Vers le repêchage de la LPHF

La carte cachée

Au total, 12 joueuses québécoises sont admissibles au prochain repêchage de la Ligue professionnelle de hockey féminin, qui aura lieu le 10 juin. La Presse vous présente trois d’entre elles. Aujourd’hui : Kelly-Ann Nadeau, des Carabins de l’Université de Montréal.

S’il fallait parier sur les chances de Kelly-Ann Nadeau d’être sélectionnée par une équipe de la LPHF dans quelques jours, il serait possible que les cotes ne lui soient pas favorables.

Dans un repêchage de 42 joueuses qui devrait être dominé par des vétéranes européennes et des joueuses issues de la NCAA, la défenseuse des Carabins de l’Université de Montréal, vu son jeu sobre, n’apparaît pas comme une tête d’affiche, à plus forte raison en ayant évolué pour une université canadienne.

Or, s’il fallait parier sur les chances de Kelly-Ann Nadeau de jouer dans la LPHF, la discussion serait différente. Car la native de Mont-Laurier suscite l’enthousiasme chez tous ceux et celles qui ont suivi son parcours des dernières années. C’est ce qui en fait l’une des Québécoises les mieux positionnées pour faire le saut chez les professionnelles.

Une sorte de carte cachée qui, choisie ou pas, entendra vraisemblablement son téléphone sonner rapidement, que ce soit au repêchage ou après, pour une invitation à un camp d’entraînement, par exemple.

« Je ne suis pas une joueuse flashy sur le plan offensif. Je suis plutôt une joueuse défensive, qui va jouer physique, bien se positionner et utiliser son bâton pour empêcher l’adversaire d’exécuter des jeux. »

— Kelly-Ann Nadeau

Bien qu’elle évoque aussi sa capacité à bien sortir la rondelle de sa zone et à « battre et anticiper la pression », elle insiste : « Ma force, c’est la défense. »

Sans la contredire, Philippe Trahan, entraîneur adjoint chez les Carabins, n’est « pas prêt à dire que c’est seulement une défenseuse à caractère défensif ».

« Si ses statistiques peuvent laisser penser ça, c’est parce qu’elle joue contre les meilleures joueuses adverses, nuance-t-il. Pour moi, c’est une défenseuse complète. »

Lui-même ajoute sa liste de qualités : son « excellent lancer » qui lui a donné du temps de glace en avantage numérique, ou encore ses feintes et son « imprévisibilité » en possession du disque en zone offensive qui se sont nettement améliorées au cours de la dernière saison.

En définitive, ses 15 points en 25 matchs l’ont placée au troisième rang chez les défenseuses du RSEQ, doublant essentiellement son rythme de production de 25 points à ses 76 premiers matchs universitaires en carrière. Cette campagne dominante lui a valu une place sur la deuxième équipe d’étoiles au Canada en 2023-2024.

« C’est une personne très humble », ajoute Trahan.

On l’aura en effet deviné.

« Prudente »

Interrogée sur ses succès offensifs de la dernière année, Kelly-Ann Nadeau préfère saluer le « travail d’équipe » et les « affinités » qu’elle a développées avec ses coéquipières au fil des années.

La saison perdue en raison de la pandémie en 2020-2021 ayant donné aux étudiants-athlètes la possibilité de disputer une campagne supplémentaire, elle se dit « vraiment contente » d’avoir choisi de porter l’uniforme bleu une année de plus.

« C’est vraiment là que je suis sortie de ma coquille. J’ai adoré ma carrière avec les Carabins. Je n’aurais pas pu choisir une meilleure équipe ou un meilleur endroit pour mon encadrement. »

— Kelly-Ann Nadeau

Son souci défensif, elle l’attribue notamment aux enseignements « stratégiques » de l’entraîneuse-chef Isabelle Leclaire, mais aussi à Éric Bouchard, son copain, entraîneur adjoint chez les Cataractes de Shawinigan, dans la LHJMQ, avec qui Nadeau travaille sur le plan individuel depuis des années.

Elle est consciente qu’au sein d’une cuvée très relevée, elle doit rester « prudente » quant à ses chances d’être repêchée la semaine prochaine. Son nom, toutefois, circule manifestement. Son entraîneuse s’assure que le « bouche-à-oreille » suive son cours. Et une autre entraîneuse-chef du circuit universitaire – Julie Chu, de Concordia – l’a spontanément complimentée, la semaine dernière, pendant une discussion au sujet d’une autre joueuse.

Sans se confondre en spéculations, on notera que deux directeurs généraux de la LPHF, Danièle Sauvageau à Montréal et Pascal Daoust à New York, sont des anciens des Carabins. Et Ottawa a pigé chez les Bleues en sélectionnant Audrey-Anne Veillette il y a un an. On pourrait aussi présumer que Toronto est en bonne posture pour avoir des antennes dans le hockey universitaire canadien.

