Couvre-feu en France et mesures renforcées ailleurs en Europe

Finie la vie nocturne pour les Parisiens et les Français de huit autres grandes métropoles, à compter de samedi, pour au moins quatre semaines. Tous ceux qui vivent dans la grande région de Paris, à Lille, Lyon, Aix-Marseille, Grenoble, Montpellier, Saint-Étienne, Rouen et Toulouse – soit 20 millions des 67 millions de Français – ne pourront sortir de chez eux entre 21 h et 6 h, sous peine d’amende, sauf pour les travailleurs et ceux qui ont une « bonne raison » comme une « urgence sanitaire ».

« On ne sortira plus du restaurant après 21 h, on n’ira plus chez des amis faire la fête, car on sait que c’est là qu’on se contamine le plus », a déclaré le président Emmanuel Macron, annonçant du même coup la fermeture des restaurants, bars, théâtres et cinémas. Une aide financière a été promise aux secteurs touchés.

Le président a aussi demandé aux Français de privilégier le télétravail, de limiter les rassemblements privés à six personnes et de « mettre au maximum le masque, y compris en famille ou entre amis ».

La France fait face à une forte recrudescence de l’épidémie et enregistrait mercredi plus de 100 morts lors des 24 dernières heures, pour un total de 33 037 décès depuis mars. Les admissions aux soins intensifs sont en hausse constante ces derniers jours avec 193 patients de plus, mercredi.

Le tiers des places en soins intensifs de la France sont occupées par des patients ayant une forme grave de la COVID-19.

« On sent que le président a compris la gravité de la crise, mais il ne prend pas la mesure de la crise hospitalière. Et on doit paralyser le pays parce que les hôpitaux manquent de lits », a réagi Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), mercredi soir. M. Pelloux aurait voulu que le président demande « aux 60 000 personnels de santé qui ont quitté l’hôpital de revenir pendant la crise pour dégonfler la pression ».

Le président Macron a répété à deux reprises lors de son annonce télévisée qu’ils n’avaient « pas perdu le contrôle », mais il a admis que la situation était « préoccupante ».

Restaurants et bars ciblés

Ailleurs en Europe, des mesures comprenant la fermeture partielle ou complète des bars et des restaurants seront mises en place d’ici le week-end.

Mercredi, les bars et restaurants ont fermé pour une période de 15 jours en Catalogne et d’un mois aux Pays-Bas. Et à partir de vendredi, ils seront fermés durant un mois en Irlande du Nord.

L’Italie interdit aux bars et restaurants de servir des clients non assis après 21 h pour une durée de 30 jours, et l’Allemagne leur imposera des horaires de fermeture lorsque le taux d’incidence atteindra 35 nouvelles infections quotidiennes pour 100 000 personnes durant sept jours consécutifs, selon un projet d’accord négocié mercredi par la chancelière et les dirigeants des 16 États régionaux. L’Allemagne a enregistré mercredi sa plus forte augmentation de cas déclarés depuis six mois.

« Cela va faire mal, mais c’est la seule solution. Nous devons être plus stricts. »

— Mark Rutte, premier ministre des Pays-Bas

Au Portugal, le gouvernement a annoncé son intention de demander au Parlement de légiférer pour rendre obligatoires le port du masque dans la rue et le téléchargement d’une application mobile de traçage des contacts.

Au Vatican, le pape François a évité tout contact rapproché avec les fidèles lors de son audience publique du mercredi, les saluant à distance et les appelant à la prudence pour « mettre fin à la pandémie ».

« J’aimerais bien, comme je le fais d’habitude, m’approcher de vous et vous saluer, mais […] il vaut mieux garder les distances », a déclaré le pape, qui ne porte lui-même jamais de masque lors de ses audiences publiques ou privées.

La pandémie a fait plus de 1,087 million de morts dans le monde depuis la fin de décembre, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse.

Les États-Unis comptent le plus de morts (215 914), devant le Brésil (150 998), l’Inde (110 586), le Mexique (84 420) et le Royaume-Uni (43 018).

— Avec l’Agence France-Presse

L’Iran ferme des villes

Cinq des plus grandes villes d’Iran vont être partiellement bouclées pour quelques jours, alors que le pays enregistre de nouveaux records avec 279 décès et 4830 nouvelles contaminations en 24 heures. De minuit mercredi à midi dimanche, il sera interdit d’entrer en véhicule personnel à Téhéran, Karaj, Machhad, Ispahan et Ourmia ou d’en sortir, a déclaré le directeur des relations publiques du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour, à la veille d’un long week-end férié. Les transports publics ne sont pas concernés par l’interdiction. Depuis l’annonce des premières contaminations en février, l’épidémie a fait 29 349 morts sur un total de 513 219 cas confirmés, selon les chiffres officiels. Or, le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirchi, a déclaré mercredi que ces chiffres ne représentaient pas la réalité, compte tenu des protocoles pour les statistiques. Selon lui, la réalité pourrait aller jusqu’au double.

— Agence France-Presse