COVID-19

Une deuxième vague possible en juillet, selon l’INSPQ

Si les Québécois ne respectent pas les mesures de distanciation physique, il pourrait y avoir une deuxième vague de COVID-19 dès le mois de juillet, selon une nouvelle modélisation de l’Institut national de santé publique du Québec.

« S’il y a une faible adhésion, 90 % des prédictions prévoient une augmentation [de cas] », a expliqué Marc Brisson, du département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval, dans un breffage technique sur les nouvelles modélisations dévoilées jeudi à 15 h 30.

Dans le Grand Montréal, pour une faible adhésion aux mesures de distanciation physique, la médiane des prédictions montre qu’au mois de juillet, le nombre de nouveaux cas pourrait dépasser le pic du mois d’avril. Les prédictions les plus pessimistes prévoient un dépassement du mois d’avril dès juin. Ces prédictions plus pessimistes prévoient un nombre de nouveaux cas de quatre à cinq fois plus important qu’à la fin avril.

Bonne nouvelle, cependant, les spécialistes de l’INSPQ sont « plus optimistes » que lors de leur plus récent rapport de modélisation de la COVID-19, au début du mois de mai. Le nombre de nouveaux cas et de morts a diminué, alors qu’il semblait stagner à un plateau au début de mai.

Cela dit, l’essentiel de la baisse du nombre de nouveaux cas et de morts s’explique par une meilleure situation dans les CHSLD et chez les personnes de 65 ans et plus. Pourquoi le Québec a-t-il connu un déclin de la pandémie moins rapide que celui d’autres pays après le pic de morts ?

« Ce qui a été assez particulier au Québec, c’est l’intense transmission dans les résidences pour personnes âgées et les CHSLD, particulièrement dans la région de Montréal », répond l’épidémiologiste Gaston De Serres, de l’INSPQ.

« Beaucoup de ce qui se passait dans la région montréalaise était que les travailleurs de la santé alimentaient l’épidémie dans les CHSLD, et les personnes âgées alimentaient la population générale par l’intermédiaire des travailleurs de la santé. Ça a ralenti la vitesse de décroissance du nombre de cas. »

—  Gaston De Serres, épidémiologiste de l’INSPQ

À quoi aurait ressemblé une faible adhésion aux mesures de distanciation physique ? Avant la pandémie, un Québécois avait en moyenne 12 contacts par jour, dont le tiers au travail et le quart lors des loisirs et du magasinage. Pendant le confinement, c’était 4,5 contacts par jour. Une forte adhésion permettrait de rester à 4,5 contacts par jour, et une faible adhésion signifierait un retour à 8 contacts par jour. Un contact est une conversation à moins de deux mètres ou un contact physique.

Les Montréalais ont-ils moins respecté les consignes, par exemple quant au port du masque ou du couvre-visage ? « Non, la réduction des contacts a été de 63 % », dit M. Brisson. Le nombre moyen de contacts à Montréal est légèrement supérieur à la moyenne québécoise, mais pas beaucoup, dit le Dr De Serres.

Le modèle, par contre, n’a pas tenu compte ni des mouvements de population entre les régions ni des gens qui désobéissent carrément aux directives, en invitant par exemple 50 personnes à une fête. Les habitudes différentes des gens durant l’été et l’hiver n’ont pas non plus été intégrées aux modèles, et il est trop tôt pour dire si le virus de la COVID-19 se transmet moins bien par temps chaud. La prochaine itération de la modélisation incorporera les mouvements de population entre régions.

« Si vous allez à un chalet dans une autre région, il faut respecter de manière encore plus stricte les mesures de distanciation physique », dit le Dr De Serres.

Lors de la plus récente publication du modèle de l’INSPQ, début mai, des médias ont noté qu’il semblait contredire le plan de déconfinement de l’INSPQ. Les chercheurs ont-ils l’impression d’être écoutés ? « Oui, dit le Dr De Serres. Cela dit, c’est sûr que les décisions que doit prendre le gouvernement sont compliquées. On voit maintenant les côtés négatifs du confinement, les conséquences économiques considérables, même du côté santé, il y a de grands impacts négatifs. C’est un outil, pas une décision. »

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