LE QUÉBEC ET L'ISLAM

1. Est-on en voie d’être noyés parmi les musulmans ?

Entre 2001 et 2011, le nombre de musulmans au Québec a plus que doublé, passant de 108 620 à 243 430, selon Statistique Canada. Dans l’enquête nationale auprès des ménages de 2011, 9,6 % des résidants de la Ville de Montréal (et 3,1 % de la population québécoise) se sont déclarés musulmans. 

Pas moins de 90,8 % des musulmans du Québec habitent à Montréal et ses banlieues.

Entre 2008 et 2012, en raison de la politique québécoise favorisant la venue d’immigrés parlant français, il y a eu afflux massif de Maghrébins. Pendant cette période, ce sont les Marocains qui sont arrivés en plus grand nombre au Québec (21 519), suivis, dans l’ordre, des Algériens, des Français, des Chinois et des Haïtiens.

Le ministère québécois de l’Immigration vise ces années-ci une « stabilisation relative du volume des admissions » pour en arriver en 2015 à une moyenne annuelle de 50 000 immigrants accueillis par année au Québec. Une consultation devra nécessairement avoir lieu d’ici la fin de l’année pour voir ce qu’il en sera au-delà de 2015.

Chose certaine, ces dernières années, le paysage a changé beaucoup et de façon extrêmement rapide, commente la sociologue Annick Germain. L’immigration au Québec a pour caractéristique d’être très concentrée géographiquement. Contrairement à l’Ontario, par exemple, où les nouveaux arrivants ne se posent pas qu’à Toronto, mais aussi dans plusieurs autres villes de taille moyenne (London, Windsor, etc.), ici, ils atterrissent presque tous à Montréal.

« Les gens des régions ne se reconnaissent plus dans leur métropole, et ça peut être déstabilisant. En plus, le fait de ne pas vivre cette réalité au quotidien peut amener à fantasmer beaucoup là-dessus. »

— Annick Germain, sociologue

CÔTOYER LES IMMIGRÉS

De plus, contrairement aux métropoles européennes où les immigrés sont souvent parqués dans des quasi-ghettos, à Montréal, les immigrés se posent un peu partout et plus seulement dans Côte-des-Neiges ou Parc-Extension, comme ç’a longtemps été le cas.

Les Montréalais côtoient donc de près les immigrés, avec les tensions de voisinage que cela peut entraîner. Mais ce que l’on dit trop peu, note Mme Germain, c’est à quel point « la majorité – certes de plus en plus ténue – a en face d’elle une immigration diversifiée ». « Le rapport de force ici est très différent de ce qui se vit dans plusieurs pays européens qui n’accueillent souvent qu’un, deux ou trois groupes différents. »

Depuis 2002, la Chine, Haïti, le Maroc, l’Algérie, la France ont tour à tour occupé le premier rang des pays d’origine les plus fréquents des nouveaux arrivants au Québec.

Parmi les Arabes qui arrivent ici, certains sont sunnites, chiites, chrétiens, et d’autres ont développé dans leur pays une sainte horreur de la religion.

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