arrêté pour conduite avec les facultés affaiblies

André Boisclair admet « une importante erreur »

Québec — L’ancien chef du Parti québécois (PQ) André Boisclair sortait d’une soirée bien arrosée quand il a heurté un poteau vers minuit, mercredi, dans une rue passante de la capitale. M. Boisclair a été relâché hier matin d’un poste de police de Québec après avoir signé une promesse de comparaître.

L’homme de 51 ans a reconnu, hier soir, avoir commis « une importante erreur ». «[...] J’ai effectivement été arrêté la nuit dernière pour avoir conduit mon véhicule alors que mes facultés étaient affaiblies par l’alcool. [...] J’en suis profondément désolé et je vais maintenant faire face à mes responsabilités », a écrit M. Boisclair sur Facebook.

La Champagnerie, bar à bulles de la rue Saint-Joseph, fêtait mercredi son premier anniversaire. L’alcool coulait à flots. Les propriétaires avaient engagé des effeuilleuses burlesques. Les bulles étaient vendues à moitié prix pour l’occasion, selon un témoin qui a vu l’arrestation de M. Boisclair.

« M. Boisclair était là. Tout le monde au bar a remarqué qu’il était vraiment sur le party. »

— Un témoin, qui a passé la soirée à La Champagnerie

Toujours selon ce témoin, qui préfère ne pas être nommé, M. Boisclair a d’abord heurté une voiture en sortant de sa place de stationnement, à quelques dizaines de mètres du bar. Puis il a ensuite percuté un poteau. « Il n’a pas dû faire bien plus de cinq mètres au volant, explique-t-il. Quand je suis sorti du bar, il était assis dans l’auto-patrouille. »

Selon la police de Québec, M. Boisclair a tenté d’intimider les policiers. « Au poste de police, le suspect a refusé de souffler dans l’appareil alcootest. Il aurait également fait de l’intimidation envers les policiers », explique Étienne Doyon, porte-parole du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ).

La police lui reproche les infractions suivantes : conduite avec les capacités affaiblies, refus de fournir un échantillon d’haleine, intimidation d’une personne associée au système judiciaire et entrave à la justice.

Selon l’article 423.1 du Code criminel, quiconque est reconnu coupable d’intimidation d’une personne associée au système judiciaire est passible d’un emprisonnement maximal de 14 ans.

« Ma vie allait bien dans toutes ses facettes. Je dois maintenant composer avec cette nuit du 9 novembre 2017 et tenter d’en réparer les conséquences. »

— Extrait du message d’André Boisclair publié sur Facebook

« Certes, cela survient dans ma vie personnelle, mais, pour personne, peu importe son statut et son parcours public, de telles erreurs peuvent être nuancées ou contextualisées », a-t-il ajouté.

Aucune accusation n’a encore été déposée contre M. Boisclair. Les policiers veulent s’assurer d’avoir tous les éléments en main avant de le faire. À noter que le SPVQ ne confirme toujours pas l’identité de l’homme. Elle ne le fera pas tant que celui-ci n’aura pas comparu, ce qu’il fera le 15 février, selon Radio-Canada.

L’ancien député de Gouin, chef du Parti québécois de 2005 à 2007, est aujourd’hui PDG de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU). L’organisme se décrit sur son site internet comme un « porte-parole de l’industrie immobilière commerciale ». Ses membres sont des propriétaires, des promoteurs, des investisseurs et autres acteurs de l’industrie.

En 2005, pendant la course à la direction du PQ, André Boisclair avait admis avoir consommé de la cocaïne à quelques reprises lorsqu’il était ministre. Il avait mis l’affaire sur le dos « d’erreurs de jeunesse », mais ses adversaires parlaient plutôt d’une erreur de jugement.

« Ma seule consolation est que la situation que j’ai causée n’ait pas eu de conséquences sur d’autres personnes que moi-même, continue Boisclair dans son message. Si une personne qui lit aujourd’hui ce message et se questionne ce soir après avoir pris quelques verres de sa capacité à conduire décide de s’abstenir, la présente publication aura eu son utilité. »

Ses anciens collègues restent prudents

Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, hier matin, les quelques députés péquistes qui ont commenté la nouvelle semblaient surpris et tristes à la fois pour leur ancien collègue et ancien chef.

« L’alcool au volant, c’est criminel, peu importe qui est au volant. Même si c’est mon ami, même si je trouve ça extrêmement triste, il va être jugé, l’alcool au volant, c’est criminel. »

— Agnès Maltais, députée péquiste de Taschereau

« Ça peut arriver à n’importe qui d’entre nous, mais que se passe-t-il dans sa vie ces temps-ci, je n’en sais rien. Je suis déçu de ce qui lui arrive parce que c’est un être agréable de commerce et c’est un malheur qui s’abat sur quelqu’un. Je ne le lis pas comme un ex-politicien ou comme un ex-chef du Parti québécois, je le lis comme un être humain. C’est un malheur qui s’abat sur quelqu’un », a dit Maka Kotto, souhaitant être prudent dans ses commentaires puisqu’il n’avait pas confirmé la nouvelle rapportée par les médias.

Éric Caire, leader parlementaire adjoint de la Coalition avenir Québec (CAQ), a pour sa part affirmé que « M. Boisclair, comme n’importe quel autre citoyen du Québec, est soumis aux mêmes lois ».

« Aujourd’hui, en 2017, conduire sa voiture en état d’ébriété, c’est manquer de jugement, ça, c’est clair », a-t-il laissé tomber.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a pour sa part dit que « ça peut arriver à n’importe quel citoyen, donc que puis-je dire… ».

« Moi, je dis à mes amis, à mes filles, il faut obéir aux lois », a-t-il ajouté.

— Avec La Presse canadienne

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