Sites miniers abandonnés

Le grand nettoyage

Rivières acides. Déserts de sable. Paysages dignes de la planète Mars. Le Québec compte 499 sites miniers abandonnés, pour des dommages totalisant plus de 1 milliard de dollars. Aujourd’hui, l’État québécois tente de réparer les dégâts.

UN DOSSIER DE PHILIPPE MERCURE ET DE MARTIN TREMBLAY

Un désert acide en plein lac

La camionnette dans laquelle se trouvent Martine Paradis et Alexandre Dubé roule à plein régime, puis s’arrête dans un nuage de poussière. Les deux ingénieurs du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles sautent hors du véhicule.

Nous sommes sur le dessus d’une digue qui fait office de route. De chaque côté, le paysage semble sorti de deux planètes différentes. À droite, les vagues du lac des Dorés s’échouent sur une grève de cailloux. Trois îles plantées d’épinettes sont visibles. À gauche s’étend un champ de boue orange complètement dénudée de végétation. Une rivière rouge y coule en méandres.

« C’est l’acidité, explique Martine Paradis pour expliquer la désolation. C’est l’un des deux gros défis de ce site. L’autre est sa taille. »

Nous sommes sur le site de l’ancienne mine Principale, aussi appelée « île Merrill », à quelques kilomètres de Chibougamau. De 1953 à 1979, dans cette île artificielle créée en reliant plusieurs îles naturelles, on a exploité le cuivre. L’usine a aussi traité le minerai d’une douzaine d’autres mines avoisinantes, continuant bien après la fermeture de la mine.

Puis, en 2009, l’entreprise Ressources Meston a fait faillite, laissant en plan les infrastructures et des résidus souvent toxiques s’empilant sur 300 hectares – une fois et demie la superficie du parc du Mont-Royal.

Entourée d’un lac qu’elle menace de contaminer, criblée de galeries dangereuses, remplie de substances génératrices d’acide, la mine Principale est le site minier abandonné le plus problématique de toute la province. Sa restauration, qui débute à peine, devrait s’étendre jusqu’en 2021.

La mine Principale est le pire exemple d’un vaste problème. En tout, 499 sites miniers sont inscrits au passif environnemental du Québec.

Total de la facture estimée pour les contribuables : 1,22 milliard de dollars. En novembre dernier, Québec a annoncé un coup d’accélérateur pour réparer les dégâts. Objectif : dépenser au moins 620 millions en restauration minière d’ici 2022 afin de régler 80 % du problème.

« L’État a choisi d’agir parce qu’il n’y a pas de responsables connus ou solvables », avait alors expliqué le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

De l’Abitibi au Nord-du-Québec, en passant par la Côte-Nord et l’Outaouais, le grand nettoyage se met en branle.

Restauration extrême

À la mine Principale, les ingénieurs de l’État tentent encore de cerner les nombreux problèmes auxquels ils font face. Le fait qu’un grand nombre de mines aient déversé ici leurs résidus ajoute à la complexité. « On tombe sur de petites surprises un peu partout », dit Martine Paradis.

Sur une parcelle du site, une pelle mécanique fouille le sol. Des résidus d’une ancienne mine y ont été jetés. Les chercheurs croient pouvoir les utiliser pour recouvrir d’autres résidus, mais ils doivent d’abord en évaluer la quantité. À même le godet de la pelle mécanique, Martine Paradis et Alexandre Dubé recueillent une matière grise qui vient d’être ramenée de 6 m sous la surface. Les ingénieurs la font glisser entre leurs doigts, la portent à leur nez pour la sentir. Une discussion animée s’ensuit.

« Lui pense que c’est de l’argile, moi, je pense que c’est du résidu minier », explique Martine Paradis. La substance sera finalement mise en pot et prendra le chemin du laboratoire.

Là où s’érigeaient jadis le moulin et le concentrateur de la mine trône aujourd’hui un incroyable bric-à-brac de béton brisé et de fer rouillé. Un peu partout, on aperçoit des pancartes portant l’avertissement « Danger – grande ouverture profonde ». Derrière se cachent des cavernes inondées dans lesquelles l’eau suinte. Au fond d’une crevasse, à la mi-septembre, nous avons vu luire de la glace.

