LE B.A.-BA DE LA NOUVELLE ORTHOGRAPHE
L’adoption par l’Académie française de modifications à un peu plus de 2000 mots visait à en simplifier l’écriture en éliminant certaines anomalies, exceptions ou irrégularités.
Mais comme le précise l’Académie, « aucune des deux graphies — ni l’ancienne ni la nouvelle — ne peut être tenue pour fautive. » On peut donc continuer d’écrire « oignon » ou adopter la graphie « ognon », au choix.
La nouvelle orthographe — ou « orthographe rectifiée » — supprime le trait d’union dans un grand nombre de mots composés. Cette soudure en fait alors des mots simples.
Attention, toutefois : certains termes restent intacts et gardent leur trait d’union. C’est le cas des mots composés qui ne pourraient être prononcés correctement avec une soudure (comme « extra-utérin »), des noms propres ainsi que des termes géographiques liés par un trait d’union (« sud-africain », par exemple).
Exemples :
Auto-école devient autoécole
Entre-déchirer devient entredéchirer
Entre-temps devient entretemps
Croque-monsieur devient croquemonsieur
L’écriture des numéraux composés se trouve grandement simplifiée par la réforme orthographique. Plus besoin de se casser la tête en rédigeant un chèque : désormais, toutes les composantes d’un nombre complexe peuvent être liées par un trait d’union.
Exemple :
Trente et un devient trente-et-un
Faut-il mettre ou non la marque du pluriel aux mots qu’un trait d’union unit ? Et où la met-on : au premier élément, au second, ou alors aux deux ? À ce rayon aussi, les nouvelles règles orthographiques se sont vues facilitées. Sauf exception, les mots composés qui prennent la forme verbe-nom ou préposition-nom prennent la marque du pluriel au second élément seulement.
Exemples :
Des essuie-mains
Des avant-midis
Une autre subtilité de la langue que l’orthographe rectifiée envoie aux oubliettes est l’accent circonflexe sur les lettres i et u. L’exception à la règle : si l’accent permet de différencier des homonymes, il reste (comme dans « mûr » ou « sûr »). On le conserve aussi dans les terminaisons verbales du passé simple et du subjonctif.
Exemple :
Entraîner devient entrainer
Flûte devient flute
Dans plusieurs cas, l’accent aigu a été remplacé par un accent grave. C’est entre autres ce qui se produit devant une syllabe contenant un e muet.
Exemples :
Événement devient évènement
Réglementaire devient règlementaire
Je céderai devient je cèderai
Au chapitre des accents, le tréma n’est pas en reste avec la nouvelle orthographe. Il est déplacé sur la lettre u dans plusieurs mots et est ajouté à d’autres pour que la graphie soit conforme à la prononciation souhaitée.
Exemples :
Ambiguë devient ambigüe
Aiguë devient aigüe
Gageure devient gageüre
Toujours dans un effort de simplification, de nombreux mots qui comportaient des consonnes doubles dans l’ancienne orthographe se voient amputés de l’une d’elles dans la nouvelle.
Exemples :
Frisottis devient frisotis
Interpeller devient interpeler
J’époussette devient j’époussète
Dans les cas où la graphie d’un mot et sa prononciation ne concordaient pas, la nouvelle orthographe a proposé quelques corrections. C’est peut-être d’ailleurs la catégorie de rectifications orthographiques qui a le plus fait couler d’encre depuis leur adoption !
Exemples :
Oignon devient ognon
Nénuphar devient nénufar
Eczéma devient exéma
Et qu’en est-il des mots de même famille qui n’ont pas une graphie semblable ? La nouvelle orthographe tente de les réconcilier en harmonisant la façon de les écrire.
Exemples :
Chariot devient charriot (même famille que « charrue »)
Imbécillité devient imbécilité (même famille qu’« imbécile »)
Bonhomie devient bonhommie (même famille que « bonhomme »)
Contrairement à ce qu’on entend souvent, le mot « cheval » n’a pas été affublé d’un nouveau pluriel au moment de réformer l’orthographe. Il est donc tout faux de croire que « chevals » peut maintenant remplacer « chevaux ». L’avis de l’Office québécois de la langue française est sans équivoque à ce sujet : cheval avec un s n’est pas une forme plurielle acceptée !