Longueuil

Une course à quatre axée sur le transport et l’habitation

Transports collectifs, habitation, environnement : les enjeux propres à Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal, sont nombreux. Si tous les candidats à la mairie sont convaincus d’avoir le « meilleur plan » pour s’attaquer au manque de mobilité et à la crise du logement abordable, ils n’ont pas tous les mêmes priorités.

C’est une lutte à quatre qui se profile dans la cinquième municipalité du Québec en matière de population, entre l’ex-président de la CSN Jacques Létourneau, d’Action Longueuil, la députée provinciale Catherine Fournier, de Coalition Longueuil, la femme d’affaires Josée Latendresse, de Longueuil Ensemble, et l’entrepreneur Jean-Marc Léveillé, de Longueuil Citoyen.

En matière de transports collectifs, l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud occupe tous les esprits, surtout que l’an dernier, la mairesse sortante Sylvie Parent avait présenté son projet de tramway LEEO (lien électrique est-ouest), qui relierait la station de métro de Longueuil et la station Panama du futur REM à Brossard.

« C’est un projet très intéressant, mais c’est beaucoup d’argent et, surtout, ça nous amène sûrement dans une quinzaine d’années », affirme Josée Latendresse à ce sujet. D’ici là, elle dit plutôt miser sur l’électrification des modes de transport, le développement de plus de pistes cyclables et l’autopartage. « Il faut aussi qu’on soit capables d’aller chercher tout l’argent qui nous revient à l’ARTM pour développer notre transport sur l’axe est-ouest de façon agile », soutient-elle.

Jacques Létourneau, lui, veut surtout avoir un « échéancier » : « 85 % de nos émissions à Longueuil viennent des voitures. Il y a une seule réponse à ça : c’est un réseau structurant. Que ce soit un tramway, un REM ou autre chose, moi, je veux surtout une date. Je ne suis pas tant sur le véhicule, je suis sur un échéancier précis », dit-il, en promettant de « talonner Québec » à cet effet.

« On peut bien parler de planter des arbres et protéger des milieux humides, mais si les gens continuent à prendre leur voiture, ce qu’on va faire d’un bord comme effort, on va continuer à le défaire de l’autre. »

— Jacques Létourneau, candidat à la mairie de Longueuil

De son côté, Catherine Fournier trouve le projet LEEO « intéressant », surtout qu’il contribue à « dynamiser certaines artères comme le boulevard Taschereau ». Mais comme le projet se « fera sur plusieurs années », elle propose dans l’intervalle de « nouveaux circuits de bus, notamment des lignes express », dans les quartiers moins bien desservis.

Mme Fournier vise notamment le quartier du Boisé-Tremblay et le secteur de Saint-Hubert situé au sud de l’autoroute 30. Se disant « incertaine » que le REM soit « approprié » dans l’axe de la ligne jaune, elle estime aussi que le tramway est un projet « beaucoup plus porteur » pour Longueuil.

Jean-Marc Léveillé est aussi d’avis qu’il faut « plus de bus » entre l’axe Taschereau et Brossard, jusqu’au métro Longueuil. « On pourrait ainsi rabattre les bus électriques vers les destinations du REM, plutôt que vers le métro uniquement. En faisant ça, on changerait l’axe de déplacement des autobus », dit-il. « Je n’ai jamais cru au LEEO, parce qu’un tramway, il faut que ça rentre dans un garage quelque part. À Brossard, la Ville est déjà dans les garages du REM et dans le Vieux-Longueuil, il n’y a pas la place. C’est une fausse bonne idée », ajoute M. Léveillé. Ce dernier a par ailleurs dénoncé un traitement qu’il juge trop favorable envers Catherine Fournier de certains médias, dont le groupe TVA, dans les derniers jours.

Logement abordable recherché

Avec un taux d’inoccupation d’environ 1,5 %, Longueuil vit, comme de nombreuses villes au Québec, une crise du logement abordable. Il faut payer de plus en plus cher pour se loger comme locataire, mais également pour acquérir une première maison.

