La persévérance comme arme pour sortir de la pandémie

Depuis le début de la pandémie, plusieurs experts et professionnels ont tiré la sonnette d’alarme sur les impacts multiples de cette crise sanitaire dans la vie des jeunes du Québec. Ces impacts, dont les conséquences pourraient avoir une portée dramatique dans l’avenir de nombreux jeunes, sont ressentis différemment lorsqu’on tient compte des conditions dans lesquelles évolue chacun de ces jeunes. Des enjeux comme la santé mentale ou la réussite éducative sont devenus irrémédiablement des soucis sociétaux majeurs. À cela s’ajoutent pour de nombreux jeunes les facteurs de pauvreté, de marginalisation et d’exclusion.

Ce n’est pas sans raison que le Fonds 1804, à l’instar de beaucoup d’acteurs de l’éducation au Québec, redoute une situation aggravée d’échec scolaire en raison de toute une série d’autres variables importantes dans la réussite éducative des jeunes. En ces Journées de la persévérance scolaire, c’est l’occasion de mettre chaque jeune au cœur de cet écosystème afin de pouvoir espérer nous sortir d’une autre crise que certains appellent déjà Génération-COVID.

L’environnement familial

Le projet éducatif d’un jeune puise sa source dans les ressources disponibles dans son environnement immédiat, à commencer par son milieu familial. Ainsi, lorsqu’il y a des parents qui ne sont pas en mesure d’accompagner efficacement leurs jeunes, particulièrement ceux qui sont en difficulté, il faut s’assurer de la présence de ressources palliatives pour soutenir ces jeunes dans leur cheminement. Certes, nous devons investir dans les services scolaires, mais on ne pourra atteindre nos objectifs de réussite sans un effort soutenu visant les parents, particulièrement dans le contexte actuel. Car nous savons que les crises sont de puissants vecteurs d’amplification d’écarts. Les milieux défavorisés ont été durement frappés par cette pandémie.

La transformation numérique accélérée de l’enseignement est venue amplifier l’enjeu de la validité et de la disponibilité des compétences pour certains de nos parents. À aucun moment de notre histoire récente, les disparités économiques n’ont eu autant d’impacts sur la réussite pour nos jeunes. Comment faire l’école à distance quand les conditions de logement, la disponibilité des équipements et le soutien au développement des compétences numériques sont défaillants ?

Fort de notre participation à une expérience réalisée par le Sommet socioéconomique pour le développement des jeunes des communautés noires en partenariat avec une vingtaine d’organismes communautaires autour de la lutte contre la fracture numérique, nous sommes convaincus qu’une approche intégrée et soutenue sur une longue période ciblant les parents est nécessaire. En effet, le Programme 4C, visant à offrir aux familles un ordinateur, des ressources et un soutien technique personnalisé, nous a permis de mesurer l’importance de bien outiller les parents comme premiers acteurs auprès de l’enfant dans les stratégies de réussite éducative.

Les ressources éducatives

Depuis des années, le personnel enseignant et l’ensemble des intervenants du milieu éducatif plaident pour une meilleure adéquation des ressources, notamment pour les élèves en difficulté. Ce qui nous pend au bout du nez si rien de substantiel n’est fait, c’est non seulement une situation d’échec scolaire, mais, aussi, inévitablement une augmentation importante du taux de décrochage scolaire au cours des prochaines années.

Cette année, pas comme les autres, doit être une occasion de questionnements, mais surtout d’actions sur la situation des élèves en difficulté particulièrement dans les milieux défavorisés. Le Fonds 1804, dès sa création, a choisi de concentrer ses interventions sur les persévérants en milieu défavorisé et en travaillant avec des groupes communautaires et des intervenants du milieu scolaire. Avec l’aide de plus 500 enseignantes et enseignants, nous avons accordé plus de 750 bourses (de 250 $ à 1375 $) à des jeunes dans ces milieux. Nos initiatives ont mobilisé plus de 5000 parents, amis et membres de la famille.

Le milieu

Au bout de plusieurs années de travail avec des écoles, des centres de services scolaires, des organismes partout au Québec, les entreprises et les membres de la communauté, nous pouvons témoigner de l’importance du milieu, de tout le milieu, dans l’action concertée en faveur de la réussite éducative. Plus un milieu est mobilisé, plus les chances sont grandes pour relever le défi de la persévérance scolaire. Et malgré la fragilisation de plusieurs acteurs du milieu comme les entreprises, les actions concernant la persévérance scolaire des jeunes ne peuvent attendre. Il en va de notre avenir collectif.

Si les vaccins contre la COVID-19 nous permettent de voir une sortie de la pandémie, malheureusement, ils ne résorberont pas les disparités exacerbées auxquelles de nombreux jeunes Québécoises et Québécois se retrouvent confrontés.

Pour éviter que nos jeunes des milieux défavorisés continuent à se retrouver dans une perpétuelle zone rouge sociale, un virage décisif des gestes éducatifs n’est plus une option. Le Fonds 1804 pour la persévérance scolaire invite l’ensemble des Québécoises et des Québécois à faire de la persévérance notre plus belle arme pour vaincre les effets de la COVID-19 notamment en outillant les parents et en allumant les projecteurs sur les jeunes persévérants qui font preuve de courage, de résilience et d’audace au quotidien dans leur parcours scolaire.

*Fonds 1804 pour la persévérance scolaire – Fondé en 2013, le Fonds 1804 pour la persévérance scolaire a pour mission de soutenir et reconnaître la persévérance scolaire et la réussite éducative des jeunes, particulièrement ceux issus de milieux des minorités ethnoculturelles, en favorisant l’engagement des parents, de la famille et de la communauté.

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