Fiasco à la SAAQ

La crise informatique aura finalement coûté plus de 40 millions

La crise informatique à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) aura finalement coûté plus de 40 millions, en grande partie pour embaucher des ressources additionnelles.

« On parle d’une quarantaine de millions pour le coût de la crise, avec l’embauche d’environ 400 personnes sur une année complète, ainsi que du temps supplémentaire et d’autres dépenses », a expliqué mardi le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, en réponse aux questions de La Presse. C’est lui qui avait pris la relève de Denis Marsolais en avril dernier.

Essentiellement, l’embauche de 465 personnes a coûté 28 millions aux contribuables. Les heures supplémentaires, elles, pèsent pour environ 6 millions, tandis qu’une somme de 2,9 millions a été dépensée pour ajouter des agents de sécurité.

Une dépense de 4,4 millions a aussi été autorisée pour la communication, les licences et d’autres frais, pour un total très exact de 41,3 millions. M. Ducharme affirme qu’au-delà du plan financier, plusieurs leçons ont été tirées, dont le fait de « mieux prévoir les mesures d’atténuation » en cas de transition.

Pour la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ces dépenses demeurent somme toute entièrement justifiées dans un contexte de crise numérique. Au plus fort de celle-ci, les temps d’attente surpassaient les deux heures dans plusieurs points de service, où les files d’attente s’allongeaient en raison de la transition vers le système informatique SAAQclic, qui a connu des difficultés techniques.

« Il fallait trouver des façons d’avoir un meilleur service, et une façon était d’avoir plus d’heures d’ouverture, plus d’employés, dit-elle. Il y avait un coût pour ça. Si j’avais à le refaire, on ferait pareil. »

« Moi, je considère que c’était correct. On n’aurait pas pu se priver de ces dépenses-là et dire : on reste dans les heures standards », a insisté Mme Guilbault.

Il s’agit d’une dépense beaucoup plus élevée que ce qui avait été avancé en mai dernier, lors des études de crédits budgétaires du ministère des Transports. À ce moment, on avait soutenu que le fiasco de la SAAQ avait coûté 2,6 millions en heures supplémentaires.

Dans l’opposition, on n’a d’ailleurs pas tardé à réagir : « 41 millions de fonds publics ont été gaspillés pour tenter de corriger une planification complètement bâclée par la CAQ. […] C’est complètement inacceptable », a martelé la critique libérale en cybersécurité, Michelle Setlakwe.

Sixième centre pour Montréal

Mme Guilbault était de passage à Montréal, mardi, pour annoncer l’ouverture d’un sixième centre de service de la SAAQ, qui verra le jour d’ici février 2024 à la Place Versailles, dans l’est de Montréal, afin de doubler le nombre de rendez-vous offerts dans la région. Ceux-ci passeront en effet de 1390 à 2515 sur une base quotidienne, soit une hausse de 80 %.

Québec a aussi annoncé mardi un nouveau congé de paiement pour tous les titulaires d’un permis de conduire permanent, probatoire ou restreint des classes 5 et 6.

Un cégépien soupçonné d’activités terroristes soumis à de strictes conditions

Un cégépien soupçonné d’activités terroristes s’est engagé mardi devant le tribunal à respecter de strictes conditions pendant un an. Selon les autorités, Mohamed Amine Assal faisait l’apologie du terrorisme sur des réseaux sociaux et disait côtoyer des partisans du groupe armé État islamique à Montréal.

« Nous devons à nouveau faire du terrorisme la norme. En faire la nouvelle tendance », aurait lancé Mohamed Amine Assal sur le réseau social Telegram, le 24 février dernier, selon un message intercepté par le FBI.

L’étudiant de 19 ans ne faisait face à aucune accusation criminelle. Il a plutôt été arrêté en mars en vertu d’un « 810 », une disposition du Code criminel qui permet d’imposer des engagements à une personne lorsque les autorités ont des « motifs raisonnables » de craindre la commission d’un crime.

Déjà soumis depuis mars à de strictes conditions, dont le port d’un bracelet GPS, le jeune homme s’est présenté mardi en cour accompagné de son père. Devant la juge Nathalie Duchesneau, il a reconnu que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait des motifs raisonnables de croire qu’il pourrait commettre une infraction en lien avec le terrorisme.

La juge lui a ainsi imposé une quinzaine de conditions à respecter pendant un an, sous peine de commettre une infraction criminelle. Il devra notamment respecter un couvre-feu à partir de 23 h, sauf une nuit par semaine pour se rendre à une mosquée de l’arrondissement de Saint-Laurent pour des « activités de mentorat et de discussions pour jeunes ».

Entre autres, Mohamed Amine Assal aura seulement accès à un téléphone de type « flip » et ne pourra utiliser l’internet, sauf pour ses études et le travail. Le jeune homme ne pourra ni quitter le Québec ni demander un passeport. Il devra continuer de porter un bracelet GPS. Il lui sera évidemment interdit de consulter du matériel terroriste ou haineux.

Il aurait radicalisé son petit frère

Mohamed Amine Assal était élève en maintenance d’aéronefs à l’École nationale d’aérotechnique de Saint-Hubert – un campus du collège Édouard-Montpetit – lorsque les autorités l’ont épinglé. Selon des informations de la police fédérale américaine fournies à la GRC, le jeune cégépien tenait des propos extrêmement inquiétants sur les plateformes Telegram, Discord et Reddit.

