Biomatériaux

Réparer les cartilages jusqu’en Australie

Tous les mois, quelque part en Australie, une centaine de patients qui ont des problèmes de genou se font injecter un gel mis au point par l’entreprise lavalloise Oliga Médic.

« L’Australie, c’est un très gros marché, et nous avons la chance d’avoir négocié il y a deux ans [avant la pandémie] une entente [lucrative] avec un important distributeur implanté là-bas », explique le vice-président, développement de produits, Sam Alexandre Selmani, 31 ans.

Il ajoute : « Ce gel injectable permet de réparer le cartilage. Il s’agit d’une innovation de pointe dans les biomatériaux. »

Le jeune scientifique, qui a un doctorat en physique, dirige une équipe d’une quinzaine d’employés – dont la moitié ont des doctorats dans diverses spécialités –, ne cache pas son enthousiasme face aux défis qui attendent la PME installée dans la Cité de la biotech de Laval.

« Nous avons un énorme potentiel de développement à l’international avec notre produit, soulève-t-il. Nous sommes déjà présents en Amérique latine, au Moyen-Orient et même en Malaisie. »

Il concède que la pandémie a ralenti « sévèrement » la progression de l’entreprise au pays, entre autres au Québec. « On vient tout juste de commercialiser notre produit, dit-il. Les choses progressent assez rapidement. »

« Notre produit répare les tissus et contribue à la régénérescence du cartilage. Il ne s’agit pas d’un simple lubrifiant. Avec les blessures aux genoux dues au vieillissement ou à la pratique de sports, nous offrons une solution de rechange. »

– Sam Alexandre Selmani, vice-président, développement de produits, chez Oliga Médic

De plus grands locaux

Il ne fait pas de doute, selon lui, que la jeune biotech sera appelée, au cours des prochaines années, à répondre à une demande grandissante provenant des clients et de distributeurs, ici comme ailleurs sur la planète.

Et cela suppose qu’Oligo Médic aura besoin de plus d’espace pour poursuivre ses travaux de recherche en laboratoire.

« Nous prévoyons déménager dans des locaux trois fois plus grands que ceux que nous occupons actuellement, confirme M. Selmani. Le déménagement se fera dès janvier 2022. » Il précise que la superficie des locaux sera de 3500 pi2.

On devine bien que la PME cherchera également à développer de nouveaux produits innovants.

« On s’ouvre sur des avenues prometteuses, notamment avec les nanoparticules et la bio-impression. Notre expertise, ce sont les polymères. Le marché de la bio-impression est un créneau relativement nouveau, et nous voulons nous y implanter en offrant des produits qui n’existent pas encore sur le marché. »

– Sam Alexandre Selmani, vice-président, développement de produits, chez Oliga Médic

Fait à souligner, l’un des matériaux faisant partie des composants du gel injectable pour réparer les cartilages endommagés est à base de « carapace de crevettes ».

Un fait demeure : toutes ces avancées scientifiques ne se font pas sans l’apport des chercheurs, en laboratoire, qui travaillent avec ce polymère (les extraits de la carapace de crevettes).

« Nous avons une équipe de chercheurs très expérimentés qui travaillent en collaboration avec les chercheurs plus jeunes. Nous avons une bonne diversité de spécialistes qui proviennent de plusieurs coins du monde. On est en quelque sorte une entreprise multinationale, dans les deux sens du terme ! »

Il s’assure de rappeler que l’entreprise fondée par son père Amine, dans la soixantaine, qui a lui aussi un doctorat en chimie-physique, a « toujours réinvesti les profits pour le bien et l’avancement [des] travaux de recherche et de développement ».

« On développe pour l’avenir », conclut-il.

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