Appel à tous

Les jeunes nés après le 11 septembre 2001

Pour la plupart d’entre nous, il y a eu un « avant » et un « après » 11 septembre 2001. À l’occasion du 20e anniversaire de ces attentats, La Presse souhaite donner la parole à des jeunes nés après cet évènement, mais qui ont envie de s’exprimer sur le monde qui l’a suivi. Vous avez moins de 20 ans et vous souhaitez échanger sur les différents enjeux d’actualité qui ont marqué le nouveau millénaire ?

Crise climatique

Concrètement, que peut faire le citoyen ?

Entre troquer ses pailles de plastique contre une paille réutilisable et remplacer son VUS par un vélo, il y a un fossé. Les comportements qu’on change pour diminuer son empreinte carbone sont tous importants, mais certains ont beaucoup plus d’impact que d’autres.

Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) donne le vertige. Vagues de chaleur, sécheresses agricoles, pluies diluviennes, cyclones ; si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre de façon « forte, rapide et durable », ces évènements extrêmes se multiplieront dans les prochaines décennies, avec les catastrophes humaines et écologiques que cela implique.

Les décideurs et les entreprises ont un rôle de premier plan à jouer, certes, mais les consommateurs aussi doivent apporter leur contribution. Par où commencer ? Qu’est-ce qui peut changer la donne ? À vos calepins : voici, dans l’ordre, les cinq secteurs qui génèrent ensemble 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par les ménages québécois, selon les valeurs fournies par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).

Transport

Sans surprise, la voiture se hisse au premier rang de ce triste palmarès. Selon le CIRAIG, centre international qui regroupe les expertises de Polytechnique Montréal et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), environ le quart des émissions de GES du ménage québécois moyen est causé par le transport. « Prendre les transports en commun, prendre des modes de transport actifs, faire du covoiturage ; ça fait partie des réductions qu’on peut faire dans la catégorie qui a le plus d’impact », indique Anne-Marie Boulay, professeure adjointe au département de génie chimique de Polytechnique Montréal et associée au CIRAIG.

Alimentation

Le secteur de l’alimentation, aussi responsable du quart des émissions individuelles de GES au Québec, arrive en deuxième place. Ces émissions proviennent de deux grandes sources principales, explique Anne-Marie Boulay : la production des aliments et leur transport. En matière de production, les protéines animales alourdissent beaucoup l’empreinte carbone de l’assiette des Québécois, tout particulièrement la viande rouge et le fromage. Quant au transport, les aliments venus par avion font piètre figure. « Si la durée de vie de l’aliment est courte, ça a dû prendre l’avion », résume Anne-Marie Boulay, qui donne l’exemple des baies cultivées à l’étranger. Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques et de la transition écologique chez Équiterre, résume le tout en trois conseils : « réduire notre consommation de viande, acheter local et de saison quand c’est possible, et réduire le gaspillage alimentaire ».

Maison

Tout ce qui est associé à la maison augmente aussi notre empreinte carbone. On parle ici de la façon de chauffer nos domiciles (au mazout, au gaz et, à moindre échelle, à l’hydroélectricité), mais aussi de tout ce qu’on possède à la maison : meubles, électroménagers, produits électroniques, produits ménagers, etc. Tous ces objets ont une empreinte environnementale liée à leur fabrication, à leur transport, à leur utilisation et aux impacts de la fin de leur vie. « La première chose, c’est réduire à la source, indique Émile Boisseau-Bouvier. C’est se poser une question qu’on connaît bien au Québec : en as-tu vraiment besoin ? Si oui, y a-t-il d’autres options, comme l’emprunter ou l’acheter d’occasion ? » « Un article de seconde main, c’est un article qui n’a pas été produit de nouveau : on lui donne une deuxième vie, ce qui diminue par deux les impacts qui lui sont associés », explique Anne-Marie Boulay.

Vêtements

Selon une étude de la Fondation Ellen McArthur, la production mondiale de vêtements génère pas moins de 1,2 milliard de tonnes de CO2 annuellement. Si les vêtements sont produits, c’est parce que les consommateurs les achètent. Pour limiter notre empreinte carbone, mieux vaut résister à l’envie d’être à la mode. « Il y a des trouvailles qui peuvent être tout autant mode en achetant de seconde main ou en échangeant des vêtements », assure Anne-Marie Boulay, qui trouve plus de plaisir (et moins de culpabilité) à acheter ses vêtements en friperie.

Voyages

La cinquième catégorie, celle qui bouleverse nos habitudes de privilégiés en quête de découvertes et de chaleur en hiver, c’est celle des voyages en avion. Selon la Fondation David Suzuki, l’impact carbone d’un vol en avion est tellement élevé que se priver d’un seul de ces voyages peut équivaloir à se passer de voiture pendant un an ! Si on flanche pour un voyage en avion, est-ce que ça vient gâcher tous les autres efforts qu’on a faits pendant l’année ? Anne-Marie Boulay le voit comme un budget : « Si on a 100 $ dans nos poches pour vivre toute l’année, qu’on économise et qu’il nous reste 80 $, on en a assez pour prendre l’avion. Ce n’est pas parce qu’on prend l’avion qu’on a gâché le fait d’économiser, mais on aura utilisé tout notre budget. Et dans ce cas, chaque économie est une contribution de moins aux émissions de GES. »

L’implication

Au-delà de nos habitudes de consommateur, la meilleure façon de ne pas se sentir désabusé, c’est de s’impliquer, estime Émile Boisseau-Bouvier.

« Ça peut être de faire partie d’une organisation qui représente nos valeurs, de se mobiliser localement, pour une ruelle verte ou pour la protection d’un boisé… » Les décideurs ont aussi un rôle important à jouer pour limiter l’empreinte carbone des consommateurs : selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie, les trois quarts des réductions d’émissions entraînées par des changements de comportements pourraient être influencés ou ordonnés par des politiques gouvernementales. « Le changement doit être collectif », conclut Émile Boisseau-Bouvier.

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