Les ingénieurs du Ministère ont retrouvé de vieux plans de ces galeries creusées jadis par les mineurs pour suivre les veines de cuivre. Mais en forant des carottes de forage, ils en ont intercepté d’autres qui n’y étaient pas indiquées. Après qu’ils eurent percé plusieurs dizaines de trous, un plan 3D du sous-sol a été dessiné. Des experts en mécanique des roches se creusent actuellement la tête pour savoir comment stabiliser tout ça.

Drainage minier acide

Mais le plus gros défi de la mine Principale n’est pas mécanique. Il est chimique. En ramenant d’énormes quantités de minéraux à la surface, l’activité minière a exposé le fer et le souffre normalement enfermés dans le roc à l’oxygène de l’air. Résultat : les métaux s’oxydent, déclenchant des réactions chimiques en cascade. L’un des produits est l’acide sulfurique, un puissant polluant.

« On appelle ça “du drainage minier acide”. Ici, par exemple, le pH ne dépasse pas 2,5 », explique Martine Paradis en enfonçant ses bottes dans un sol gorgé d’eau orange et boueuse.

Quand on marche dans certaines zones de la mine Principale, une odeur de soufre prend au nez. Ailleurs, les roches mauves, jaunes, rouges et vertes témoignent de la présence de minéralisation. L’acidité libère les métaux dans l’environnement, où ils atteignent des concentrations qui dépassent les seuils réglementaires et peuvent être dommageables pour la faute et la flore. Certains secteurs sont de véritables déserts de sable, dans lesquels ne se dressent que des arbres morts et blanchis. Difficile de croire qu’on est ici en pleine forêt boréale.

Neutraliser toute l’activité chimique du site est une tâche tout simplement impossible. « C’est un peu comme un patient diabétique, explique Robert Lacroix, de la direction de la restauration des sites miniers au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. On ne peut pas le guérir, mais on essaie d’en contrôler les symptômes. »

À la mine Principale, la première étape a été d’ériger des digues pour empêcher les écoulements acides d’atteindre le lac. Prochain défi : empêcher l’oxygène d’entrer en contact avec les résidus dans l’espoir de freiner les réactions d’oxydation qui génèrent l’acide.

Les groupes écologistes applaudissent ces efforts de restauration… tout en les suivant d’un œil attentif.

« C’est beau de vouloir “patcher” une partie du passif environnemental, mais encore faut-il le faire comme il faut. La qualité des travaux préoccupe beaucoup de monde. Est-ce qu’il va falloir refaire le travail dans 10 ans parce que les problèmes ressurgissent ? », demande Ugo Lapointe, de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

Les ingénieurs du Ministère ont exactement les mêmes préoccupations en tête.

« Ce n’est pas comme construire un pont où il y a des normes à suivre, dit Martine Paradis. Ici, il n’y a pas de solutions toutes faites. On veut s’assurer qu’on fait les bonnes choses. Parce qu’avec un site de cette ampleur, on ne veut pas avoir à revenir et remettre de l’argent. »

Trois techniques de lutte contre les résidus acides

Asphyxier

Les réactions chimiques qui génèrent de l’acide ont besoin d’oxygène pour se déclencher. En enterrant les résidus problématiques sous une épaisse couche de matériel, les ingénieurs espèrent les couper de l’air et ainsi empêcher ces réactions de se produire. Pour limiter les coûts et le transport, les ingénieurs tentent souvent d’utiliser des matériaux qui se trouvent déjà sur le site.

Inonder

Cela semble contre-intuitif, mais une autre technique de restauration est de remonter le niveau de la nappe phréatique jusqu’à ce que l’eau souterraine inonde les résidus miniers générateurs d’acide. « Lorsque l’eau remplit tous les interstices entre les résidus, il n’y a plus de place pour l’oxygène et les réactions d’oxydation sont stoppées », explique Martine Paradis. Les nappes sont remontées en bâtissant des digues. Le fait de recouvrir les résidus d’un matériau approprié aide aussi à limiter l’évaporation de la nappe phréatique et à enfoncer les résidus dans le sol.

