il faut vous présenter à l’urgence. Faites de même si vous avez subi un traumatisme violent. Vous chutez de votre toit et vous avez mal au dos ? Ce n’est pas une lombalgie simple…

Restez positif : dans la plupart des cas, les lombalgies disparaissent sans laisser de trace… mais recrutez tout de même de l’aide pour votre prochain déménagement !

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