La face cachée du saumon d’élevage

Le saumon d’élevage est nourri de granulés à base d’huile de petits poissons, de plumes de poulet broyées et de litière de volaille, ce que la grande majorité des consommateurs ignore sûrement.

L’Année internationale de l’aquaculture et de la pêcherie artisanale s’amorcera en janvier 2022, ce qui met la table pour des discussions sur le saumon, l’une des plus grandes productions d’aquaculture au monde. Selon certaines estimations, plus de 80 % du saumon consommé dans le monde provient de l’élevage commercial.

Une récente enquête menée par l’Université Dalhousie s’est intéressée à la consommation de saumon au Canada. L’objectif de ce rapport était de mieux comprendre la perception des Canadiens sur les méthodes de production du saumon et ce qu’ils en savent.

L’enquête se divisait en deux sections distinctes. La première portait sur les habitudes et les préférences de consommation et la seconde abordait les méthodes d’élevage.

Au total, 79 % des Canadiens consomment du saumon, dont 10 % qui en mangent chaque semaine.

Lorsqu’on leur demande pourquoi ils ne mangent pas de saumon, la raison la plus fréquemment invoquée par les Canadiens se rapporte au goût. Alors que 42 % ont répondu que le goût constituait la raison pour laquelle ils ne mangent pas de saumon, 30 % ont répondu que c’est surtout parce qu’ils ne mangent aucune sorte de poisson. Le prix représente un problème pour 11 % des Canadiens. Résultat tout de même surprenant, puisque les prix au comptoir des fruits de mer ont toujours été élevés.

Finalement, 5 % des Canadiens n’achètent pas de saumon en raison de la présence de produits chimiques ou de parasites. Depuis toujours, les méthodes utilisées dans le secteur dérangent un peu. D’ailleurs, certains rapports suggèrent que la majorité du saumon d’élevage est nourrie de granulés à base d’huile de petits poissons, de plumes de poulet broyées et de litière de volaille. Eh oui, du fumier. La grande majorité des consommateurs l’ignore sûrement.

La deuxième section présentait des données sur la façon dont les Canadiens appuient certaines méthodes de production. À la question de savoir s’ils préfèrent le saumon sauvage ou d’élevage, 49 % des Canadiens avouent préférer le saumon sauvage, mais 42 % n’ont aucune préférence. Lorsqu’on leur demande les raisons pour lesquelles ils préfèrent le saumon sauvage, les réponses varient. Au total, 62 % veulent manger un produit élevé dans un habitat naturel, alors que 37 % pensent que le saumon sauvage réduit les risques de contamination, 29 % pensent que le saumon sauvage est plus nutritif, même si des recherches récentes suggèrent le contraire. Environ 23 % des Canadiens préfèrent le saumon sauvage parce qu’ils considèrent cette méthode de production comme plus durable.

Élevage terrestre ou en mer

Les différences citées entre la production sur terre et la production en mer suscitaient également de l’intérêt. Alors que 21 % des Canadiens préfèrent manger du saumon provenant d’un élevage terrestre, un total de 39 % préfèrent un élevage en mer. Les membres de la génération Z ont des opinions plus tranchées sur cette question. Alors que 33 % des participants de la génération Z préfèrent les élevages sur terre, 46 % soutiennent les élevages en mer. Les milléniaux appuient les élevages de saumon en mer à 44 %. Seuls 12 % de la génération des baby-boomers approuvent les élevages de saumon sur terre, et 36 % du même groupe soutiennent les élevages en mer. Le soutien aux élevages en mer est nettement plus fort dans tous les groupes.

Ces résultats démontrent que 50 % des gens sondés semblent mal comprendre la signification de l’élevage sur terre et de l’élevage en mer.

Cela contredit un rapport commandé récemment par le ministère Pêches et Océans Canada qui suggérait que les consommateurs entretenaient une préférence pour l’élevage sur terre, car ils étaient également prêts à payer des prix plus élevés. Rien n’est moins clair.

Somme toute, nous devons examiner toutes les options en fonction de leur valeur scientifique avant d’inciter l’industrie à adopter une méthode de production plutôt qu’une autre. Mais surtout, les consommateurs doivent en savoir davantage sur l’aquaculture et les méthodes d’élevage. Par exemple, nous vendons présentement du saumon génétiquement modifié sans étiquetage et presque personne n’est au courant.

Espérons que 2022 poussera Pêches et Océans Canada à en faire davantage pour mieux informer le public sur les réalités du saumon d’élevage et de l’aquaculture de façon générale.

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