La GRC a donc lancé une enquête visant le jeune homme concernant des chefs d’accusation de « facilitation d’une activité terroriste » et d’avoir « conseillé la commission d’une infraction de terrorisme ». Il n’a toutefois pas été inculpé de ces infractions.

Selon une source du FBI, Mohamed Amine Assal aurait convaincu un adepte du groupe armé État islamique établi en Italie de commettre des attaques terroristes. Les deux hommes auraient été proches, lançant même une balado ensemble. Selon la source, le terroriste italien aurait dit que le jeune Montréalais planifiait lui aussi une attaque.

En plus d’avoir radicalisé son petit frère de 9 ans, Mohamed Amine Assal aurait prétendu avoir ajouté 20 membres de son école à un groupe Telegram, selon la source du FBI.

Dans certains messages, l’élève montréalais expliquait à un interlocuteur comment fabriquer une bombe avec de la poudre noire et « un paquet de clous » attachés autour d’un tuyau, selon les allégations de la police américaine. Assal aurait dit être en contact avec un « frère » qui était prêt à financer des « opérations ». Il parlait d’assassinats de « mécréants », de décapitations et d’autres actes violents.

Règlement restreignant les nouveaux raccordements au gaz naturel

Énergir poursuit la Ville de Prévost

Le distributeur de gaz naturel Énergir poursuit la Ville de Prévost, dans les Laurentides, pour faire invalider son règlement interdisant le nouveau branchement de certains appareils au gaz naturel à compter du 31 décembre.

Prévost a été la première municipalité québécoise à adopter un règlement visant à restreindre les nouveaux raccordements au gaz naturel, mais d’autres villes, dont Montréal, ont exprimé leurs intentions en ce sens.

Le règlement adopté par Prévost à la fin de septembre est « déraisonnable », « discriminatoire » et « outrepasse les compétences de la ville » fait valoir Énergir dans sa requête déposée en Cour supérieure.

« C’est une poursuite démesurée par rapport à la taille de notre ville, on a 14 000 citoyens », a réagi le maire de Prévost, Paul Germain, en entrevue téléphonique mardi.

Énergir distribue environ 97 % du gaz naturel consommé dans la province, indique le site internet de l’entreprise.

« Ce n’est vraiment pas de gaieté de cœur qu’on fait ça, on y a réfléchi vraiment longuement », a indiqué Renault Lortie, vice-président, clients et approvisionnement gazier, chez Énergir.

« On ne peut pas laisser passer […] une municipalité qui décide qu’il y a une seule façon de décarboner les bâtiments au Québec. »

Le règlement de Prévost « vise, oui, les nouvelles constructions, mais aussi le bâtiment existant » et « ne laisse pas de place à l’une des autres options » qu’est le gaz naturel de source renouvelable (GNR), seul ou en biénergie avec l’électricité, explique M. Lortie.

Et à Montréal ?

La Ville de Montréal a adopté à la fin d’octobre un projet de règlement visant à interdire plusieurs appareils au gaz dans les nouveaux bâtiments, tout en permettant le GNR à certaines conditions. L’adoption finale est prévue à la séance du conseil municipal des 18 et 19 décembre prochain, pour une entrée en vigueur par étapes à partir d’octobre 2024.

« Nous n’avons pas l’intention d’aller contester le règlement de Montréal », a assuré M. Lortie, en faisant état de « différences fondamentales », notamment dans « le processus » ayant mené à l’adoption.

« Le processus de la Ville de Montréal a été longuement réfléchi, collaborateur, où on a pu avoir plusieurs rencontres » alors qu’avec Prévost, « on a eu une seule rencontre, malheureusement peu de collaboration », a affirmé M. Lortie.

« Les canaux de collaboration étaient encore, à mon avis, ouverts, je m’attendais à une liste de questions d’Énergir », estime plutôt le maire de Prévost, qui dit avoir adapté son règlement à certains commentaires de l’entreprise avant son adoption.

« C’est un règlement qui est raisonnable », soutient M. Germain, mentionnant diverses exclusions. Les cuisinières résidentielles au gaz et les barbecues reliés à un réseau de distribution de gaz, qui seront interdits dans les nouveaux bâtiments montréalais, ne sont par exemple pas visés à Prévost.

D’autres municipalités s’intéressent au gaz naturel. Candiac, sur la Rive-Sud, a adopté un projet de règlement visant à interdire le « raccordement au réseau gazier de tout nouveau bâtiment comprenant un usage résidentiel » ainsi que « tout appareil nécessitant l’utilisation de combustibles gazeux » dans un tel bâtiment.

Centre-ville de Montréal

Les parcomètres seront payants plus longtemps

L’allongement des heures tarifées du stationnement sur rue deviendra réalité dès ce mercredi au centre-ville de Montréal, au grand dam de plusieurs commerçants. Les parcomètres seront payants jusqu’à 23 h du lundi au samedi, et ce, dans cinq secteurs névralgiques. La mesure devrait rapporter 5 millions de dollars annuellement à la Ville. Au printemps, l’administration Plante avait reculé « jusqu’à nouvel ordre » sur l’allongement des périodes tarifées devant la forte opposition du milieu des affaires. Montréal avait toutefois ensuite confirmé en septembre que la mesure serait en vigueur le 15 novembre, après avoir « pris le temps de rencontrer » les commerçants « pour leur présenter les objectifs visés par ces nouvelles mesures ». La Ville affirme aussi avoir accepté de faire passer la durée maximale de paiement de trois à cinq heures, à la demande des commerçants.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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