Résumé du chapitre précédent

Le bras retrouvé d’Antoine Meursault fait jaser les pathologistes. Le bras a été prélevé avant l’explosion et il porte un tatouage qui semble évoquer une école secondaire.

Un homme détestable Notre polar estival

Chapitre 25 : Sandra a 5 ans !

Lucia Lamaca passait ses journées à tourner en rond dans son luxueux appartement, buvant des cafés et fumant cigarette sur cigarette. Elle sortait rarement, par lassitude d’abord. Elle en était à un moment de son existence où elle revoyait le tout et le tout l’écœurait.

Elle avait gaspillé sa vie en la donnant à des salauds qui l’avaient toujours trahie. Des hommes, quoi. Des lâches. Tous. Meursault le premier.

Elle ne sortait presque plus pour une autre raison : elle avait peur. Elle revoyait sans cesse les images de la mort grotesque de l’escorte Tania, sa rivale auprès de Meursault. Elle avait peur de ces hommes qu’elle avait trop bien connus et servis.

Lucia regrettait maintenant de s’être confiée à Roger Panneton dans un restaurant. Un endroit public ! Quelle gaffe ! Ces gens-là étendaient leurs tentacules partout.

Mais l’être humain est une curieuse bête qui apprend à vivre avec la peur. Vivre avec la peur est même son destin.

Ce jour-là allait être différent. Pour rien au monde, Lucia ne raterait la fête en l’honneur de la petite Sandra, sa filleule qui avait déjà 5 ans. Sandra était la fille de son frère, Mauro, un vaurien qu’elle avait dû protéger toute sa vie.

En fait, Sandra était l’enfant que Lucia n’avait jamais eu. Elle la comblait de cadeaux dispendieux et se voyait comme une mère, puisque Mauro et sa connasse de femme, Mélanie, une ancienne danseuse, étaient trop immatures et portés sur la drogue pour élever une petite merveille comme Sandra.

Lucia se rendit dans une salle de réception de Saint-Léonard – Saint-Léonard est avant tout un quartier de salles de réception, idéales pour blanchir de l’argent.

Comme dans toutes les fêtes italiennes, il y avait deux fois trop de bouffe pour le nombre d’invités.

Lucia salua Mauro et Mélanie le plus gentiment possible et chercha du coin de l’œil la petite Sandra. La vedette de la journée était très occupée à jouer avec ses cousines et amies et à rigoler devant les pitreries de Gigi, un petit clown avec de grandes oreilles, un nez rouge et de grands, grands souliers.

La fête fut très longue, comme toutes les fêtes italiennes, et Lucia avait à peine eu le temps de serrer Sandra dans ses bras, ce qui la rendait encore plus lasse et triste.

Elle attendit jusqu’à la toute fin pour pouvoir échanger quelques mots avec sa filleule. Et ce moment-là avait effacé tout le reste. La petite était montée sur ses genoux et lui avait dit qu’elle l’aimait le plus au monde entier, en lui donnant des bisous.

Lucia sortit de la salle de réception en souriant, heureuse comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps. Elle se disait qu’après tout, la vie valait peut-être la peine d’être vécue.

En insérant sa clef dans la porte de sa BMW, dans un grand stationnement à peine éclairé, Lucia sentit une présence derrière elle. En se retournant, elle vit le petit clown Gigi, avec ses grandes oreilles et son nez rouge. Il avait enlevé ses grands, grands souliers.

Gigi le clown est la dernière personne que Lucia ait vue, avant de recevoir une balle dans la tête. Puis deux autres dans la nuque, par précaution.

Pssit, pssit, faisait le Glock avec son silencieux.

Gigi le clown enleva son crâne chauve de caoutchouc qui le faisait suer. En retournant calmement à sa voiture, Nick Sardano se dit qu’il avait accompli un travail de professionnel.

Demain

Agnès Gruda : Le secret de l’urinoir

Résumé du chapitre précédent

Roger Panneton hérite avec désarroi d’un nouveau cadavre : celui de son collègue, l’inspecteur-vedette du département, Robert Maheu. Le policier a péri dans l’explosion de son véhicule.

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