Revégétaliser

Une fois les résidus recouverts, les restaurateurs plantent de la végétation, jusqu’à ce que la nature reprenne ses droits. « La restauration, c’est de la géologie, beaucoup, beaucoup de chimie et, ultimement, du jardinage », dit Robert Lacroix, du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

L’ Abitibi du haut des airs

En Abitibi-Témiscamingue, on vit des mines depuis plus d’un siècle. En plus de créer des emplois et de la richesse, l’activité minière a marqué le territoire. Aperçu, du haut des airs, des mines actives et abandonnées de cette région qui demeure le cœur minier du Québec.

1. Le site Manitou, d’une superficie de 200 hectares, est situé près de Val-d’Or. Ses résidus miniers générateurs d’acide ont eu un impact majeur sur l’environnement, notamment sur la rivière Bourlamaque. L’endroit avait été placé sur la liste « urgente » du gouvernement du Québec.

 2. La mine Canadian Malartic, la plus grosse mine d’or à ciel ouvert du pays, est détenue par les entreprises Yamana Gold et Mines Agnico Eagle. Le site est actif et en pleine expansion. 

3. Une île de la Polynésie française ? Non. Il s’agit d’un parc à résidus de la mine LaRonde, d’Agnico Eagle, située entre Val-d’Or et Rouyn-Noranda. Le site, toujours actif, a déjà produit plus de 5 millions d’onces d’or depuis son ouverture, en 1988.

 4. La mine LaRonde, qui plonge à plus de 2 kilomètres sous terre, produit du cuivre, du zinc, de l’or et de l’argent. 

5. On voit ici le parc à résidus de l’usine Camflo, qui vient tout juste d’être acquise par Corporation Aurifère Monarques des mains de Mines Richmont. L’usine concasse et concentre le minerai provenant de la mine Beaufort et, à l’occasion, d’autres mines avoisinantes. 

6. La mine Gallen, une mine de zinc et d’or, appartient à l’entreprise Glencore. 

7. Un parc à résidus de la mine d’or Goldex, de l’entreprise Agnico-Eagle, où l’on exploite de l’or depuis 2013. 

8. Le complexe Kiena, de l’entreprise Westdome, est situé sur l’île Parker, dans le lac de Montigny (à l’est de Val-d’Or). Le site a été fermé en 2013. 

9. La mine Westwood, de l’entreprise ontarienne Iamgold, est située tout près de l’ancienne mine Doyon, à 40 km à l’est de Rouyn-Noranda. 

10. La mine Westwood est en production depuis 2013 et est toujours en activité. 

11. La mine d’or Sigma-Lamaque, à l’entrée de Val-d’Or, a longtemps été exploitée par Century Mine Corporation. Salaires impayés, infractions aux lois environnementales, comptes en souffrance : l’entreprise américaine a donné bien des maux de tête au gouvernement québécois avant de faire faillite, en 2012. Le site a été racheté depuis par Integra Gold, de Vancouver. 

12. Zinc, cuivre, or, argent : on a tiré plusieurs métaux de la mine Bouchard-Hébert, près de Rouyn-Noranda, avant sa fermeture, il y a quelques années. L’entreprise Nyrstar, qui en est propriétaire, travaille actuellement à sa restauration.

Combattre les résidus par les résidus

Utiliser des résidus miniers d’une mine active… pour neutraliser des résidus miniers d’une mine abandonnée. C’est l’expérience à grande échelle qui se déroule actuellement sur le site Manitou, un chantier titanesque de 200 hectares en Abitibi. Ici, la restauration coûtera 51 millions et durera près de 20 ans. Explications en images.

