Montréal

Les écoles ont été le théâtre d’une soixantaine d’agressions armées en 2021

Au total, 64 agressions armées sont survenues dans les écoles de la région de Montréal en 2021, ce qui inclut les établissements du primaire jusqu’à l’université. Cinquante d’entre elles sont survenues pendant les heures supervisées d’école.

Ce sont là les statistiques fournies par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui dit ne pas avoir de sous-catégories par niveau d’enseignement ni par types d’armes. Le SPVM n’a pas non plus pu fournir les données depuis le début de 2022.

Outre les années 2021 et 2019, où le nombre se situe dans la soixantaine, depuis 2013, le SPVM enregistre plutôt annuellement une quarantaine d’agressions armées dans les écoles.

Entre 40 et 60, c’est beaucoup ou c’est peu, si cela se rapporte à tous les niveaux d’enseignement ? Catherine Beaumont, professeure et titulaire de la Chaire de recherche Bien-être à l’école et prévention de la violence, répond qu’un seul cas de violence, armée ou pas, en est un de trop.

Elle ajoute que de toute manière, il ne faut pas seulement se préoccuper de la violence quand elle est en hausse.

« [Il faut] plutôt s’en soucier en tout temps en raison des conséquences importantes de la violence sur le développement des enfants et ses répercussions dans la famille. »

– Catherine Beaumont, professeure et titulaire de la Chaire de recherche Bien-être à l’école et prévention de la violence

Mais contrairement au mythe voulant que la violence ne cesse d’empirer – véhiculé bon an, mal an, dit-elle, en début et en fin d’année scolaire –, rien n’indique que ce soit réellement le cas.

On ne dispose pas encore de données sur l’effet de la pandémie, mais en temps normal, au fil des ans, le tableau est plutôt stable.

Elle s’appuie pour le dire sur le Portrait de la violence dans les établissements d’enseignement du Québec réalisé par sa Chaire. Entre 2013 et 2019, la situation s’est même améliorée dans la majorité des catégories étudiées.

Les exceptions ?

« Les élèves disent observer plus souvent des groupes tentant d’imposer leurs règles, des gangs de l’extérieur causant des problèmes à l’école et des conflits entre groupes ethniques. »

– Extrait du Portrait de la violence dans les établissements d’enseignement du Québec

Pour leur part, est-il encore écrit, les élèves du secondaire disent observer « davantage de conflits entre les groupes ethniques en 2019, le personnel du primaire en observant un peu moins qu’en 2013 et celui du secondaire n’y voyant aucun changement au fil des ans ».

Une nervosité ambiante

Sur le terrain, Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, note que malgré les tirs survenus dans les rues ces dernières semaines, cela ne s’est apparemment pas traduit par une hausse de la violence à l’école. Mais nervosité il y a, aussi bien du côté du personnel que des élèves.

Les directions d’école consultées lui ont soumis leur inquiétude que les tirs puissent être le fait « d’anciens élèves de leur école possiblement en contact avec des élèves actuels ».

Aussi, « il arrive que des élèves racontent ce qu’ils ont vu dans leur quartier la fin de semaine. Cela les affecte aussi », note Mme Legault.

De façon générale, Mme Legault indique que les directions d’école remarquent tout particulièrement, ces derniers temps, une fragilité chez les élèves.

« Les élèves apparaissent surtout plus naïfs, plus fragiles et plus enclins à subir de mauvaises influences depuis la pandémie. »

– Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, estime pour sa part qu’il est difficile d’avoir un portrait juste de la violence verbale et physique en raison de la tendance des écoles, souvent, « à ne pas vouloir ébruiter ce qui s’y passe ».

« L’information est souvent floue, cachée », ce qu’elle attribue « à la compétition entre les écoles privées et publiques ou entre les différentes écoles publiques » qui sont soucieuses de préserver leur image.

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