Intelligence artificielle

Washington ouvre la voie à des enquêtes antitrust contre Nvidia, Microsoft et OpenAI

Les régulateurs fédéraux ont conclu un accord qui leur permet de mener des enquêtes antitrust sur les rôles dominants que jouent Microsoft, OpenAI et Nvidia dans le secteur de l’intelligence artificielle, ce qui constitue le signe le plus évident de l’intensification de l’examen réglementaire de cette puissante technologie.

Le département de la Justice et la Federal Trade Commission (FTC) ont conclu l’accord au cours de la semaine dernière, et il devrait être finalisé dans les prochains jours, selon deux personnes ayant connaissance de l’affaire, qui n’ont pas été autorisées à parler publiquement des discussions confidentielles.

Dans le cadre de cet accord, le département de la Justice prendra la tête de l’enquête visant à déterminer si le comportement de Nvidia, le plus grand fabricant de puces d’intelligence artificielle, a enfreint les lois antitrust, ont expliqué ces personnes. La FTC jouera le rôle principal dans l’examen du comportement d’OpenAI, qui fabrique le dialogueur ChatGPT, et de Microsoft, qui a investi 13 milliards US dans OpenAI et a conclu des accords avec d’autres entreprises d’IA.

L’accord signale l’intensification de l’examen par le département de la Justice et la FTC de cette technologie qui progresse rapidement et qui a le potentiel de bouleverser les emplois, l’information et la vie des gens. Les deux agences ont été à l’avant-garde des efforts de l’administration Biden pour contenir le pouvoir des plus grandes entreprises technologiques.

Après un accord similaire en 2019, le gouvernement a enquêté sur Google, Apple, Amazon et Meta et a depuis poursuivi chacun d’entre eux pour violation des lois antimonopoles.

Pendant des mois, Nvidia, Microsoft et OpenAI ont largement échappé à la surveillance réglementaire de l’administration Biden. Mais les choses ont commencé à changer lorsque l’IA générative, capable de produire des textes, des photos, des vidéos et des sons semblables à ceux des humains, a fait irruption sur la scène à la fin de l’année 2022 et a suscité une frénésie dans le secteur.

Série d’enquêtes

En juillet 2023, la FTC a ouvert une enquête pour déterminer si OpenAI avait porté préjudice aux consommateurs en recueillant des données. En janvier 2024, la FTC a également lancé une vaste enquête sur les partenariats stratégiques entre les géants de la technologie et les jeunes entreprises d’IA, notamment l’investissement de Microsoft dans OpenAI et les investissements de Google et d’Amazon dans Anthropic, une autre jeune entreprise d’IA.

Pourtant, les États-Unis sont en retard sur l’Europe en matière de réglementation de l’IA.

L’année dernière, les fonctionnaires de l’Union européenne se sont mis d’accord sur des règles historiques pour régir cette technologie en évolution rapide, en se concentrant sur les façons les plus risquées de l’utiliser.

À Washington, le mois dernier, un groupe de sénateurs a publié des recommandations législatives sur l’IA, appelant à des dépenses annuelles de 32 milliards US pour propulser les États-Unis à la tête de cette technologie, mais s’abstenant de demander de nouvelles réglementations spécifiques.

Les discussions entre la FTC et le département de la Justice au sujet des entreprises d’IA sont entrées dans leur phase finale au cours de la semaine dernière et ont impliqué les niveaux supérieurs des deux agences, a affirmé un fonctionnaire de la FTC ayant connaissance des discussions.

Lina Khan, présidente de la FTC, a dit lors d’une entrevue en février qu’en ce qui concerne l’IA, l’agence essayait de repérer « les problèmes potentiels dès le début plutôt que des années et des années plus tard, lorsque les problèmes sont profondément ancrés et beaucoup plus difficiles à rectifier ».

Les porte-parole de la FTC et du département de la Justice se sont refusés à tout commentaire. Microsoft et OpenAI n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires. Un représentant de Nvidia s’est refusé à tout commentaire.

Position dominante

Nvidia, OpenAI et Microsoft se sont retrouvés sous les feux de la rampe en tant que grands gagnants du boom de l’IA, ce qui a soulevé des questions quant à leur position dominante.

