Importante hausse du nombre de morts liées aux surdoses

Crack, cocaïne, amphétamines, GHB : les drogues de rue à Montréal font des victimes. Le Bureau du coroner du Québec a signalé 23 morts « possiblement ou probablement » liées à des surdoses en juillet seulement, nombre le plus élevé en un mois depuis 2014. Ce bond important préoccupe Manon Rivard*, mère d’un homme toxicomane.

« J’y pense continuellement », confie Mme Rivard, qui a requis l’anonymat pour éviter que son fils soit reconnu. Âgé de 32 ans, il s’est retrouvé à la rue après un diagnostic de bipolarité il y a 12 ans. Sa consommation abusive d’amphétamines et de cocaïne a exacerbé ses problèmes de santé mentale.

La population à risque de mourir d’une surdose est stigmatisée et peu de gens se préoccupent d’un toxicomane mort dans une ruelle, déplore-t-elle. Il s’agit d’un problème de santé publique qui passe un peu sous le radar. « Ils font partie des statistiques. That’s it. Mais derrière chaque toxicomane, il y a un passé et il y a une famille. »

Au fil des années, elle s’est assurée que son fils sache qu’il peut la joindre sans peur d’être jugé. Elle lui parle ouvertement de ses pratiques de consommation pour éviter le pire.

« Quand j’ai des contacts avec lui, je lui dis de ne pas consommer seul, de ne pas changer de dealer… Ce ne sont pas les conseils qu’un parent rêve de donner à son enfant, mais il faut garder le contact. »

— Manon Rivard*, mère d’un homme toxicomane

Elle craint les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale et l’abus de substances de son fils. « Quand tu as un problème de consommation, tu es à risque en ce moment de consommer davantage. »

Hausse importante

Près de la moitié de ces morts liées aux surdoses sont survenues entre le 20 et le 28 juillet, selon la Santé publique de Montréal. « Il s’agit du nombre le plus élevé de décès en un mois depuis la vigie des surdoses instaurée en 2014 », précise un communiqué publié par la Santé publique de Montréal vendredi après-midi.

Les hommes âgés de 20 à 59 ans sont particulièrement touchés. La plupart sont morts chez eux dans des quartiers et des villes périphériques de la région. Il y a eu six morts entre le 3 et le 11 août 2020, dont la moitié chez des personnes de 30 ans et moins

Les drogues consommées sont souvent mélangées. Il s’agit dans la majorité des cas de stimulants (crack, cocaïne, amphétamines). Les risques de succomber à une surdose de stimulants sont multipliés quand il fait très chaud. Parmi les morts rapportées, cinq seraient associées à des opioïdes, dont une seule liée au fentanyl (poudre mauve).

Le nombre de signalements de surdoses nécessitant l’utilisation de naloxone – médicament utilisé pour renverser les effets d’un surdosage d’opioïdes – a augmenté, précise la Santé publique dans un communiqué interne. Les services préhospitaliers d’urgence rapportent 23 évènements concentrés dans les quartiers centraux de Montréal. La majorité des cas étaient liés à la consommation d’héroïne ou de fentanyl.

Quinze interventions d’urgence ont permis de renverser les effets de surdoses dans les services d’injection supervisée (SIS) depuis l’alerte émise le 12 juin concernant la présence accrue de fentanyl sur le marché montréalais. « Il s’agit du nombre le plus élevé d’interventions au cours d’un mois depuis leur ouverture [celle des SIS] en 2017 », précise le communiqué interne.

Prudence et dialogue

La Direction régionale de santé publique de Montréal prône la prudence chez les utilisateurs et leur entourage.

On suggère à ceux qui consomment des drogues de fréquenter les services de consommation supervisée et d’éviter de consommer seul.

Lorsque plusieurs personnes consomment, on leur conseille d’éviter de consommer toutes en même temps.

On recommande de diminuer la dose de drogue pour tester ses effets et de composer le 911 en cas de surdose.

Il est suggéré d’avoir de la naloxone à portée de main et de savoir l’utiliser lorsqu’une personne présente des signes de surdose. Le produit est offert sans ordonnance, gratuitement, dans toutes les pharmacies.

* Nom fictif

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