Qu’à cela ne tienne, elle « reste quand même prudente », affirme Kelly-Ann Nadeau. Elle évoque un classement établi par le Hockey News, qui la place au 69e rang parmi les joueuses disponibles, donc hors du top 42. Elle regardera la séance de repêchage chez elle, avec sa famille, celle qui l’a toujours appuyée. « Je préfère ça », dit-elle.

Elle a eu des discussions avec des clubs européens, notamment en Suède et en Suisse. La LPHF demeure toutefois son « plan A », celui pour lequel elle se concentrera au cours de l’été. Elle travaillera à améliorer sa vitesse, notamment en contrôle du disque.

Si sa progression passée est garante de celle qui l’attend encore, le plan A est certainement à sa portée. Surtout vu la force de caractère qu’on lui attribue, personne ne pariera contre Kelly-Ann Nadeau.

Qui est Kelly-Ann Nadeau ?

Défenseuse

26 ans

Née le 30 mars 1998 à Mont-Laurier

40 points en 101 matchs avec les Carabins de l’Université de Montréal

Membre de la deuxième équipe d’étoiles USports en 2023-2024

Vers le repêchage de la LPHF

Les autres Québécoises en lice

Survol des dernières Québécoises disponibles au repêchage de la LPHF. À moins d’une surprise, il est probable qu’elles doivent toutes attendre la période des joueuses autonomes pour se trouver du boulot. Toutes, néanmoins, devaient s’inscrire au repêchage pour être admissibles à jouer en 2024-2025.

Rosalie Bégin-Cyr

26 ans

Attaquante

Université Concordia

Une des meilleures attaquantes à avoir joué pour les Stingers de l’Université Concordia au cours des dernières années, selon l’entraîneuse-chef Julie Chu. Or, une blessure subie au cours de la dernière saison a affecté sa production offensive. On peut toutefois présumer qu’elle recevra une invitation à un camp d’entraînement.

Jessika Boulanger

26 ans

Attaquante

Université de Montréal

Vantée pour son leadership et décrite comme une attaquante très intense, la capitaine des Carabins de l’Université de Montréal a connu une récolte offensive modeste à son ultime saison universitaire, ce qui pourrait nuire à sa candidature en vue d’un poste dans la LPHF dès la saison prochaine.

Sarah-Ève Coutu-Godbout

26 ans

Attaquante

Frölunda HC (Suède)

L’Abitibienne, une ancienne de la NCAA, a déjà quatre saisons professionnelles derrière la cravate. Après avoir disputé quelques matchs pour le Toronto Six, de la PHF, elle a fait ses valises pour la Suède. Elle a passé les deux dernières saisons à Frölunda, où elle a amassé 12 points en 26 matchs en 2023-2024.

Christine Daudelin

26 ans

Défenseuse

ZSC Lions Frauen (Suisse)

Elle a joué pour la Force de Montréal en 2022-2023 et a sommairement tenté sa chance en Suisse la saison dernière, récoltant six points en neuf matchs à Zurich.

Tricia Deguire

26 ans

Gardienne

Force de Montréal (PHF, 2022-2023)

Dominante pendant cinq saisons devant le filet de l’Université McGill, elle a ensuite disputé une première saison professionnelle avec la défunte Force de Montréal. Elle était admissible au repêchage de la LPHF l’an dernier, mais il était connu qu’elle était blessée à ce moment. Aujourd’hui de retour en forme, elle s’est réinscrite au repêchage. À travers la ligue, les postes disponibles devant le filet sont toutefois rares, voire inexistants.

Aurélie Dubuc

25 ans

Gardienne

Université d’Ottawa

Cette Mauricienne a connu du succès avec les Gee-Gees de l’Université d’Ottawa jusqu’en 2022-2023, et s’est démarquée lors d’un bref retour ce printemps, en séries éliminatoires, pour remplacer la partante, blessée. Dans une performance dramatique de 58 arrêts, elle a infligé aux Stingers de Concordia leur unique défaite de la dernière saison. Elle a peu joué en 2023-2024.

Maude Lévesque-Ryan

29 ans

Gardienne

KMH Budapest (2020-2021)

Native de Rimouski, cette gardienne n’a pas joué au cours des trois dernières saisons. Après une belle carrière à l’Université d’Ottawa, elle est partie jouer dans la European Women’s Hockey League (EWHL), circuit ayant des antennes en Hongrie, en Autriche, en Pologne et au Kazakhstan, entre autres.

Ariane Minville

24 ans

Défenseuse

Université d’Ottawa

Elle a disputé trois saisons avec les Gee-Gees de l’Université d’Ottawa, mais a été limitée à 13 matchs la saison dernière. Elle a amassé un total de 12 points en 49 matchs universitaires.

Marie-Camille Théorêt

25 ans

Défenseuse

Université Bishop’s

Meilleure pointeuse chez les défenseuses universitaires du Québec en 2023-2024, elle est reconnue pour sa mobilité et son goût marqué pour se joindre à la contre-attaque. Une autre qui, à défaut d’être repêchée, pourrait tenter sa chance comme joueuse invitée ou encore aller amorcer sa carrière professionnelle en Europe.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.