« On fait face à une augmentation de 23 % de la valeur foncière. Les gens ont peur. Nous, ce qu’on préconise, c’est un gel de taxes. En partant, les gens peuvent être assurés qu’on ne rendra pas leur quotidien plus précaire », affirme Josée Latendresse, qui s’engage aussi à offrir « au moins 500 projets de logements sociaux » par année dans un premier mandat. « Ça presse aussi de faciliter la rénovation et la transformation d’immeubles en coopératives », plaide-t-elle.

Jacques Létourneau entend organiser un sommet sur l’habitation pour y proposer notamment la création de « fonds sociaux et économiques » afin d’« explorer différentes façons de rééquilibrer le marché ». « Si on ne fait rien, demain, ce sont juste les gens qui gagnent 100 000 $ et plus qui pourront vivre ici. »

Son adversaire Catherine Fournier a aussi annoncé sa volonté de tenir un sommet sur l’habitation, de concert avec l’aspirant-maire de Laval Stéphane Boyer, au début d’octobre. L’une de ses propositions phares est de « doter Longueuil d’un règlement d’inclusion » qui obligerait les promoteurs à offrir un certain nombre de logements sociaux dans tout nouveau projet. « C’est sûr qu’on s’inspirerait du 20-20-20 à Montréal, mais on voit qu’il y a des lacunes, notamment parce que plusieurs promoteurs paient une amende et ne sont pas finalement chargés de contribuer à l’offre. On va apprendre de ça, on veut moins d’échappatoires », dit-elle.

Chez Longueuil Citoyen, Jean-Marc Léveillé s’engage de son côté à réserver 10 % des terrains de la Ville au logement social. Sur les grands axes, comme Taschereau, il veut aussi attirer plus de projets majeurs, trop peu nombreux selon lui à Longueuil, où il observe « une stagnation économique depuis 15 ans ». « Je me démarque de mes trois adversaires dans la mesure où j’offrirais un grand terrain de jeu pour les promoteurs, pour des édifices à vocation industrielle et commerciale surtout », conclut-il.

Montréal

Les élus devront être vaccinés, tranche Plante

Si rien n’est encore décidé pour les employés municipaux, l’administration Plante entend bel et bien imposer la vaccination obligatoire pour les élus montréalais qui siégeront au conseil municipal après les élections. Une directive en ce sens doit être adoptée par le conseil exécutif de la Ville dans les prochains jours.

« Les aspirants élus municipaux sont tenus de montrer l’exemple. C’est pourquoi tous les élus devront être en mesure de montrer leur passeport vaccinal lors des prochaines séances du conseil municipal », a en effet confirmé la mairesse sortante, Valérie Plante, dans une courte déclaration vendredi, en réaction à un article de Radio-Canada qui avait d’abord publié la nouvelle.

La mesure devra toutefois faire l’objet d’un vote au conseil municipal avant d’être officiellement mise en application. Ainsi, l’exigence d’une preuve vaccinale pour les élus ne devrait donc pas entrer en vigueur avant la fin de l’année, car, campagne électorale oblige, aucune séance du conseil n’est prévue ce mois-ci à Montréal.

À Québec, le passeport vaccinal obligatoire est déjà une réalité pour les élus de l’Assemblée nationale. Fin septembre, les caquistes et les libéraux, qui sont majoritaires, avaient en effet voté pour l’implantation d’une telle mesure. Les solidaires et les péquistes, eux, s’y étaient opposés, soulignant qu’aucune recommandation de la Santé publique n’allait en ce sens jusque-là.

Propos « complotistes » et « islamophobes »

Sur Twitter vendredi, la mairesse s’en est aussi prise plus directement aux « propos complotistes, antisémites et islamophobes tenus par plusieurs candidats de Mouvement Montréal [qui] ne sont pas acceptables ». « Je les dénonce fermement. Balarama Holness et Marc-Antoine Desjardins doivent faire preuve de leadership et gérer leur caucus », a-t-elle ajouté.

Mme Plante faisait ainsi référence à Rita Ikhouane, qui a relayé par le passé des contenus contre les mesures sanitaires et qui n’est pas adéquatement vaccinée contre la COVID-19, mais aussi à Marc-André Bahl, qui a notamment soutenu sur sa page Facebook que « l’islamophobie n’est pas du racisme ».

Joint par La Presse à ce sujet, le chef Balarama Holness a soutenu vendredi que M. Bahl « n’est plus membre de Mouvement Montréal, parce qu’il reflète la culture d’un autre parti politique qui s’est joint à nous », soit Ralliement pour Montréal, qui a fusionné avec ses troupes à la fin de septembre.

