Vivre avec une maladie chronique

Saviez-vous que de 25 à 50 % des personnes qui vivent avec une maladie chronique, comme l’arthrite ou le diabète, seront aux prises avec la dépression ? 1 Cela n’a rien d’étonnant, d’après le DJeffrey Habert, professeur adjoint au Département de médecine familiale et communautaire de l’Université de Toronto. Explications.

Le trouble qui perdure

Une maladie chronique est un problème de santé lent et sournois dont les symptômes apparaissent progressivement et qui se prolonge dans le temps. De manière générale, une maladie chronique ne peut pas être guérie complètement, et elle ne se résout pas d’elle-même. En outre, elle peut nuire de façon considérable à la qualité de vie et à l’état de santé psychologique de la personne qui en est atteinte.

« Faire face à une maladie ne se limite pas seulement à la gestion des symptômes ; il faut souvent affronter un fardeau émotionnel important », explique le DHabert.

« De plus, une affection physique de longue durée peut entraîner un isolement social, une faible estime de soi, une stigmatisation, etc. Cela peut aussi causer de l’anxiété. Il est cependant crucial de différencier le trouble d’adaptation — qui est une réponse momentanée au stress — de la dépression majeure. »

— Jeffrey Habert MD CCFP FCFP, professeur adjoint au Département de médecine familiale et communautaire de l’Université de Toronto

En effet, une personne qui est atteinte de cette dernière ressent les émotions négatives de manière intense et soutenue.

Apprivoiser la réalité

Marie-France Lemire en sait quelque chose, elle qui a d’importantes migraines depuis l’âge de 9 ans. Cette enseignante, qui a dû faire une croix sur sa carrière en 2012 en raison de la maladie chronique qui l’afflige, a développé peu à peu un trouble d’anxiété. La quadragénaire a également souffert d’une dépression majeure.

Si la jeune mère de famille va mieux aujourd’hui, elle doit toujours sélectionner chacune de ses activités avec soin, et ce, malgré les changements qu’elle a apportés à sa vie pour affronter les crises. « C’est un problème de santé imprévisible qui demande du lâcher-prise. Je dois vivre dans le moment présent, car je ne sais jamais quand une crise de migraine va bousiller mes plans… Et, bien sûr, il y a eu des deuils à faire dans différentes sphères de ma vie », affirme celle qui se trouve en situation d’invalidité depuis 11 ans.

Fait intéressant : la dépression est également considérée comme une maladie chronique. Elle se manifeste à travers différents symptômes (par exemple la fatigue, les troubles du sommeil, l’absence de libido, la perte d’appétit, la tristesse, la diminution de l’estime de soi, le manque d’attention, les pensées suicidaires…).

Trouver des solutions pour soi

D’après le DJeffrey Habert, il s’avère essentiel de reconnaître ce que vivent les patients pour d’abord établir le bon diagnostic, puis leur offrir le soutien dont ils ont réellement besoin.

Marie-France, elle, a eu recours à la psychothérapie et aux antidépresseurs. « En plus, j’ai suivi un programme d’autogestion de la douleur. Cela a été une étape pivot dans ma démarche vers le mieux-être », souligne-t-elle.

« À partir de ce moment-là, les choses se sont éclaircies pour moi. J’ai aussi décidé de m’engager auprès de Migraine Québec ; j’y suis administratrice au conseil d’administration et responsable bénévole de l’entraide. C’est la façon que j’ai trouvée de pallier le vide que cause l’invalidité. Comme enseignante, j’avais besoin de me sentir utile, et je retrouve totalement cette sensation dans cet organisme. »

— Marie-France Lemire

Faits saillants

Jusqu’à 87 % des Canadiens seront touchés par une maladie chronique au cours de leur vie2.

• La prévalence des troubles mentaux est de 11,6 % en l’absence de maladie chronique physique ; elle augmente à 31,4 % en présence de quatre maladies chroniques physiques ou plus3.

• Les personnes qui sont atteintes d’une affection physique chronique courent un risque deux fois plus élevé de présenter un trouble de l’humeur que les personnes qui n’en ont pas4.

• Le soutien social pourrait constituer un facteur de protection contre la dépression5.

1 Source : Rapport sur les maladies chroniques et la santé mentale, PartenaireSanté, 2015.

2 Source : Rapport sur les maladies chroniques et la santé mentale, PartenaireSanté, 2015.

3 Source : « L’effet combiné de la multimorbidité et des troubles mentaux sur les admissions fréquentes à l’urgence chez les adultes québécois », Bureau d’information et d’études en santé des populations, Institut national de santé publique du Québec, no 30.

4 Source : « Association des troubles de l’humeur concomitants et des maladies chroniques avec l’incapacité et la qualité de vie en Ontario, Canada », Maladies chroniques au Canada, vol. 28, no 4, 2008.

5 Source : « Santé psychologique — la dépression », Rapports sur la santé, Statistique Canada, hiver 1999, vol. 11., no 3. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/1999003/article/4935-fra.pdf

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