CHRONIQUE

L’amour sur fond de Mario Bros.

Comment décrire la nouvelle série Les bogues de la vie ? Ce n’est pas la comédie romantique de l’année ni la pire. C’est parfois super rigolo, avec des portions plus longuettes, qui manquent de punch.

Bref, il ne s’agit pas d’une catastrophe ni d’un coup de circuit. Pour résumer de façon succincte, c’est léger, divertissant et sympathique. Vous pourrez consommer en rafale les 10 demi-heures des Bogues de la vie à partir du mercredi 27 mars sur l’Extra de Tou.tv.

Oui, je sais, encore l’Extra de Tou.tv. Mais cette fois-ci, une diffusion à la télé régulière de Radio-Canada ne s’annonce pas avant plusieurs saisons, voire plusieurs années, selon la patronne Dominique Chaloult. Ce sera donc l’Extra ou rien, je pense bien.

Hier midi, je suis sorti du visionnement de presse des quatre premiers épisodes assez mitigé. L’acteur principal, Charles-Alexandre Dubé, se débrouille très bien dans la peau d’Eliott Breault, un concepteur de jeux vidéo à qui l’amour ne réussit pas. Cet acteur, qui incarnait le fils violent de Suzanne (Céline Bonnier) dans Unité 9, est parfait dans ce rôle de gars maladroit, gêné et attachant.

Sa vis-à-vis féminine, Charlotte Aubin, hérite d’une partition plus difficile à défendre. Elle incarne Jeanne Champagne, une avocate de 30 ans en couple avec un douchebag de compétition (Alexandre Landry), qui est aussi son patron dans une grosse firme du centre-ville.

Jeanne met quatre épisodes avant de dégeler et d’embrayer. C’est long. Cette jeune femme coincée et insatisfaite au boulot se laisse apprivoiser difficilement. Par contre, la crise épique qu’elle pique au quatrième épisode change complètement la perspective que nous avons d’elle.

Les bogues de la vie s’attarde aux rencontres improbables entre Eliott et Jeanne, avec accident du destin, textos effacés et quiproquos classiques. Avec son collègue Martin (excellent Jean-Carl Boucher), Eliott planche sur un jeu vidéo de type Super Mario Bros. qui pourrait le rendre ultra-riche.

Et comme dans toute comédie romantique qui se respecte, le plan initial foire joyeusement. Anthony Kavanagh a décroché un mini-rôle dans Les bogues de la vie, celui d’un puissant distributeur de jeux vidéo, mais prononce les répliques les plus assassines. Un personnage bien payant.

Contrairement à la série Le jeu de TVA, campée dans un univers similaire, Les bogues de la vie évite la plupart des clichés, même s’il y est question du Mile End, de jus de betteraves fermentées et de Pikachu.

À l’écran, comme dans un vrai jeu vidéo, on voit apparaître des lignes de vie, ce qui permet au réalisateur Louis Bolduc d’afficher le niveau de confiance, de nervosité ou d’excitation de son héros. C’est charmant. Stéphanie Perreault et Michel Brouillette, qui forment un couple, signent les textes des Bogues de la vie, leur première série à deux. Ils ont une plume nerveuse et vive, qui gagnera en assurance au fil de leurs projets.

Dernier détail : voir des scènes des Bogues de la vie avec Alexandre Landry, Marie-Soleil Dion et Charlotte Aubin nous fait parfois penser que nous regardons L’échappée à TVA. Directeurs de casting, faites attention à ces chevauchements, merci.

Second regard s’éteint

Après presque 45 ans à l’antenne de Radio-Canada, l’émission Second regard disparaîtra des ondes le 12 mai. Le jour du Seigneur, lui, ne bouge pas de sa case horaire du dimanche matin.

Le débranchement du magazine dominical a provoqué une « vaguelette » de mécontentement sur les réseaux sociaux hier : c’est la fin de la seule émission sur le sens, les valeurs et le temps !

Comme à Puisqu’il faut se lever au 98,5 FM, profitons d’un moment zen, ici. D’abord, Alain Crevier poursuivra l’exploration des sujets de Second regard (éthique, spiritualité, religion ou humanisme) sur de nouvelles plateformes, radio ou télé. Par exemple, Alain Crevier interviendra à Désautels, à L’heure du monde, au Téléjournal, sur RDI ou à Enquête, au gré de l’actualité. L’expertise de l’animateur nourrira donc plusieurs autres émissions.

Alors, avant de crier à l’effondrement des derniers espaces de réflexion à la télévision publique, on prend deux ou trois profondes inspirations, s’il vous plaît.

Dans une note transmise aux employés hier matin, la directrice générale de l’info de Radio-Canada, Luce Julien, parle d’une décision difficile à prendre, mais nécessaire pour s’adapter aux changements de consommation des téléspectateurs.

La télévision de Radio-Canada souhaite accélérer davantage sa transition vers le numérique et y investir plus de ressources. Le retrait de Second regard entraîne l’abolition de trois postes permanents.

Diffusé les dimanches à 13 h 30, pas la plage horaire idéale, mettons, Second regard a intéressé une moyenne de 184 000 téléspectateurs pour la saison 2018-2019. Ce qui est très respectable pour une production plus nichée.

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