VISITES GUIDÉES

La balade des fantômes

C’EST QUOI ?

Une promenade à la nuit tombée dans le Vieux-Montréal pour en découvrir le passé obscur, les histoires glauques de meurtres non résolus ou faussement résolus, dont les auteurs ou les victimes rôderaient encore dans les parages avec assez de vigueur pour effrayer ici et là les résidants et les travailleurs du coin.

Le départ est donné place Royale à la tombée de la nuit. Un certain « Monsieur E » nous accueille en queue de pie, canne à pommeau et bagues argentées aux doigts : le costume d’un homme mystérieux, d’un conteur de cabaret. « Tout ce qui vous sera raconté ce soir sera vrai, avec un supplément "d’épices" », dit-il au petit groupe de touristes montréalais et français. Tant mieux. C’est justement cela qu’on est venus chercher : les ruelles et les édifices devant lesquels on est passés des dizaines de fois sans même vraiment les remarquer revêtent un visage tellement plus intéressant lorsqu’on découvre les histoires abracadabrantes qui s’y sont produites à l’époque de la colonie.

En 90 minutes, le comédien aura le temps de nous raconter une douzaine de ces légendes : celle du spectre d’une fillette brûlée vive à l’auberge Saint-Gabriel qui hanterait les lieux et apparaîtrait sur les photos qui y sont prises, ou encore celle du restaurant Les Trois Brasseurs, où des clients auraient entendu à plusieurs reprises des bruits de pas assez forts pour qu’ils demandent si une discothèque occupe l’étage supérieur, alors que les locaux sont parfaitement vides. Seraient-ce alors les fantômes des victimes qui ont tenté, en vain, de fuir les flammes mortelles d’un incendie qu’ils ont entendus ?

« On me demande souvent si je crois au paranormal : je crois que les témoignages que nous recueillons proviennent de gens qui croient sincèrement ce qu’ils racontent », notera plus tard en entrevue la présidente de l’agence Guidatour, Louise Hébert.

Reste qu’au passage, on en apprend aussi beaucoup sur les conditions (exécrables) dans lesquelles s’exerçait la justice à l’époque de la colonie française, puis britannique. Et ces faits, bien réels, donnent parfois encore plus froid dans le dos que les phénomènes inexpliqués exposés.

ON A APPRIS

Que la rue Saint-Paul avait déjà, à l’époque de la Nouvelle-France, la réputation d’être hantée, ce qui n’était certainement pas étranger au fait qu’on y exposait, dans des cages, les criminels.

ON A AIMÉ

Se promener la nuit dans le Vieux-Montréal, qui se révèle si joli, peut-être plus encore qu’en plein jour, avec son aura de mystère et ses édifices de pierre judicieusement éclairés contrastant avec les ruelles sombres : on a parfois l’impression de se promener dans un décor de cinéma. Et on a aimé sortir des sentiers battus par les autres visites guidées plus classiques qui s’en tiennent strictement à l’histoire du secteur.

ON A MOINS AIMÉ

Aussi bon comédien soit-il, le guide livre un discours un peu trop chargé, avec des histoires souvent bien alambiquées : il est parfois dur de suivre, surtout tard le soir, quand la fatigue s’en mêle. Moins, c’est mieux parfois pour plus d’effet.

On regrette aussi de ne pas pouvoir pénétrer dans les lieux où se dérouleraient les phénomènes paranormaux rapportés. Les explications sont données à l’extérieur, ce qui en limite un peu le potentiel d’épouvante.

ON CONSEILLERA LA VISITE À…

Pour les enfants âgés d’au moins 12 ans : ce n’est pas tellement que les histoires sont effrayantes, mais souvent un peu complexes. Pour les Montréalais qui veulent découvrir leur ville autrement, ou les touristes qui ne sont pas particulièrement férus d’histoire « classique ».

INFO

Départs tous les jours à 20 h 30, sauf les lundis et samedis.

Tarifs : adultes : 22 $, étudiants : 18,50 $, jeunes (12-17 ans) : 14,50 $.

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