Vincent Larouche et La Presse lauréats du Prix de la liberté de la presse

Le chef de l’équipe d’enquête de La Presse, Vincent Larouche, s’est vu remettre mercredi le prestigieux Prix de la liberté de la presse pour son reportage « Jugé dans un secret total » publié en mars 2022.

Ce prix est « attribué annuellement à un journaliste qui a produit des reportages d’un grand intérêt public malgré le secret, l’intimidation, les manœuvres judiciaires, l’ingérence ou les risques à sa sécurité personnelle », a indiqué par communiqué Liberté de la presse Canada, qui accorde ce prix.

En mars 2022, le reportage de Vincent Larouche a mis en lumière un procès fantôme tenu devant la Cour d’appel du Québec contre un informateur de police. Une procédure qui va à l’encontre du principe de la justice, qui doit être publique.

« La transparence est à la base même de la justice. Ou du moins, on pensait qu’elle l’était jusqu’à ce que Vincent révèle que le système de justice a décidé de régler des cas dans le secret le plus total », souligne François Cardinal, éditeur adjoint et vice-président Information de La Presse.

« C’est grave, et le fait que la Cour suprême ait décidé de se pencher sur ce problème le prouve. En ce sens, Vincent mérite pleinement ce prix prestigieux pour ses textes qui rappellent l’importance pour le public de savoir ce qui se déroule devant les tribunaux, poursuit M. Cardinal. C’est ça, après tout, qui assure la confiance du public à l’égard du système judiciaire. »

Des embûches et des retombées

Liberté de la presse Canada a relevé que Vincent Larouche avait dû faire face à plusieurs obstacles dans la publication de ce reportage.

« Le service des poursuites pénales du Canada a déployé beaucoup de ressources pour bloquer la cause de La Presse devant les tribunaux, en plus de refuser de fournir la liste des numéros de dossiers ouverts au Québec en matière criminelle », souligne-t-on dans un communiqué.

« Cette couverture de Vincent Larouche a poussé le ministre québécois de la Justice à promettre qu’il n’y aura plus jamais de procès secret, ajoute-t-on. Le Barreau du Québec et le juge en chef de la Cour suprême du Canada ont condamné cette façon de faire. »

Dans son discours de remerciement au Centre national des Arts à Ottawa, mercredi, Vincent Larouche a souligné l’importance de trouver des solutions pour financer adéquatement le journalisme au Canada.

« À La Presse, nous sommes chanceux de compter sur une grosse communauté de lecteurs-donateurs, qui permettent de fouiller des sujets d’intérêt public comme cette histoire de procès secret. C’est quelque chose de très précieux et je pense que ce prix aujourd’hui montre à quel point ça peut avoir un impact dans la société. »

Autres prix

Rachel Pulfer, de Journalists for Human Rights, a aussi remporté le Prix de la réussite Spencer Moore pour les efforts de rapatriement et de soutien aux journalistes afghans après la chute de Kaboul aux mains des talibans en 2021.

Le Certificat de mérite a été attribué au journaliste indépendant Justin Ling pour son travail sur les réseaux de désinformation. Le Prix international de caricature a été attribué à Ali Miraee, caricaturiste iranien résidant aux États-Unis.

En 2017, le chroniqueur Patrick Lagacé et La Presse avaient remporté le même prix pour leur contribution au débat public sur la protection des sources journalistiques et la surveillance des journalistes par les forces policières.

Rouyn-Noranda

Un taux d’arsenic très élevé sur le terrain d’une école primaire

La Ville de Rouyn-Noranda exige des explications après la publication d’analyses effectuées par le ministère de l’Environnement sur des échantillons de poussières de métaux sur le terrain d’une école. Celles-ci montrent une teneur en arsenic 137 fois plus élevée que la valeur limite permise.

Les analyses ont été effectuées après un incident survenu il y a quelques semaines à la Fonderie Horne.

Le 7 mars dernier, des citoyens de Rouyn-Noranda ont partagé des photos de « neige noire » sur les réseaux sociaux.

Six jours plus tard, le ministère de l’Environnement a remis un avis de non-conformité à Glencore, propriétaire de la fonderie, pour l’émission de contaminants « en vertu de l’article 20 de la Loi sur la qualité de l’environnement et pour ne pas avoir récupéré la contamination ».

Quatre jours après le signalement des citoyens, le 11 mars, le Ministère a procédé à l’analyse d’échantillons de neige à différents endroits de la ville.

4130 milligrammes par kilogramme

Les résultats de l’analyse, publiés mercredi, montrent que sur le terrain devant l’école primaire Notre-Dame-de-Protection, la teneur en arsenic s’élève à 4130 milligrammes par kilogramme, ce qui serait 137 fois plus élevé que la valeur limite de concentration en arsenic au sol pour les propriétés à usage résidentiel au Québec.

