Vivre seul gagne en popularité au Québec

Le Québec est toujours champion au Canada pour le nombre de personnes vivant seules et en union libre, tandis que des modes de vie différents – colocation, maisons multigénérationnelles – gagnent en popularité au pays.

« Un modèle culturel d’indépendance »

En 2001, 15 % des Québécois habitaient seuls, une proportion qui est passée à 19 % en 2021. Le Québec se place ainsi au premier rang au Canada, selon les données du recensement de 2021 rendues publiques mercredi. Par comparaison, seulement 12 % des Ontariens vivent seuls.

Selon Jacques Légaré, professeur émérite de démographie à l’Université de Montréal, cet écart s’explique par des différences culturelles entre le Québec et le reste du pays.

« Le Québec a un mode de vie et des valeurs différentes, explique-t-il. Ici, on a un modèle culturel d’indépendance, c’est-à-dire que les gens ne se sentent pas obligés de vivre avec d’autres. »

Le coût de logement plus faible, des crédits d’impôt et divers facteurs socioculturels, « y compris une plus forte instabilité conjugale », expliquent aussi ces statistiques, indique l’agence fédérale.

Ce qui ne veut pas dire que la solitude ne progresse pas au Canada. En 2021, un record de 4,4 millions de personnes ont indiqué vivre en solo au pays, comparativement à 1,7 million il y a 40 ans, en 1981.

Plus d’habitation solo chez les jeunes

Fait étonnant : le désir d’habiter seul est de plus en plus marqué chez les personnes de 35 à 44 ans. Dans cette tranche d’âge, la proportion a doublé entre 1981 (5 %) et 2021 (10 %).

Mais ce sont les personnes âgées qui représentent la plus grande proportion de gens seuls. En 2021, 42 % de toutes les personnes âgées de 85 ans et plus vivaient seules.

Détail insolite : la proportion de femmes âgées de 85 ans habitant seules a diminué, passant de 60 % en 2001 à 53 % en 2021. Pourquoi ? Parce que les hommes vivent désormais plus longtemps !

Les personnes en couple peuvent aussi décider de vivre séparément, précise Statistique Canada. En 2017, 17 % des personnes de 20 ans et plus habitant en solo avaient déclaré être en couple, selon une enquête de l’agence fédérale. Une option de plus en plus populaire chez les personnes âgées, renchérit M. Légaré.

Toutes proportions gardées, Statistique Canada relève aussi que moins d’aînés vivent seuls de nos jours « comparativement aux générations précédentes ».

Des impacts sur les logements

Évidemment, le fait que de plus en plus de ménages soient constitués d’une seule personne a des impacts sur la demande résidentielle. En 2021, plus de la moitié des personnes vivant seules habitaient dans un appartement, par comparaison à 61 % des ménages de deux personnes ou plus qui, eux, vivaient dans des maisons individuelles.

« En général, les résidants des centres-villes des grands centres urbains étaient considérablement plus susceptibles de vivre seuls, sous l’effet des logements à forte densité qu’on tend à trouver au cœur de ces centres urbains », souligne Statistique Canada. Ainsi, près de la moitié des adultes vivaient seuls dans les centres-villes de Trois-Rivières (48 %) et de Saguenay (45 %). Des niveaux presque semblables ont été observés dans les centres-villes de Drummondville, de Québec et de Sherbrooke.

L’union libre : une particularité québécoise… et nunavoise

Les Québécois sont parmi les champions de l’union libre dans les pays du G7, et pas seulement au Canada. Ce sont 43 % des ménages québécois qui vivaient en union libre en 2021, par comparaison à 17 % pour le reste du pays. Seul le Nunavut, où 52 % des ménages sont en union libre, a une proportion plus élevée.

La proportion de Québécois choisissant l’union libre plutôt que le mariage est d’ailleurs en progression depuis 10 ans. En 2021, 23,3 % des Québécois de 15 ans et plus vivaient en union libre, comparativement à 19,4 % en 2011. Et les mariages ont pour leur part diminué, passant de 35,4 % en 2011 à 32,5 % en 2021.

Au Canada, 77 % des couples sont mariés.

Colocation et maisons multigénérationnelles : de plus en plus populaires

La colocation est le type de ménage qui a augmenté de la façon la plus rapide depuis 20 ans, soit une augmentation de 54 % de 2001 en 2021.

Par ailleurs, le nombre de ménages où une famille partage son foyer avec d’autres membres (par exemple, une maison multigénérationnelle) a aussi augmenté de 45 % au cours des 20 dernières années. En 2021, près de 1 million de ménages étaient composés de cette manière, ce qui correspond à 7 % de l’ensemble des ménages canadiens.

Des données sur la diversité sexuelle et de genre

Pour la première fois en 2021, le recensement a compilé des données sur la diversité sexuelle et de genre dans les ménages canadiens. Au Québec, 27 950 couples avaient le même genre et 4985 couples déclaraient au moins un partenaire transgenre ou non binaire.

— Avec La Presse Canadienne

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