ALIMENTATION

Au secours, mon ado veut être végé !

Vous aimez les hamburgers, le tartare de saumon, les côtes levées ; tout d’un carnivore ! Or, votre ado vous annonce qu’il devient végétarien. Vous voulez bien être ouvert d’esprit – et éviter la confrontation –, mais vos connaissances en matière de végétarisme sont plutôt limitées. Vous vous inquiétez pour sa santé, mais aussi, vous vous demandez si ce changement ne cacherait pas un trouble alimentaire. Pas de panique ! Voici quelques pistes de solution et de réflexion.

À 17 ans, Audrey Sckoropad et sa jumelle Fay – les deux jeunes blondes qui animaient BO2 à MusiquePlus au début des années 2000 – ont proposé à leur famille d’adopter un régime végétarien pour ses bienfaits sur la santé. Pour Fay et sa maman, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Elles n’avaient jamais aimé la viande, et la maman prévoyait toujours une version végé des plats qu’elle cuisinait pour sa famille de six enfants.

« Mais d’autres aimaient bien leur viande, comme ma sœur Chloé, raconte Audrey. Finalement, tous ont embarqué dans le défi. L’effet d’entraînement a aidé. »

Audrey Sckoropad, aujourd’hui naturopathe, a multiplié les lectures sur l’alimentation à base de végétaux. Rapidement, elle a aussi retiré du menu familial les produits laitiers et les œufs.

Le végétarisme existe sous plusieurs formes, et Caroline Tanguay, nutritionniste, conseille d’abord aux parents de regarder avec leur enfant où il se situe.

« Certains vont en fait continuer de manger du poulet, ou du poisson, remarque-t-elle. D’autres seront stricts et couperont toutes les protéines animales. »

Ces nuances devront être prises en compte dans l’élaboration des menus pour s’assurer que l’enfant ne manquera de rien dans sa croissance.

FAIRE SES DEVOIRS

Caroline Tanguay voit plusieurs jeunes dans sa pratique privée devenir végétariens en retirant pratiquement toutes les sources de protéines de leur alimentation, excepté le fromage !

« En pleine croissance, les enfants et les adolescents végétariens ont besoin de bonnes sources de protéines comme les légumineuses, affirme la nutritionniste. De plus, c’est super important que les protéines soient complètes, alors les légumineuses doivent être consommées au même repas avec des noix, des graines ou des produits céréaliers à grains entiers. Peu d’omnivores sont au courant. »

Les protéines sont complètes dans les produits laitiers et les œufs. « Si le jeune élimine les produits laitiers, il doit consommer des boissons de soya ou d’amande et c’est très important qu’elles soient enrichies pour avoir du calcium et de la vitamine D, précise Caroline Tanguay. Les préadolescents et les adolescents ont besoin de trois ou quatre portions de produits laitiers et substituts par jour. »

On retrouve aussi dans ces boissons, de même que dans la levure alimentaire non active, de la vitamine B12. Il faut également penser entre autres au fer et aux acides gras oméga-3 présents sous des formes différentes dans les sources animales et végétales. Bref, il faut faire ses devoirs !

PLANIFICATION DES MENUS

Pour s’assurer d’avoir un menu équilibré pour la semaine, Caroline Tanguay conseille aux parents de le planifier avec leur enfant.

« Pour simplifier la préparation des repas, les parents peuvent cuisiner pratiquement les mêmes choses qu’auparavant, mais en réalisant la moitié du plat avec une protéine végétale », dit-elle.

La bonne nouvelle d’un tel intérêt de son enfant pour l’alimentation est qu’il commence probablement à s’intéresser à la cuisine. Pourquoi ne pas en profiter pour lui lancer le défi de cuisiner des plats pour la famille ?

« C’est une bonne façon de varier ses sources de protéines, affirme Mme Tanguay. On conseille à tous de manger au moins deux ou trois repas à base de légumineuses par semaine. Pour faire une transition, on peut mélanger viande et légumineuses. On peut aussi mettre des légumineuses broyées dans ses pains aux bananes et dans ses desserts. »

Une fois qu’on a quelques menus hebdomadaires bien équilibrés, on les utilise en rotation !

Vous vous demandez probablement tous si la famille Sckoropad a maintenu le régime végétalien ? « Chacun y a vu des bienfaits au niveau de l’énergie surtout, mais aussi de la digestion et de la peau notamment, alors oui, nous sommes restés végétaliens, raconte Audrey, aujourd’hui âgée de 23 ans et maman d’une petite fille de 4 mois. Seulement mon petit frère Shawn fait ses expérimentations ; disons qu’il est flexitarien. »

La nutritionniste Caroline Tanguay a élaboré une recette de carré au chocolat (avec des pois chiches !).

TROUBLES ALIMENTAIRES : SOYEZ VIGILANT !

Le nouveau régime végétarien de votre ado cache-t-il un trouble alimentaire ? Nathalie St-Amour, psychothérapeute et infirmière à la Clinique St-Amour de traitement des troubles alimentaires, conseille de surveiller quelques éléments.

LES MOTIFS

« Ayez une discussion seul avec votre jeune hors de la période de repas sur les motifs derrière son choix. Il y a toujours un déclencheur : remarque, cours, lecture. Vous verrez les sentiments qui l’habitent. »

LE CONTEXTE

« Le jeune a-t-il vécu de l’insatisfaction à l’égard de son poids ou de son apparence ? Est-ce que ce choix coïncide avec une rupture amoureuse ou une déception ? »

ALIMENTS VÉGÉTARIENS VERSUS HYPOCALORIQUES

« Si l’enfant élimine tous les aliments gras, même ceux santé comme les noix et les avocats, ce n’est plus seulement du végétarisme. Même chose pour les glucides. »

CHANGEMENTS IMPORTANTS

« Perte de poids, frilosité, fatigue, irritabilité et sautes d’humeur accentuées, entraînement excessif, refus de participer à des activités où un repas sera servi peuvent mettre la puce à l’oreille. »

VOUS N’ÊTES PAS RASSURÉ ?

« Si vous abordez directement la question avec votre jeune, il risque de se fermer. Dites-lui que vous souhaitez qu’il soit bien guidé. Un professionnel dans le domaine sera plus neutre et en mesure d’investiguer. »

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