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Alors qu’Ottawa s’apprêtait à rapatrier les Canadiens coincés à bord du navire Grand Princess, Québec a annoncé hier son quatrième cas probable de COVID-19. Quant à lui, le ministre du Travail invite les entreprises québécoises à prévoir un plan d’action pour faire face à la crise.

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237 Canadiens à rapatrier, 59 cas confirmés au pays

Le quart de l’Italie est désormais en quarantaine. Au Canada, le gouvernement fédéral a nolisé un avion pour rapatrier ses citoyens coincés à bord du navire de croisière Grand Princess, et Québec a annoncé son quatrième cas probable de COVID-19, chez une femme qui revient d’une autre croisière. Bilan.

Canadiens rapatriés

Les Canadiens qui se trouvent à bord du Grand Princess seront rapatriés à Trenton, en Ontario. Les ministres François-Philippe Champagne (Affaires étrangères), Patty Hajdu (Santé) et Harjit Sajjan (Défense nationale) ont annoncé dimanche que le gouvernement avait « sécurisé les services d’un avion » pour ramener ces Canadiens. Les voyageurs seront transportés de San Francisco à Trenton, à la base aérienne, où ils subiront une évaluation médicale. Ils seront ensuite placés en quarantaine durant 14 jours. « Les passagers feront l’objet d’un dépistage des symptômes avant de monter à bord de l’avion. S’ils présentent des symptômes, ils ne seront pas autorisés à monter à bord et feront plutôt l’objet d’une évaluation plus approfondie afin de déterminer les prochaines étapes », a écrit le gouvernement fédéral dans un communiqué. Deux passagers actuels et 19 membres d’équipage ont contracté le virus, mais leur nationalité n’a pas été dévoilée ; 237 Canadiens sont à bord du navire. Prenant la parole à bord du navire samedi soir, le capitaine du Grand Princess, John Smith, a déclaré que les personnes nécessitant un « traitement médical aigu » seraient transportées dans des établissements de santé en Californie. Quand le premier cas de COVID-19 a été déclaré à bord du Grand Princess, les autorités américaines lui ont interdit d’accoster au port de San Francisco. Le navire, avec plus de 3500 personnes à bord, est demeuré au large des côtes de San Francisco durant plusieurs jours en attendant l’autorisation de s’amarrer au port d’Oakland, dimanche après-midi. Les passagers pourront commencer à descendre lundi.

Quatrième cas possible au Québec

Une femme qui a séjourné sur un navire de croisière ayant transité par le Mexique pourrait avoir contracté le coronavirus, a annoncé le ministère de la Santé et des Services sociaux, dimanche, ce qui en ferait la troisième personne atteinte au Québec puisque deux cas ont été confirmés jusqu’à maintenant. La femme, dont l’âge n’a pas été divulgué, habite en Montérégie et elle est actuellement en isolement à son domicile jusqu’à ce qu’elle ne présente plus de symptômes s’apparentant au coronavirus. La femme est revenue au Québec le 25 février, et le diagnostic du possible COVID-19 a été fait le vendredi 6 mars. Les autorités sont à recueillir l’information nécessaire pour retracer les personnes avec qui elle a été en contact durant cette période.

59 cas confirmés au Canada

L’Ontario compte 29 cas sur son territoire, avec un nouveau cas confirmé dimanche. Il s’agit d’une femme dans la quarantaine qui est revenue du Colorado le 2 mars. La patiente s’est présentée aux urgences du Centre des sciences de la santé Sunnybrook, à Toronto, où elle a été renvoyée chez elle en isolement. En Alberta, le premier cas a été confirmé dimanche depuis le début de la propagation. Il s’agit d’un homme dans la quarantaine qui habite la région d’Edmonton. L’homme a récemment voyagé dans plusieurs États américains, mais les autorités médicales croient qu’il a été contaminé par un compagnon de voyage qui a séjourné sur le Grand Princess et qui est l’un des cas confirmés en Colombie-Britannique. Deux nouveaux cas probables se sont aussi ajoutés à celui en attente d’une confirmation, ce qui porterait, s’ils se confirment, le bilan en Alberta à quatre cas en quatre jours. Trois d’entre eux sont liés au Grand Princess. Quatre provinces canadiennes sont maintenant touchées par la propagation du virus avec 59 cas confirmés : 29 en Ontario, 27 en Colombie-Britannique, 2 au Québec et 1 en Alberta.

Le quart de l’Italie en quarantaine

Avec 133 morts en 24 heures pour un total de 366, l’Italie est devenue le pays le plus touché par l’épidémie après la Chine. Dimanche, l’Italie a mis 15 millions d’habitants, soit le quart de sa population, en quarantaine, de Milan à Venise. Les déplacements des habitants de la « zone rouge » sont strictement limités, mais les frontières restent ouvertes avec les pays voisins (France, Suisse, Autriche, Slovénie). Cette mesure inédite en Europe est en vigueur jusqu’au 3 avril. Plus précisément, le confinement concerne toute la Lombardie et les provinces septentrionales de Modène, Parme, Piacenza, Reggio Emilia, Rimini (dans la région d’Émilie-Romagne), Pesaro et Urbino (région des Marches), Alessandria, Asti (Piémont), mais aussi Padoue, Trévise et Venise (en Vénétie). Les musées, salles de sport, piscines, discothèques, salles de jeux et pubs de la « zone rouge » doivent rester fermés, selon le décret signé dans la nuit par le chef du gouvernement, Giuseppe Conte.

