La ligne bleue ne doit plus jamais être une promesse électorale

L’attente a assez duré, il est plus que temps de prolonger la ligne bleue du métro de Montréal jusqu’à Anjou. Malgré un consensus politique et social en faveur du projet, les résidants de l’est de Montréal attendent depuis plus de 30 ans. Il faut maintenant réaliser le projet. La ligne bleue ne doit plus jamais être une promesse électorale.

Le financement des gouvernements du Québec et du Canada a finalement été confirmé en 2019 et, depuis, les acteurs impliqués ont réuni les conditions nécessaires pour assurer l’intégration harmonieuse de la nouvelle infrastructure dans les milieux qu’elle traversera. Tout est maintenant en place. Par exemple, le programme particulier d’urbanisme de la rue Jean-Talon Est sera bientôt adopté pour s’ajuster au redéveloppement et à la densification que suscitera le projet.

Le SRB Pie-IX sera mis en service au cours de la prochaine année, ce qui permettra un arrimage avec le prolongement de la ligne bleue et offrira des services intégrés et supérieurs aux personnes vivant dans l’est de la métropole.

Parallèlement aux démarches urbanistiques, le processus d’expropriation a bien cheminé, non sans difficulté. Dans plusieurs cas, les pouvoirs publics ont dû assumer une facture très élevée, démontrant par ailleurs l’urgence de réformer le régime d’expropriation du Québec parce qu’il entraîne des délais et des coûts disproportionnés.

Une question de temps

Devant les coûts de projets d’infrastructures majeures qui explosent partout au Québec, personne ne reprochera aux décideurs de chercher à optimiser le projet. Évitons toutefois de tomber dans de nouvelles tergiversations interminables.

Il y a plusieurs mois que le groupe d’experts mis en place par le gouvernement du Québec pour limiter les coûts a déposé son rapport sur le projet. Il est plus que temps d’y donner suite et d’enfin approuver le dossier d’affaire du projet pour donner le feu vert au lancement des travaux.

Pour un projet de 6 milliards de dollars, chaque mois d’indécision coûte au bas mot une dizaine de millions seulement en inflation ! En tardant à prendre les décisions qui s’imposent, on fait donc augmenter les coûts du projet et on nourrit le cynisme vis-à-vis de la capacité des autorités publiques à mener de grands projets.

La mobilité durable, au cœur du Plan pour une économie verte du gouvernement du Québec, doit être une priorité aujourd’hui, pas dans cinq ans. Il faut agir maintenant.

Une question d’équité et d’accessibilité

L’est de la métropole a trop longtemps été l’enfant pauvre des investissements gouvernementaux. Le projet constitue une priorité du point de vue de l’équité territoriale.

Il faut saisir l’occasion de la ligne bleue pour développer une offre de logement bien desservie en transport collectif et adaptée aux besoins de la population locale. Profitons du redéveloppement du secteur pour verdir les quartiers tout en assurant leur abordabilité.

Tant la Ville de Montréal que le gouvernement du Québec ont exprimé leur intention ferme de mieux arrimer le développement urbain avec les projets de mobilité. Voilà l’occasion par excellence de bien faire les choses. L’intermodalité est une clé du succès. Les nouvelles stations devront être facilement accessibles à pied et à vélo. Inspirons-nous des meilleures pratiques internationales pour l’interconnexion des réseaux, par exemple les Pays-Bas !

Une question de priorité

Le gouvernement Legault a fait du développement du transport collectif un élément central de son plan de lutte contre les changements climatiques. Certes, les annonces des projets de REM de l’Est et de REM de Longueuil témoignent de cette volonté. Les débats entourant ces projets ne justifient en aucun cas de ralentir le prolongement de la ligne bleue. Rappelons que le projet de prolongement de la ligne bleue jouit d’une grande acceptabilité sociale et d’un consensus politique, sa réalisation doit ainsi demeurer prioritaire.

Alors que des élections québécoises auront lieu cet automne, il faudra faire le bilan des réalisations en matière de mobilité durable. La capacité à faire se concrétiser le prolongement de la ligne bleue devra constituer un des principaux critères d’analyse de la performance du gouvernement Legault.

* Cosignataires : Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec ; Emmanuel Rondia, directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal ; Pierre Frisko, directeur général de la Société de développement commercial Jean-Talon ; Yves Bellavance, coordonnateur de la Coalition montréalaise des Tables de quartier ; Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec ; Jonathan Roy, directeur général de la Corporation de développement communautaire de la Pointe ; Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’est de Montréal ; Charles Bonhomme, spécialiste, affaires publiques, de la Fondation David Suzuki

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