Mais dans un communiqué diffusé en fin d’après-midi, Glencore soutient « qu’on ne peut pas scientifiquement comparer ces résultats aux limites prescrites pour les sols », car les échantillons de neige ont été fondus pour en retirer l’eau, « puis les poussières résiduelles ont été analysées en laboratoire, c’est donc dire qu’il s’agissait d’un échantillon très concentré de poussières ».

Glencore avance également que la présence d’arsenic dans les échantillons prélevés est attribuable à « une accumulation de poussière provenant de ces procédés », mais pas à l’emportement éolien du 7 mars.

La Ville demande des explications

Mercredi après-midi, la mairesse Diane Dallaire a indiqué que « les résultats des analyses des poussières qui arrivent près de deux mois après les évènements, et qui ont d’abord été publiés par Radio-Canada, soulèvent énormément de questions et d’inquiétudes » dans la communauté.

Son administration demande que la Santé publique et le ministère de l’Environnement s’expliquent devant la population et démontrent « comment ils s’assurent de protéger nos citoyens et citoyennes ».

Isabelle Fortin-Rondeau, qui fait partie du groupe de citoyennes Mères au front, s’offusque de constater qu’une fois de plus dans le dossier de la Fonderie Horne, les citoyens prennent connaissance d’informations importantes par les médias plutôt que par les autorités.

Elle dénonce « un manque de transparence », car « c’est le ministère de l’Environnement qui a fait ces analyses-là, donc pourquoi l’information nous parvient par des journalistes qui ont obtenu une copie des analyses ? Ça s’est passé comme ça aussi quand on a appris que des maisons allaient être détruites pour faire une zone tampon. On l’a appris par les médias, c’est vraiment le modus operandi depuis le début dans ce dossier-là, il faut courir après l’information », a déploré la résidante de Rouyn-Noranda.

Le groupe Mères au front a d’ailleurs lancé une campagne de financement pour faire l’analyse d’échantillons de neige contaminée prélevés dans différents secteurs de Rouyn-Noranda.

« On a recueilli des échantillons beaucoup plus loin que juste autour de la fonderie » et « on va les faire analyser par un laboratoire privé ».

Encadrement de l’édition génomique

Ottawa compte sur la transparence de l’industrie

Contrairement aux organismes génétiquement modifiés (OGM) traditionnels, les plantes issues de « l’édition génomique » n’auront pas besoin d’une autorisation du gouvernement canadien avant d’être plantées dans nos champs. L’industrie des semences s’engage toutefois à créer un registre pour identifier les variétés développées grâce à cette technologie.

La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, en a fait l’annonce mercredi lors d’une conférence de presse virtuelle. La mise en place de cette base de données se veut la réponse d’Ottawa à la levée de boucliers des producteurs biologiques, qui craignaient pour leur certification.

« C’est la voie de passage qu’on a trouvée », a expliqué la ministre Bibeau au sujet du registre. « C’est un engagement de l’industrie, ce n’est pas une obligation légale », a-t-elle précisé plus tard en anglais.

Il n’y a pas encore de plantes issues de l’édition génomique cultivées dans le système agricole canadien. Cette nouvelle technologie permet d’apporter des modifications dans la séquence ADN existante des plantes sans y insérer de gènes d’une autre espèce, comme c’est le cas avec les OGM dits traditionnels. Elle permet d’atténuer, d’accentuer ou d’éteindre les traits génétiques qui sont déjà présents dans la plante.

Les partisans de cette approche y voient un outil révolutionnaire qui rendra les cultures plus résilientes aux changements climatiques ou les aliments plus riches en nutriments.

Qu’est-ce qu’un OGM ?

Le gouvernement fédéral a officiellement publié mercredi un « document d’orientation » qui vise à « interpréter » le Règlement canadien sur les semences. En vertu de ce règlement, il faut obtenir la permission du gouvernement canadien avant de disséminer des semences génétiquement modifiées dans l’environnement.

La ministre Bibeau a affirmé que « dans le sens de la science », les plantes issues de l’édition génomique ne sont « clairement pas » des OGM, car elles n’impliquent pas « l’introduction d’un ADN extérieur ». Ainsi, elles ne devront pas se plier au règlement.

La base de données sera gérée par Semences Canada, la principale association qui représente les cultivateurs, distributeurs et détaillants de semences.

« Le gouvernement, on prend l’engagement de faire la surveillance de cette base de données là avec la complicité d’un comité multisectoriel », a précisé la ministre Bibeau.