Nvidia, un fabricant de puces de la Silicon Valley, est le principal fournisseur d’unités de traitement graphique, ou GPU, qui sont des composants adaptés aux tâches d’IA telles que l’apprentissage automatique. Après l’essor de l’IA, les entreprises technologiques se sont empressées de mettre la main sur les GPU de Nvidia, doublant puis triplant ses ventes.

Le cours de l’action Nvidia a grimpé de plus de 200 % au cours de l’année écoulée, et la capitalisation boursière de l’entreprise a dépassé les 3000 milliards US pour la première fois mercredi, dépassant ainsi Apple.

Les acteurs du secteur s’inquiètent de plus en plus de la domination de Nvidia, ont dit deux personnes au fait de ces préoccupations, notamment de la manière dont les logiciels de l’entreprise contraignent les clients à utiliser ses puces, ainsi que de la manière dont Nvidia distribue ces puces à ses clients.

Microsoft est également devenue l’un des principaux fournisseurs d’IA. Elle détient 49 % d’OpenAI, qui s’est fait connaître du grand public avec la sortie, en 2022, de ChatGPT. La capacité du dialogueur à répondre à des questions, à générer des images et à construire du code informatique a captivé les gens et a rapidement fait de la jeune pousse l’une des entreprises les plus en vue de l’industrie technologique.

Microsoft a intégré la technologie d’OpenAI dans ses propres produits. L’IA génère désormais des réponses pour les utilisateurs de son moteur de recherche, Bing, et peut aider à créer des présentations et des documents dans PowerPoint et Word.

Les accords de Microsoft en matière d’IA ont fait l’objet d’un examen minutieux parce qu’ils permettent à l’une des plus grandes entreprises technologiques d’exercer une influence sur une technologie émergente, tandis que certains acteurs du secteur se demandent si ces accords sont structurés de manière à permettre à Microsoft d’éviter un examen direct par les autorités de réglementation.

Selon le Times, Microsoft a structuré sa participation minoritaire dans OpenAI en partie pour éviter l’examen antitrust. Microsoft a également conclu un accord en mars pour embaucher la majeure partie du personnel d’Inflection AI, une autre jeune pousse spécialisée dans l’IA, et obtenir une licence pour sa technologie. Comme il ne s’agit pas d’une acquisition classique, les autorités de régulation pourraient avoir plus de mal à l’examiner.

La semaine dernière, la division antitrust du département de la Justice a organisé une conférence sur l’IA à l’Université Stanford. Dans son discours d’ouverture, Jonathan Kanter, le plus haut responsable antitrust du Département, a souligné « les structures et les tendances de l’IA qui devraient nous faire réfléchir ».

« L’IA repose sur des quantités massives de données et de puissance de calcul, ce qui peut donner aux entreprises déjà dominantes un avantage substantiel », a-t-il déclaré.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

La revue boursière

Toronto grimpe, Wall Street en ordre dispersé

L’augmentation des titres des secteurs de l’énergie et des métaux de base a permis au principal indice boursier canadien de grimper jeudi, tandis que Wall Street a terminé en ordre dispersé. Les transactions boursières sont restées modérées à la veille de la publication du rapport sur l’emploi aux États-Unis ce vendredi et quelques jours avant la divulgation de données sur l’inflation. — La Presse Canadienne

Résultats du quatrième trimestre

Bénéfices en baisse pour Saputo

La société Saputo affirme avoir gagné 92 millions au quatrième trimestre, en baisse par rapport aux 159 millions gagnés un an plus tôt. Le transformateur laitier montréalais affirme que ses revenus pour le trimestre terminé le 31 mars se sont élevés à 4,55 milliards, en légère hausse par rapport aux 4,47 milliards du même trimestre de l’année dernière. Le bénéfice dilué par action s’est établi à 22 cents, contre 38 cents un an plus tôt. Le président et chef de la direction, Lino Saputo, affirme que l’entreprise a maintenu le cap, malgré « une volatilité des prix des marchandises, des consommateurs contraints et des pressions inflationnistes persistantes ». — La Presse Canadienne

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