Premier mort en Afrique

Le Moyen-Orient compte maintenant 6980 cas de COVID-19, pour la plupart en Iran, où le taux de mortalité a grimpé de 25 %, dimanche, pour s’établir à 194 sur les 6566 cas confirmés. La compagnie publique Iran Air a suspendu tous ses vols vers l’Europe. L’Égypte a annoncé dimanche son premier mort lié au coronavirus, le premier sur le continent africain : il s’agit d’un Allemand de 60 ans. Par ailleurs, en Allemagne, les cas d’infection augmentent rapidement, avec un bilan de 847 contaminations, soit 10 fois plus qu’il y a une semaine. À Moscou, quiconque ne respecterait pas les mesures de quarantaine risque désormais jusqu’à cinq ans de prison. En France, cinquième pays le plus touché avec 19 morts et 1126 cas, le ministre de la Santé a annoncé dimanche soir que les rassemblements de plus de 1000 personnes étaient désormais interdits.

D’autres morts en Asie

La Chine a rapporté lundi (heure locale) 22 nouveaux morts causés par le COVID-19, ce qui porte à 3119 le nombre de morts en Chine continentale parmi les 80 700 personnes qui ont été contaminées. Sur une meilleure note, le nombre quotidien de contaminations au COVID-19 a été au plus bas depuis le début du comptage de données en janvier, avec 40 nouveaux cas rapportés dimanche. Les îles Marshall ont interdit tous les vols vers leur territoire pour une période de deux semaines, une mesure visant à protéger le pays du nouveau coronavirus, alors qu’aucun cas n’a été enregistré. La Thaïlande puis la Malaisie ont refusé de laisser accoster un navire de croisière transportant 2000 personnes, dont des dizaines d’Italiens.

Annulations en série

De plus en plus d’événements sont annulés partout dans le monde, principalement en prévision du nombre de voyageurs à la baisse. Le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn se déroulera à huis clos en raison de la menace du COVID-19, a annoncé le gouvernement du pays, composé d’une trentaine d’îles du golfe Persique. Au Japon, le Tournoi du printemps de sumo, qui débute dimanche, se tient également à huis clos. Le tournoi de tennis d’Indian Wells, un des plus importants des circuits ATP et WTA devant débuter en Californie ce lundi, le Championnat du monde de hockey féminin, qui devrait débuter ce mois-ci à Halifax et à Truro, en Nouvelle-Écosse, les Jeux d’hiver de l’Arctique 2020, à Whitehorse, et le festival South by Southwest, à Austin, au Texas, ont tous été annulés pour empêcher la propagation du virus.

— Avec l’Agence France-Presse et La Presse canadienne

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Les entreprises doivent se préparer, soutient le ministre du Travail

Alors qu’un nouveau cas possible de COVID-19 a été détecté au Québec et que l’épidémie prend de l’ampleur dans le monde, les entreprises québécoises doivent dès maintenant prévoir un plan d’action pour faire face à la « crise du coronavirus », martèle le ministre Jean Boulet. Le recours au télétravail pourrait être une solution de choix pour éviter la contamination des travailleurs.

Même s’il est préoccupé par le coronavirus, le ministre québécois du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale se veut rassurant. « En cas de besoin, je serais là pour supporter et pour aider [les entreprises], parce qu’une transition devra se faire. Il faut éviter les impacts le plus possible sur les travailleurs », a-t-il soutenu dimanche en entrevue avec La Presse, en marge d’une conférence de presse à Montréal.

Le ministre Boulet encourage les entreprises québécoises à élaborer, avec les syndicats et les travailleurs, « le meilleur plan pour permettre de passer au travers de cette crise ». Il invite les entreprises à préparer leur plan d’action, même si la situation n’est pas aussi sévère qu’ailleurs dans le monde.

« Ça va s’exprimer parfois par un peu plus de télétravail, par des mises à pied temporaires, par une réorganisation du travail, par l’implantation de mesures de prévention et de détention. »

— Jean Boulet, ministre du Travail

Le télétravail, particulièrement, pourrait avoir un effet « bénéfique » pour les entreprises, dans les cas où son utilisation est possible. « Il va probablement y avoir une effervescence de télétravail », prédit-il.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, une hypothétique prolifération du COVID-19 au Québec serait évidemment une « catastrophe » pour les entreprises québécoises, estime Véronique Proulx, présidente-directrice générale de l’organisme Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

« L’urgence au quotidien »

Néanmoins, les entreprises manufacturières n’ont pas le temps pour le moment de se préoccuper de la possible absence d’employés en raison du COVID-19. « Ils sont à gérer l’urgence au quotidien », maintient Véronique Proulx. Et l’urgence, en ce lendemain de blocus ferroviaire, c’est l’approvisionnement des entreprises en Chine. Rappelons que certaines régions chinoises sont visées par une quarantaine depuis des semaines.

« Beaucoup d’entreprises s’approvisionnent en Chine. Les usines ont été fermées pendant un mois ou le sont encore. Ce qui fait en sorte que les entreprises ici n’ont pas accès à leurs matières premières et à leurs composants. Ils ne sont pas capables de fabriquer et de livrer dans les délais. C’est une question complexe sur le plan logistique », explique Véronique Proulx.

C’est pourquoi l’organisme qui représente 1100 manufacturiers au Québec presse les gouvernements de déployer des fonds pour limiter les pertes financières des entreprises dans un contexte économique rendu difficile par le blocus ferroviaire et le COVID-19.

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