« C’est un homme que je n’ai jamais rencontré. Il est venu avec nous dans la foulée de ce qui s’est passé, mais il n’est plus candidat. Ce sera son choix d’être indépendant ou non »

— Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal

Quant à Rita Ikhouane, elle ne sera invitée à aucun évènement public, a assuré le chef. « Tout le monde dans nos évènements a besoin de sa preuve vaccinale », comme l’exige la loi, a-t-il insisté. « Cela dit, les gens méritent d’évoluer dans leurs idées. On doit les soutenir, pas les marginaliser. C’est un signe pour les autres qui sont sceptiques du vaccin qu’on peut éduquer la population pour que tout le monde soit vacciné », a plaidé Balarama Holness.

Coderre favorable

À Montréal, le candidat à la mairie Denis Coderre s’était dit jeudi favorable à la vaccination obligatoire pour tous les employés de la Ville de Montréal – ils sont environ 28 000 –, une mesure que défend aussi Balarama Holness. « Je crois en la vaccination obligatoire. C’est l’affaire de tous. Tout le monde devrait être vacciné », avait soutenu M. Coderre.

En réagissant à ces propos, la mairesse Plante avait d’abord plaidé que son approche serait responsable. « Depuis le début de la COVID, on travaille de façon responsable, pragmatique et de concert avec la Santé publique. Moi, je ne sors pas une décision de mon chapeau, comme ça, sans qu’elle soit connectée avec les gens qui ont une expertise », avait-elle lancé.

La mairesse avait ensuite indiqué que son administration avait « plusieurs scénarios prêts si le gouvernement du Québec décidait par exemple que les travailleurs essentiels, les pompiers, les policiers ou les premiers répondants devaient être vaccinés ». « On est prêts à aller de l’avant, mais il faut que ce soit fait de façon cohérente », avait-elle insisté, disant refuser de « politiser ce dossier ».

« Il faut aussi penser aux conséquences de promettre la vaccination obligatoire des employés municipaux. C’est irresponsable de promettre quelque chose, sans consultation, qui pourrait mener à une rupture de services, notamment des premiers répondants », a d’ailleurs précisé Mme Plante vendredi.

Itinérance

Coderre présente sa « stratégie de santé urbaine »

Haltes-chaleur « 24 heures sur 24 », logements sociaux « ciblés pour les itinérants », présence doublée des équipes mixtes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) : Denis Coderre a présenté vendredi sa « stratégie de santé urbaine » pour lutter contre l’itinérance à Montréal, accusant au passage l’administration Plante d’avoir « failli » à sa tâche depuis 2017.

« On va se doter d’une stratégie de santé urbaine qui permettra de ne rien laisser au hasard en matière de prévention », a affirmé M. Coderre lors d’une mêlée de presse dans le quartier Milton-Parc, en matinée. Il a d’ailleurs soutenu que ce secteur, où on trouve une forte concentration de sans-abri, « démontre le laisser-aller » de la Ville en la matière. « La cohabitation entre les itinérants et les résidants du secteur est difficile depuis quelques années, et le tissu social s’en trouve grandement effrité », a-t-il dit.

Le cas de Raphaël André, cet homme sans-abri mort en janvier dans une toilette chimique à l’angle de la rue Milton et de l’avenue du Parc alors qu’il se « cachait des policiers », témoigne selon le candidat « de la judiciarisation des sans-abri ».

« Il y a des voies de fait, des troubles à la paix, mais quand même qu’on leur donnerait 25 tickets, il y a d’autres moyens que de les amener en cellule pour la nuit. »

— Denis Coderre, candidat à la mairie de Montréal

Le chef d’Ensemble Montréal a du même coup accusé son adversaire Valérie Plante de « demander toujours plus d’argent à Québec et Ottawa », mais de ne « rien faire » quand il est question d’urgence sociale. Projet Montréal s’était engagé de son côté, en début de semaine, à développer un plan sur cinq ans consacré à la situation de l’itinérance, avec une somme de 24 millions de dollars pour quatre ans.