La filière bio veut un registre obligatoire

En plus de ne pas utiliser de pesticides de synthèse et d’engrais chimiques, l’agriculture biologique doit garantir qu’elle n’utilise pas d’OGM pour obtenir une certification.

« Ce sont toutes les certifications biologiques de la planète qui ont la même règle : elles n’autorisent pas l’édition génomique, elles considèrent l’édition génomique égale à un OGM », a expliqué Christian Legault, responsable de la veille réglementaire à la Filière biologique du Québec.

Ce dernier déplore que le registre ne soit pas obligatoire. « Tout ce qu’on demande, c’est la traçabilité », dit-il.

« Ils vont permettre de mettre en marché sans aucune identification de ces produits-là. Mais les citoyens seraient peut-être intéressés de savoir, par principe de précaution, quels sont ces produits-là. Comme ça, le citoyen va continuer d’avoir une option pour choisir s’il en veut ou s’il n’en veut pas. »

La DPJ n’a pas voulu enquêter sur le cas d’une fillette qui aurait été excisée

Une directrice de CPE et une éducatrice de Québec dénoncent le fait que la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ait refusé de mener une enquête à propos d’une fillette de moins de 2 ans qui a selon toute vraisemblance été victime d’une excision. Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, se dit « choqué » par cette inaction.

Devant l’inaction des autorités, les deux femmes – sous le couvert de l’anonymat – se sont confiées à la journaliste Karine Tremblay, du quotidien La Tribune.

C’est l’éducatrice qui, lors d’un changement de couche, en octobre dernier, a constaté que l’anatomie de l’enfant n’était pas habituelle. Elle a averti sa directrice qui, lors d’un changement de couche subséquent, a aussi remarqué que l’enfant n’avait pas de clitoris.

Elles ont d’abord appelé Info Santé, qui leur a répondu que cela n’était pas de leur ressort puisque la blessure n’était pas récente.

Les deux femmes ont alors contacté la DPJ, qui leur a expliqué que c’était trop délicat pour qu’il y ait enquête.

Le ministre a appelé la DPJ

Interpellé par La Presse, Lambert Drainville, attaché de presse du ministre Lionel Carmant, a indiqué à La Presse que le cabinet a « bel et bien pris connaissance de l’article de La Tribune tôt [mercredi] matin ».

« Le ministre Carmant est immédiatement entré en contact avec la directrice nationale de la protection de la jeunesse, Mme Catherine Lemay, afin de s’assurer que cette dernière prenne en charge le dossier. Il va sans dire que le ministre est choqué à la lecture de ce papier. »

Par courriel, Mélanie Otis, des relations médias au CIUSSS de la Capitale-Nationale, a indiqué que l’établissement a « l’obligation d’offrir des services sécuritaires et de qualité à la population ». « Dans ce contexte, si une situation révèle que des manquements pourraient avoir eu lieu, nous avons la responsabilité d’intervenir et tous les mécanismes de contrôle sont mis en place afin de faire la lumière sur cette situation et d’apporter rapidement les correctifs nécessaires. »

Voies de fait grave

Depuis 1997, au Canada, toute personne qui commet des mutilations génitales féminines ou y participe peut être accusée de voies de fait grave et est passible d’une peine de prison de 14 ans.

Les gouvernements québécois et canadien sont très au fait des mutilations génitales faites aux femmes et aux fillettes canadiennes. Dès 1992, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) dénonçait cette pratique.

Sur son site internet, la SOGC publie un texte de Liette Perron et de Vyta Senikas qui explique que comme « l’intervention est souvent pratiquée sans anesthésie par un praticien traditionnel à l’aide de ciseaux, de lames de rasoir ou de verre brisé, les conséquences et les risques immédiats pour la santé peuvent être graves et mettre la vie en danger ».

Meurtre de Frantz Louis

Les tueurs coupables de meurtre au premier degré

Les deux hommes responsables de l’assassinat en plein jour à Montréal de Frantz Louis, un acteur important du crime organisé, ont été reconnus coupables de meurtre au premier degré par un jury mercredi. Emanuell Hunte Roberts et Andrew Thomas Labrèche écopent automatiquement de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Frantz Louis avait été abattu dans son véhicule le matin du 19 novembre 2020, près de l’intersection des rues Fabre et Villeray. De nombreux simples témoins avaient assisté à la scène. Les tueurs avaient laissé de nombreuses traces de leur crime, dont des messages textes particulièrement incriminants. Le matin fatidique, l’assassin a en effet texté à son complice l’intersection « Villeray-Fabre », ainsi que le numéro de plaque d’immatriculation du véhicule de la victime. — Louis-Samuel Perron, La Presse

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