Robert Lacroix, ingénieur pour le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, se souvient de la désolation qui régnait à Manitou quand la restauration y a démarré, en 2006. « C’était couleur rouille à perte de vue », dit-il. Entre 1942 et 1979, l’exploitation du cuivre et du zinc a produit ici 11 tonnes de résidus générateurs d’acide. Jetés dans des parcs mal confinés, ces résidus se sont dispersés sur des kilomètres, gagnant le ruisseau Manitou et la rivière Bourlamaque et contaminant une superficie plus grande que le parc du Mont-Royal. Aujourd’hui, les écoulements orange dans certaines parties du site montrent que le problème n’y est pas encore jugulé.

Le gouvernement du Québec a hérité de Manitou en 2003, quand le dernier détenteur des droits miniers, Ressources Ste-Geneviève, a fait faillite. En 2006, 10 km de fossés ont été creusés pour empêcher les eaux non contaminées de venir s’y polluer. Prochain défi : recouvrir les résidus pour les isoler de l’air et freiner les réactions d’oxydation génératrices d’acide. Pour ça, l’idée a germé d’utiliser les déchets miniers de la mine d’or Goldex, de Mines Agnico Eagle, en pleine activité. Un pipeline de 23 km a été installé entre les deux sites. Aujourd’hui, il crache une boue grise provenant de Goldex sur le site de Manitou.

Les résidus miniers de Goldex sont gris et alcalins. Ceux de Manitou sont orange et générateurs d’acide. En principe, les deux types de résidus pourraient se neutraliser. Dans les faits, les mettre en contact est une opération impossible à réaliser à grande échelle. « On a démontré qu’il faudrait huit parts de Goldex pour neutraliser une part de Manitou. Ce n’est pas gérable comme quantité de matériel », explique Robert Lacroix. Les résidus de Goldex servent donc plutôt de couvercle pour étouffer les réactions chimiques en coupant l’oxygène et l’eau aux résidus. « On contrôle le problème, dit M. Lacroix. Compte tenu des problématiques qu’on avait ici et qui duraient depuis 60 ans, la réalité est qu’on ne peut pas ramener ça comme c’était avant. »

Une fois les déchets miniers de Manitou recouverts par les résidus de Goldex, on y dépose des résidus forestiers dont les entreprises cherchent à se débarrasser. Des boues de fosses septiques, dont l’odeur ne trompe pas, peuvent aussi y être déversées. Ces matières serviront de terreau pour replanter de la végétation. « Ici, on est opportuniste. On prend tout ce qui est gratuit. Et quand ce n’est pas gratuit, on négocie jusqu’à ce que ce le soit », dit Robert Lacroix.

Certaines parcelles du site Manitou ont déjà été revégétalisées. Elles ont l’allure de vastes prairies de joncs et de quenouilles, dans lesquels pointent de petits bouleaux et peupliers. Les grillons y chantent par centaines. Le sol est mouillé et on y marche avec des bottes. « La nappe phréatique est haute, c’est très bon », observe Robert Lacroix avec satisfaction. Comme à la mine Principale, on veut ici que l’eau s’insère entre les résidus pour chasser l’air. Des appareils mesurent en permanence la qualité de l’eau souterraine.

Pour confiner le problème qui s’étendait sur des centaines d’hectares, les ingénieurs ont ramené plusieurs tonnes de résidus problématiques au même endroit, formant une petite montagne au sommet aplati. Aujourd’hui, elle représente le plus grand défi de Manitou. Pour limiter l’érosion par le vent, la montagne a été recouverte de résidus de Goldex. On s’y promène comme sur la Lune, entouré de poussière grise. Sur les côtés, des écoulements orange montrent que du drainage minier acide se produit. Les ingénieurs ont été incapables de remonter la nappe phréatique jusqu’au sommet des résidus, et testent actuellement diverses techniques pour chasser l’air.

La restauration des sites miniers a stimulé tout un champ de recherche scientifique. À l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, pas moins de 80 étudiants et stagiaires s’y consacrent, dont plusieurs viennent de l’étranger pour acquérir une expertise. Bruno Bussière, qui dirige la Chaire de recherche CRSNG-UQAT sur la restauration des sites miniers, a beaucoup travaillé sur le site Manitou. Ici, il teste une méthode pour empêcher l’oxygène d’atteindre les résidus avec une barrière faite d’une couche de matériau fin emprisonnée entre deux couches de matériau grossier. « C’est comme une éponge entre deux planches. L’eau se retrouve dans l’éponge et ça bloque l’oxygène », explique-t-il.

