OPINION

La fin
de la récré

Mettons qu’à partir de maintenant, la récréation est finie. Mettons qu’on essaie de relever le niveau de jeu. Mettons qu’on est prêts pour de la substance et des idées. Mettons qu’on est pas cons pis qu’on est capable d’en prendre, qu’on laisse de côté la guerre d’image pis qu’on se la joue « All In ». Une fois pour toute. Ensemble.

Mettons qu’on lâche un peu le téléprompteur pis qu’on laisse parler notre cœur. Mettons qu’on se dit qu’on est capables, qu’on va passer au travers de la tempête et de l’incertitude chronique. Mettons qu’on slaque un tour sur les insultes, les menaces, les campagnes de peur, les campagnes de vide. Mettons qu’on tasse les sondages pis qu’on met des vraies nouvelles à la place. Mettons qu’on lâche un peu les slogans qui ressemblent à des mauvaises pubs de bière. Mettons qu’on fait la part des choses et qu’on fait preuve de nuance. Mettons qu’on continue à mettre de l’avant notre capacité d’invention, d’innovation. Mettons qu’un jour, on sort voter pour celui qui nous inspire, plus jamais pour le moins pire. Mettons qu’on travaille sur un projet de société. Ensemble.

Mettons que nous, citoyens, devenons capables de compassion, d’écoute et d’ouverture envers nos politiciens. Mettons qu’ils nous rendent la pareille. Mettons qu’on se permet un peu de style libre, un peu de folie. Mettons qu’on s’en crisse de tes erreurs de jeunesse, que t’aies fumé un joint quand t’avais 18 ans. Mettons qu’on passe l’éponge, qu’on ne lance pas la première pierre. Mettons qu’on fait confiance à notre instinct et notre intelligence en débattant sur le contenu, pas sur le contenant. Mettons qu’on répond à la question sans se défiler, qu’on admet nos torts pis qu’on continue la tête haute. Mettons qu’on parle des jeunes, de l’avenir, d’éducation et d’héritage. Mettons qu’on s’assoit pis qu’on s’interroge à savoir si nos enfants vont être fiers de nous dans 30 ans. Mettons qu’on fait un jardin pis qu’on se salit les mains. Mettons qu’on se met en mode solution. Ensemble.

Pour certains, tout ça peut sembler utopique, néo-hippie sur les bords, du maudit pelletage de nuages encore. N’empêche, les grands projets qui ont lancé le Québec dans la modernité sont nés de rêves qui, à la base, semblaient impossibles à réaliser. Arrêter de rêver, c’est mourir un peu, faut pas l’oublier. Et puisque nous sommes condamnés à bâtir et rebâtir, puisque nous sommes des « bêtes féroces de l’espoir », comme le dit Miron, pourquoi on le fait pas ? Une fois pour toutes. Ensemble.

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