Série de mesures

Le porte-parole en matière d’itinérance du parti de M. Coderre, Benoît Langevin, a promis d’implanter d’ici quatre ans 1800 logements sociaux « permanents et dédiés aux itinérants », avec de l’accompagnement psychosocial. « Un tiers de ces logements iront aux femmes, un autre tiers aux Premières Nations et aux Inuits, puis un dernier tiers à toutes catégories confondues », a-t-il détaillé.

D’ici là, l’équipe Coderre promet aussi d’ouvrir les haltes-chaleur en permanence, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et de bonifier l’offre de centres de consommation contrôlée d’alcool (wet shelters) pour lutter contre la crise des opioïdes sur l’île, notamment. Une enveloppe supplémentaire de 10 millions serait aussi versée aux sociétés de développement commercial (SDC) du centre-ville pour les aider à « remédier aux enjeux de sécurité ».

Il faut « revoir la façon dont on finance les groupes communautaires », selon M. Langevin, qui suggère pour y arriver d’augmenter le budget de la Ville consacré à l’itinérance à 36 millions de dollars.

Son parti s’engage par ailleurs à « renégocier l’entente Réflexe Montréal en itinérance, de façon à investir un total de 60 millions » en quatre ans. « Je pense qu’on arrive avec une plateforme qui change la game », a-t-il dit.

À ses côtés, la mairesse sortante de Montréal-Nord, Christine Black, a annoncé que les troupes de Denis Coderre injecteraient 10 millions supplémentaires pour doubler la présence des équipes mixtes du SPVM sur le terrain, afin d’assurer une « cohabitation harmonieuse » et d’« apporter une réponse à la détresse ». « On ne peut pas toujours agir dans l’urgence. Il faut être capables de faire plus en prévention », a-t-elle soutenu, en promettant aussi un fonds pour financer les services communautaires dans les quartiers.

Le parti entend enfin lancer « une nouvelle opération de dénombrement » des personnes sans-abri, « afin de cibler l’ampleur des besoins et d’assurer que les investissements soient adéquats ». Un sommet sur l’itinérance serait aussi organisé avec Québec et Ottawa, le secteur privé et le milieu communautaire.

Ensemble Montréal

Nouveaux modes de financement pour la STM

Denis Coderre a jugé vendredi qu’il y avait un « problème de gouvernance » à la Ville en ce qui concerne la Société de transport de Montréal (STM). Celle-ci a prévenu jeudi que si une aide financière supplémentaire ne lui était pas accordée d’ici l’an prochain, elle devrait procéder à des réductions de services pouvant aller jusqu’à 30 %. Le candidat à la mairie promet de « trouver de nouveaux modes de financement » et de les « proposer incessamment ». « Il faut que ça roule, la STM, mais des fois, peut-être qu’il faudrait se poser des questions. On a acheté 300 autobus. Mais est-ce qu’on avait besoin de 300 autobus ? On a besoin d’une bonne reddition de comptes, et je pense que la vérificatrice générale devrait se pencher sur la STM », a-t-il aussi affirmé lors d’une mêlée de presse.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Pratiques immobilières interdites

Jean Airoldi s’excuse pour des propos qui « ont pu induire en erreur »

Le couturier et animateur de télévision Jean Airoldi, qui tente de se faire élire comme conseiller avec l’équipe Coderre dans Verdun, a présenté vendredi ses excuses pour avoir laissé entendre au micro de Sophie Durocher sur QUB radio que les pratiques immobilières d’un candidat à la mairie de son arrondissement n’étaient « pas interdites » par l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec. Dans une déclaration, il soutient « qu’après vérification, il y avait des pratiques interdites ». « Je m’excuse donc si mes propos ont pu induire en erreur les auditeurs », conclut-il. On a appris mercredi qu’Antoine Richard, ex-restaurateur devenu courtier immobilier, a touché 470 000 $ en quatre mois en effectuant au moins deux opérations d’achat-revente (flips). De plus en plus répandue, cette pratique revient à acquérir une propriété à bas prix, pour ensuite la retaper dans l’unique but de la revendre et d’en tirer profit. Au-delà de ces opérations, qui ne sont pas illégales, M. Richard a toutefois usé de « pratiques interdites », notamment en faisant de la publicité pour la vente d’une propriété dont il n’était ni le propriétaire ni le courtier.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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