Apprendre du passé

S’il y a un endroit au Québec où l’altération du paysage et son éventuelle restauration alimentent les discussions, c’est bien à Malartic.

Cette petite ville située entre Val-d’Or et Rouyn-Noranda a fait les manchettes quand un quartier complet a été déplacé pour faire place à une mine d’or. Aujourd’hui, elle est devenue la plus grande mine aurifère à ciel ouvert de tout le Canada.

Du bord de la route 117, un observateur non préparé qui jette un coup d’œil à la fosse est mûr pour un solide vertige.

Plusieurs centaines de mètres plus bas, un escadron de camions chargés de roc – La Presse en a compté 28 – remonte patiemment la rampe vers la surface. Ces mastodontes, dont les roues peuvent atteindre la hauteur d’un homme, ressemblent d’ici à des jouets.

Ces opérations titanesques visent à aller chercher de la poussière d’or. Les entreprises Agnico Eagle et Yamana Gold extraient de leur mine Canadian Malartic un gramme d’or par tonne de roc – une opération dite de « basse teneur, fort tonnage ». Et ce n’est pas fini. Lors de notre passage, des travailleurs installaient un mur au sud-est de la ville, derrière lequel la mine s’étendra. Même la route 117 sera déplacée afin d’agrandir la fosse.

« On est encerclés », a commenté Roberto Buscemi qui, depuis son domicile, assistait à l’installation du mur.

Entre les emplois et le dynamisme économique d’un côté et les inconvénients de l’autre, les citoyens de Malartic sont divisés face à ce qu’il advient de leur ville. Une chose est certaine, cependant : l’époque où les entreprises pouvaient abandonner un tel site sans rien faire après y avoir tiré tout le minerai est révolue.

Serrer la vis aux minières

En 1995, Québec a exigé que les entreprises fournissent un plan de restauration de leur site ainsi que des garanties financières pour en couvrir les coûts. En 2013, les règles ont été resserrées. La garantie doit maintenant couvrir la totalité des coûts de restauration estimés, et doit être versée selon un calendrier plus serré.

Tant le plan de restauration que l’estimation des coûts doivent être approuvés par le gouvernement. Pour les groupes écologistes, il était temps qu’on en arrive là.

« Les gestes qui ont été posés en 2013 sont de bons gestes, qui allaient dans la bonne direction », dit Ugo Lapointe, de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

M. Lapointe se demande toutefois si, dans les faits, les entreprises versent toujours les sommes demandées selon le calendrier imposé. Or, il est impossible de le savoir.

« La loi ne permet pas de divulguer les montants versés par les entreprises », a expliqué à La Presse le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Cinq fois le parc du Mont-Royal

Dans le cas de Canadian Malartic, le plan de restauration totalise plus de 163 millions de dollars, dont la moitié a déjà été versée au gouvernement sous forme de lettre de crédit « irrévocable et inconditionnelle ». Les travaux seront colossaux. Ce qu’on appelle la « halde à stériles » et le parc à résidus totaliseront à terme 920 hectares – cinq fois la superficie du parc du Mont-Royal. En 2028, date de fermeture prévue de la mine, ils seront recouverts, puis revégétalisés.

La fosse elle-même, dont le volume équivaudra à 460 000  piscines olympiques, sera trop grande pour être remplie.

Les talus seront réaménagés et on laissera l’eau s’y accumuler, ce qui formera un lac.

« Probablement que dans 100 ans, ça va être beau, lance avec dépit le citoyen Roberto Buscemi. En attendant, la région va ressembler à un terrain de golf pour géants. Ou à une piste d’atterrissage pour astéroïdes. »

Mario Ayotte, lui, est plus positif.

« Je suis mineur, ça fait 40 ans que je travaille dans les mines, dit-il. J’aime ce que je vois. Ça ne reviendra pas comme c’était, mais les efforts sont là. Et Malartic, qui était morte, est en train de revivre. »

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